THOMAS LE LONS, L'Ultra-Traileur qui fait des extras
Vivre de sa passion, ce n'est pas donné à tout le monde ! Le traileur plomelinois Thomas Le Lons n'en est pas encore là mais il y a de cela deux ans, une opportunité lui a ouvert de nouveaux horizons : son entraîneur Christophe Malardé le met en relation avec l'ultra traileur Sébastien Chaigneau pour filmer tout en y participant un trail renommé dans la région, l'Ultra Marin. Camrunner : c'est le terme exact (bien que pas très joli) utilisé pour désigner le job (le métier donc) en question. Grand amoureux de l'image, Thomas Le Lons accepte la proposition et relève le défi. Et il faut croire que le résultat est convaincant puisque le groupe Outdoor Sport Live qui couvre dans le monde entier les trails les plus prestigieux l'embauche dans la foulée. "A l'origine, je ne savais même pas que c'était payé." Pour le traileur sud-finistérien, c'est le début d'une nouvelle aventure...
Légende: Le Plomelinois, Thomas Le Lons, a trouvé un métier inattendu, celui de Camrunner, une plongée au coeur de la course à très haute intensité. Crédit photos: DR
Courir après (ou devant) les meilleurs traileurs caméra au poing, sacré boulot quand même quand on y pense. Comment ça marche exactement ? Thomas, dis-moi tout ! "Eh ! bien ! On arrive sur place avec toute une équipe : des vététistes confirmés pour filmer les parties roulantes, des coureurs comme moi sur les parties plus techniques, des pilotes de drones, des mecs en régie. On se concentre généralement sur les trois premiers, hommes et femmes...
Mon rôle est donc d'accompagner et de filmer sur un certain nombre de kilomètres l'un ou l'une de ces traileur(ses)." Rien à voir avec Patrick Montel qui se contente de suivre (péniblement) un coureur lambda sur 150 mètres micro en main... Ici, avant de filmer, il faut déjà pouvoir encaisser sur 50 ou 60 bornes le rytme imposé. "Physiquement, c'est vrai qu'il faut être prêt."
Le traileur qui joue la gagne n'est-il pas enquiquiné par ce cameraman qui lui colle aux basques ? De ce côté, aucun problème. "C'est plutôt sympa. On a le temps de faire connaissance, de discuter le coup, de plaisanter... Cela a été le cas par exemple avec Camille Bruyas sur la Diagonale des Fous. On vit la même passion. Ce n'est que du plaisir"
Du plaisir toujours vraiment ? Jamais de problème à bourlinguer à travers monts et vaux sur les traces des meilleurs traileurs ? A qui Tom veut-il faire croire ça ? Le Plomelinois passe aux aveux. "En Thaïlande, dans la descente finale, je me suis cassé la figure avec tout le matos en tentant d'accompagner le premier, un traileur chinois. Tu aurais vu à quelle vitesse il descendait ! Inimaginable ! Je suis allé chercher le concurrent suivant avec le genou en sang."
Le matériel, lui, a survécu à la chute. Ne pas imaginer d'ailleurs de surcharge matérielle pondérale. En 5 ans, à en croire un récent article sur le sujet, on est passé de 7 à 1,3 kilo. Thomas, qui n'aime rien tant que sa liberté de mouvement, confirme. "De ce côté, l'évolution est constante et le matériel de plus en plus performant et léger."
Léger le matériel, tout comme le cœur de Tom qui n'en finit pas d'apprécier le moment présent. "Je crois que cette opportunité est tombée au bon moment. Actuellement j'ai un peu moins de temps à consacrer à l'entraînement. Les longues sorties ne sont pas forcément compatibles avec la vie de famille. Or, je suis papa depuis peu."
Ne comptez pas sur moi pour vous livrer le prénom de la petite ni celui de la compagne, une sacrée gymnaste si j'en crois notre Plomelinois. Tout juste puis-je ajouter que Tom a de toute évidence l'esprit de famille. Ses grands-parents ne manquent d'ailleurs jamais l'occasion de venir le voir courir. Il incarne aussi magnifiquement -je trouve - l'originel esprit trail avec sa dégaine de baroudeur décontracté et sa capacité à relativiser les choses. C'est aussi sûrement pour cette raison que Sébastien Chaigneau lui a demandé d'intégrer son groupe. Thomas Le Lons, notre camrunner de l'extrême, c'est aussi le traileur absolu.
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec