Quand on sait que Dino Zoff a soulevé la coupe du monde pour l'Italie, en 1982 à 41 ans, l'amplitude temporelle d'Antoine Dagorn, 24 ans, est forcément grande dans les buts du Plougastel FC. " Mon entraîneur m'a toujours dit que l'âge d'or pour un gardien, c'est 30 ans", reconnait-il. Ce dimanche, pour un historique passage au 7ème tour de la coupe de France, au stade de Kerbrat, il a fait dans la sobriété et l'efficacité pour garder une troisième fois de suite, sa cage inviolée, après Perros Louannec (R3, 0-1, 4ème tour) et Rostrenen ( R3, 0-1, 5ème tour). Le troisième adversaire costarmoricain du Plougastel FC, Loudéac s'est révélé, ce dimanche, le plus coriace, avec une équipe visiteuse qui a posé des problèmes à cette formation nordiste. Mais la formation de Jean-Noël Nonotte est restée sur son plan de jeu, d'être solide et attendre finalement son moment pour porter l'estocade finale. Le matador s'appelait Matéo Le Saec, revenu comme un Père Noël local, pour son démarrage de saison, le coffre-fort se nommait Antoine Dagorn, qui n'a pas eu beaucoup d'interventions à faire, une décisive face à Antoine Le Bigault, en se couchant parfaitement premier poteau en première mi-temps, et d'autres plus rassurantes et efficaces en déblayant les derniers corners (1-0). Formé au club, avec un père, Bruno, ancien co-président du club, une mère, Béatrice, co-présidente, et une soeur, Marie, ancienne joueuse au club et bénévole aux entrées pour ce match face à Loudéac, la famille Dagorn présente un même moule commun, avec une deuxième maison familliale délocalisée au stade de Kerbrat.
Légende: Antoine Dagorn a gardé sa cage invulnérable, encore une fois, pour le Plougastel FC, ce dimanche après-midi, face à Loudéac.
Cinq ans auparavant, à Pierre Salaun, à Scaër, après un but exceptionnel de Sullivan Le Noc, à la Messi, partant de son camp, dribblant 6 joueurs, pour la croiser parfaitement, Antoine Dagorn faisait un de ses premiers matchs avec la A, avec de nombreuses parades décisives, notamment un double arrêt spectaculaire en prolongation face à Jérémy Hill ( qui bougonnait, à chaque intervention de ce jeune gardien), sa performance sur ce quart de finale de la coupe du Finistère, avait été énorme. Mais à la Gautier Larsonneur dans ses premiers matchs au Stade Brestois 29, ce qui m'avait frappé, ce jour-là, c'est que c'est lui du haut de ses 19 ans, qui avait impulsé le cri de joie dans les vestiaires, après la qualification des siens sur un triplé de Julien Coeff (2-3, ap).
Cinq ans après, cette promesse locale est devenue une confirmation. Au même titre que les frères, Hertu, Lionel et Florian ( malheureusement blessé), déjà là, en 2018, aux prémices de cette ascension sportive, et c'est vrai qu'en y réfléchissant, la comparaison avec Gautier Larsonneur n'est pas feinte pour Antoine Dagorn, qui possède les mêmes atouts que le portier du Conquet. " Ma force, c'est l'explosivité sur ma ligne, et le jeu au pied. Mes années d'attaquant de U11 à U14 m'ont fait beaucoup de bien et acquis une technique pour être bon dans ce rôle. Je ne suis pas un grand gardien, mais je compense ma taille en ayant développé d'autres qualités comme mon explosivité qui me permet de me propulser vite au sol".
Gardien atypique pour un niveau R1, avec une taille d'1,71m ( " J'ai vu avec notre ascension sportive, que les gardiens devenaient de plus en plus grand au fur et à mesure des divisions franchies"), il n'en est pas moins extrêmement rassurant pour son équipe, avec une sérénité qu'il dégage naturellement et une sûreté immédiate dans ses prises de balle. Face à Loudéac, il n'a relâché aucun ballon, même la frappe d'Antoine Le Bigault, dans le face à face, il a capté vite au sol sans la relâcher malgré un tir appuyé. Et sur corner, il a capté à la main les deux derniers, dans les arrêts de jeu, donnant à son équipe la sensation qu'il ne pouvait rien leur arriver, ce dimanche.
Plougastel FC, il l'a dans la peau, monté sur ressort sur ses appuis, il a été de suite attiré par le but. " Je ne peux pas trop l'expliquer, dès mes 6 ans, et ma première licence, j'ai été dans les buts. J'ai joué ensuite attaquant, trois ans, et j'ai été aussi à l'AS Brestoise en jeunes en U16/U17, avant de revenir à Plougastel, en senior. Ce club? Forcément, un grand attachement, on a su rester ce club chaleureux et accueillant, malgré le fait que nous évoluons aujourd'hui en R1. On n'oublie pas d'où on vient, encore cinq ans avant, on jouait en R3 et la B en D2 de district. C'est ma septième année. On a toujours notre colonne démarrée en R3 avec Matéo Le Saec, Mael Boulch, Florian et Lionel Hertu. Des jeunes comme Ewan Karampran, Gauthier Thomas sont extrêmement prometteurs. On a eu beaucoup de recrues, cette année ( Styven Marchadour, Mamoudou Kouyaté, Tiago Dos Santos, Jules Lannuzel....) qui se sont vite acclimatés au club. Benoît Matte, évidemment, qui nous a de suite apporté quelque chose au milieu".
Qualifié pour la première fois, au 7ème tour de la coupe de France, Plougastel FC espère revivre ce moment incroyable de la demi-finale de la coupe de Bretagne 2021/2022, avec cette génération " Tanguy Chalm" qui avait été une fête énorme à Kerbrat, un samedi soir, face à ... 1.500 spectateurs face à l'US Montagnarde (2-2, défaite aux TAB), mais pour ça, il faudra que la chance soit au tirage à Paris, en accordant à Plougastel, un gros ou un derby, de préférence face à Plabennec, seul cas de figure où Plougastel pourra accueillir un club finistérien, à Kerbrat.