C'est ce qu'on appelle un rendez-vous manqué : Kalig Jegou et Primel Le Goff, les deux meilleurs amis du monde, avaient juré de se retrouver sur les Foulées de Plomeur dimanche dernier. Pierre L'haridon, victime de son empressement légendaire avait déjà titré dans le Télégramme "Vers une bagarre Le Goff/Jégou"... Bref, on allait voir ce qu'on allait voir ! Patatras ! Voilà que Kaelig, rattrapé par son bon niveau de duathlon, a été convoqué en dernière minute par son club à Noyon pour une autre bagarre - en D1 celle-là - et c'est donc la mort dans l'âme qu'il a renoncé à s'aligner. Non sans avoir délivré le message suivant : "Vous savez ce que représentent les Foulées de Plomeur pour moi, une belle course avec une super orga à la maison. Je vous souhaite à tous beaucoup de plaisir et à mon meilleur pote de gagner." Eh ! bien ! Primel a gagné ! Et c'est avec beaucoup de plaisir qu'il est revenu sur son parcours et son amitié indéfectible pour Kaelig sous les yeux énamourés de Marion, sa compagne, victorieuse elle aussi des mêmes Foulées et de l'espiègle petite Liz, 4 ans.
Légende: Primel Le Goff, comme son père, Didier, souverrain en terre bigoudène, vainqueur, ce week-end, à Plomeur, à l'image du paternel, qui avait collectionné les victoires sur les foulées loctudystes. Crédit photos: DR
Kaelig Jegou et Primel Le Goff... La rencontre entre les deux inséparables remonterait sur le terrain à un sprint mémorable à Landudec au grand Prix des 3 Ormes. "En quelle année, je ne sais plus exactement, se remémore Primel. Quelques mètres avant la ligne, j'ai vu un petit blond avec de grosses cuisses me passer devant. Mais ce n'est que bien plus tard, lorsque Kaelig qui courait alors sous les couleurs de Plomeur m'a retrouvé la photo qui en témoigne, que j'ai réalisé que c'était lui qui ce jour-là m'avait réglé au sprint." Les deux ados se retrouveront peu après sous les couleurs du Quimper Athlétisme cette fois.. Avec les Armand Vic (aujourd'hui au Stade Brestois), Léo Aurière (qui entraîne actuellement Primel depuis son club de l'EAPB), ou encore les Frères Nédélec (un peu plus jeunes, ceux-là) une sacrée génération de potes dispersée par les aléas professionnels mais restée soudée à jamais.
Le Goff... Le patronyme est plutôt courant mais dans le milieu de la course à pied, il renvoie forcément à Didier et aux années 90/2000 du temps où le père de Primel faisait partie des tout meilleurs crossmen bretons. Un sacré crossman oui, auquel il n'aura manqué si je ne me trompe que le titre départemental senior (Didier, si tu me lis, peux-tu confirmer ?).
La figure paternelle, Primel s'en accommode, aujourd'hui plus facilement qu'hier. La preuve, c'est qu'il arbore un maillot vintage du QA qu'il a dû emprunter à l'inusable Didier. "Mais quand j'étais gamin, j'en ai tellement bouffé en suivant un peu partout mon père sur le terrain que j'ai commencé par tout faire... sauf de la course à pied. Du judo, du hand, de la natation... Je n'ai vraiment débuté l'athlé qu'en cadet."
Que vaut précisément Primel et pourquoi le voit-on si peu sur les courses hors stade ?
La question méritait d'être posée. "Je cherche avant tout des courses où il y a de la densité. Je viens par exemple de boucler le semi de Liffré en 1 h 14. Pas mal mais J'étais parti sur des bases de 1 h 12. Très loin évidemment de Kaelig qui vaut actuellement 1 h 07 sur semi. Mes temps de référence ? 4'11 sur 1500 mètres et 9'14 sur 3000 mètres ; je vise moins de 9' cette saison mais ce que je recherche avant tout, c'est le plaisir de courir."
A 25 ans, sa marge de progression semble encore importante. D'autant qu'avec Marion (Loch), ex licenciée du QA qui brilla dans les catégories Jeune et devrait continuer de briller pour peu que son activité professionnelle lui en laisse le temps, une forme d'équilibre s'est installée.
"Oui, c'est cela, confirme Marion. Aujourd'hui, j'ai repris une actvité de fleuriste à Ergué-Gabéric et Primel travaille avec moi. Le dimanche, c'est le seul jour de congé. Pas évident puisqu'il faut aussi composer avec Liz notre petite fille mais on a trouvé un rythme..." Un sacré rythme si l'on en juge par la facilité avec laquelle le jeune couple a maté l'adversité.
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec