Dylan Rannou ( Pays Landerneau Athlé): la passion du coaching
DYLAN RANNOU COACHING, c'est le nom de la petite entreprise que vient de monter le coureur licencié au Pays de Landerneau Athlé. Outre son diplôme d'entraîneur FFA demi-fond et son Certificat de qualification professionnelle technicien sportif d'athlétisme demi-fond, marche, running, trail (ouf!), l'athlète originaire d'Edern possède un joli CV : 1 h 07'17 sur semi (perf réalisée sur Locronan-Quimper avec à la clé un titre de champion de Bretagne), 30'18 sur 10 bornes, 14'28 sur 5000 m ou encore 8'27 sur 3000 m... Loin de me laisser impressionner, je lui ai préparé une petite interro surprise sur sa perception du boulot de coach, histoire de voir si elle collait avec l'idée que je m'en faisais. Le cadre de la rencontre ? Le terrain de foot de Briec (dans un passé lointain le garçon a couru sous les couleurs des Galouperien) où était jugée l'arrivée du 13 bornes du pays Glazik. Pour la petite histoire, c'est Dylan qui a gagné...
Légende: Les conseils d'un coach, l'Edernois, Dylan Rannou, qui impose une référence sur les dix kilomètres et bien plus. Crédit photos: DR
A quoi bon un coach ? Nombre de coureurs (c'est surtout vrai pour les traileurs) détestent les plans d'entraînement trop rigides, trop cadrés, trop formatés. Ils préfèrent courir au feeling, comme on dit... Mais peut-on progresser en courant au feeling ? C'est la première colle sur laquelle a dû plancher Dylan. Il ne s'est pas dérobé.
"Bien sûr que oui, on peut progresser au feeling. Ce que je propose, c'est un coaching personnalisé. Je m'adapte au profil du coureur. S'il est allergique au chrono, on peut par exemple travailler sur la mesure de perception de l'effort." Le fameux RPE dont je n'avais jamais entendu parler. Si j'ai bien compris - un peu comme à l'hosto - sur une échelle de 1 à 10, vous dites à quel point vous souffrez. Parce que la course à pied, on peut dire ce qu'on veut, mais c'est de la souffrance, non ? Faut être un peu maso. Comment on fait pour atteindre le plaisir ? Dylan qui venait d'avaler 13 kilomètres sans avoir l'air d'en avoir couru un seul avait réponse à ma perfide question. "Il faut surtout savoir gérer son effort. La plupart des coureurs ont tendance à s'entraîner trop vite. Il faut accepter d'être lent. Sinon, s'entraîner en groupe, c'est aussi beaucoup plus amusant."
Soit ! Mais je n'allais pas lâcher l'affaire comme ça. Cette fois, je me suis mis dans la peau du coureur (moi-même donc) qui n'a que deux séances hebdomadaires de 30 minutes à consacrer à la course à pied. Les espoirs de progresser dans ces conditions ? Dylan a joué franc jeu. "Quasi nulles. Il faudrait au moins 3 séances. Je proposerais sur deux séances de miser sur l'alternance intensif/endurant avec, pour l'intensité, de courtes séances de montées d'escalier par exemple. Mais ce serait compliqué..." Peut-être alors pourrais-je miser (voilà que je me mets en scène !) pour descendre mes records sur une paire de chaussures carbone dernier cri ?
La provocation n'a pas désarçonné l'entraîneur des demi-fondeurs du Pays Landerneau Athlé. "En matière de chaussures, je suis adepte du minimalisme : courir avec des chaussures à orteils séparés ou pieds nus sur tapis... Rien que le fait de réaliser ses éducatifs pieds nus (sur piste ou sur herbe) est une très bonne habitude. Tout ce travail sur le pied, il faudrait le mettre en oeuvre dès le plus jeune âge. Cela éviterait aussi bien des blessures. Quant aux chaussures carbone, vu le peu de recul qu'on a, il faut vraiment les réserver à la compétition."
Il me faudrait donc renoncer à de confortables chaussures de running, moi qui le chéris tant, mon confort. Parce que la course à pied, c'est traumatisant, non ? "Musculairement oui, parce que ce n'est pas un sport porté. La réponse est dans la posture du coureur d'où l'importance d'un travail éducatif. Combien de coureurs finissent pliés en deux ou mal ,positionnés. La réponse est encore dans le travail de renforcement musculaire, très utile pour prévenir les risques de blessure. On a besoin de force en course à pied, d'une ceinture abdominale solide." Qui aurait cru qu'un coach qui corrigerait ma position, exercerait ma ceinture abdominale et me ferait passer de deux à trois séances hebdomadaires en m'interdisant de jolies chaussures carbone achèverait de me convaincre ? Dylan Rannou a réussi cet improbable pari.
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec