Une commune, et plus principalement, en Finistère, c'est une mairie, un bar, une école et un club de football. Ces quatre piliers qui fait le bon vivre d'une commune, sont les murs porteurs d'une relation autre que le carcan du "boulot/études - dodo". La mairie amène l'institution, le bar, la convivialité, l'école, son avenir et le club de football, la vie en communauté et les émotions partagées. Pouldergat n'échappe pas à cette règle non écrite, mais tellement ancrée dans les mentalités de chez nous. A cinq kilomètres de Douarnenez, Pouldergat vit au rythme des mouvements pendulaires de sa population de 1.250 habitants, la semaine et le dimanche, le lieu de rassemblement est le stade Eugène Deudé, du nom de l'instituteur communal qui fit tant pour les ouailles de sa commune, à l'école et au club de Pouldergat, dans les années 1950. Pour son centenaire ( et oui déjà), Pouldergat s'enorgueillit d'une chose, presque un combat, une continuité complète du club sur les 100 ans. Même quand le club tirait la langue, juste avant le Covid, en D4, la solidarité a joué pour ne pas mourir, passé l'orage pour reverdir aujourd'hui avec une équipe en D2 et une B en D3. Afin d'illustrer le centenaire, Pouldergat a innové avec une exposition photos, dissimulée dans le jardin de la mairie, et distillé autour d'un parcours de quelques kilomètres dans le bourg, avec le point de clotûre, au stade évidemment.
Légende: Tristan Le Bars et Ronan Kervarec, un attachement indéfaillible à Pouldergat, à la commune et son club de football, l'un ne va pas sans l'autre, à vrai dire.
" Chaque maison de Pouldergat porte le lien avec le club. Ca apporte à l'un et à l'autre. C'est un ancrage immédiat à Pouldergat. Quasiment toutes les maisons du bourg, il y'a un joueur qui a revêtu le maillot blanc et rouge de Pouldergat Sports. On a voulu par cette exposition photo retracer toute l'histoire du club, du départ en 1923 à aujourd'hui, en mélangeant les générations. Cette exposition photo, c'est le lien entre le club de football et la commune, avec des gens de tous milieux, horizons, qui amène un parcours enrichissant au club. C'est assez impressionnant la richesse, par exemple, des gens comme Hussein Youssef, un Soudanais, qui s'est intégré par le football ou Louise Pérard, une Nordiste, qui a 22 ans, est maintenant dans le bureau du club. Le foot amène la dynamique. Les jeunes y sont attachés, achètent des maisons dans la commune. C'est une dynamique de copains, on s'y sent bien, on s'y sent nous", s'exprime Ronan Kervarec, dirigeant historique du club.
De la Soule, ancêtre historique du football, retrouvé dans les archives départementales, à Jean-Pierre Manuel, premier "apôtre" du football à Pouldergat dans les années 1920, cette exposition retrace 100 ans de passion. Co-président du club, avec André Savina, Tristan Le Bars, 25 ans, a un parcours singulier et une passion inénarrable jusqu'à se faire tatouer l'emblème du club, la salamandre.
" J'ai commencé le football, au GJ Bigouden, avant d'arrêter et de reprendre le football, à l'adolescence avec l'équipe de football loisir. Avec des gens qui avaient 30/40/50 ans, ça m'a énormément apporté dans la vie, de jouer avec des gens comme Stéphane Zéo. Nous avons un héritage à préserver. On a eu du mal au départ de cette année, mais on ne pouvait pas descendre l'année de nos 100 ans, la montée de la B en D3, c'est symbolique aussi, car on a failli y passer, en 2017, avec une équipe première en D4. On ne pouvait pas laisser le club mourir".
L'attachement est énorme au club, au football, seule activité notoire de la comune avec le fameux bagad. Ouvert également sur l'extérieur, entretenant d'excellentes relations avec la Stella Maris Douarnenez, qui le lui rend bien, avec des Mickaël Le Bescond, Florian Le Gouil, Tanguy Bariou ( promu entraîneur de la B en D1) qui ont tous un lien direct avec la commune de Pouldergat. Ces joueurs cités porteront d'ailleurs pour un match les couleurs de la commune de Pouldergat face aux joueurs de Pouldergat, en lever de rideau d'Amicale Ergué-Gabéric (R2) - Stella Maris Douarnenez (R2), le 15 août. Le plus illustre footballeur pouldergatois est inconstablement Romain Danzé ( Stade Rennais FC), qui rectifie volontiers être de Pouldergat, quand on le rattache à Douarnenez, sa ville de naissance.
Ce samedi, 478 convives au repas, autant de petits groupes constitués qui ont fêté toute la journée, le centenaire au stade Eugène Deudé, la singularité de ce club, aux 9 terrains, 16 ... bars, dans la boucle des années 50 pour se fixer en 1964 au stade municipal rebaptisé Eugène Deudé.
De Bel Air, le berceau de Pouldergat, des lavandières, Henriette Kerdreux et Maryvonne Le Floch qui nettoyaient tous les maillots des joueurs, pour qu'ils les aient propres, le jour du prochain match. De Corentin Griffon, maire et premier président du club, en 1923, Eugène Deudé, l'instituteur de 1950 à 1962, à André Piton, André Savina, Ronan Kervarec ( c'est bien simple, la lignée des Kervarec, à Pouldergat s'étale jusqu'en 1682), des Mickaël Le Guellec, le capitaine de la B, à ces fous furieux partis à Anfield Road voir le quart de finale en mars 1977 de Liverpool face à Saint-Etienne, la mule de Bathenay, et le but assassin du rouquin, Fairclough, en fin de match ou de Fred Le Gall, Gas d'Ys Tréboul pur jus, mais qui a trouvé à Pouldergat, son havre sportif, d'un Killian Le Coz ( à connaître, malheureux en cette saison, gravement blessé, responsable de l'école de football), les deux éducateurs qui sont de corvée de maillots tous les dimanches. A t'on vu un autre entraîneur en ligue ou district, rester dans les vestiaires après-match, pour faire les machines maillots et shorts?
Pas à ma connaissance, Pouldergat, c'est tout ça et bien plus encore. Après avoir effectué la visite des 15 panneaux, magnifiquement photographiés et très bien écrit par des non-initiés de football, l'heure approchant du départ avait sonné, mais en plein cagnard matinal, jeudi dernier, la "sèche" arrivait.
Décidément, l'hospitalité n'était pas un vain mot à Pouldergat, une proposition d'aller au bar de la commune, chez Billon, Jean-Louis de son prénom, pour apprécier simplement ce moment. C'était bien, c'était chouette, à regret, il fallait partir, mais Pouldergat mérite vraiment le détour, avec toutes ces petites histoires emmêlées les unes aux autres, qui font le sel d'une commune, avec ses moments uniques et non duplicables.
Christophe Marchand