Le 19/04/2021

SOUVENIRS & NOSTALGIE. Le club doyen se fait une cure de jeunesse

28 novembre 2013. Fondés en 1907, les DC Carhaix des présidents Marc André et Georges Ravallec (11ème en DRH) sont une institution dans le paysage du football dans le Sud-Finistère. " Too big to fail" (Trop grand pour chuter), repris en France par "Les grandes équipes ne meurent jamais", et en Breton " Ar skipailhoù-vras n'int ket marv james". Avec les Paotred Dispount d'Ergué-Gabéric (1913) et la Fleur de genêt de Bannalec (1908), les DC font partie du patrimoine sportif local. Reconnaissable immédiatement à leur deux premières lettres, le club a connu une véritable saignée de ses effectifs, à l'intersaison. La carte jeune, 17-22 ans, a investi massivement l'aire de jeu du stade Charles Pinson. L'apprentissage est difficile mais le talent est bien là.

Dans le dur en championnat de DRH, les DC Carhaix, qui ont joué de longues années en D4 dans les années 80, misent sur leur jeunesse pour repartir de l'avant.   

" L'important n'est pas la chute, mais l'atterrissage", résumait Mathieu Kassovitz dans le film la Haine. Avec 25 départs dans son effectif, comme Thomas Eatir (Stella Maris), Manu Brasseur (Plounevezel), Richard Collobert, Baptiste Coent, William André, Hugo Nigues (AC Carhaix), les DC Carhaix ont vécu une intersaison houleuse. Une équipe et demie, à remplacer, un recrutement pénalisé par le manque d'arbitre (réglé cette année), une relégation en DRH, un cycle s'est terminé d'une manière abrupte.

Quand un démarrage se fait sur une base différente, le point majeur est qu'il y'ait du talent, parmi les nouveaux jeunes joueurs. Sans quoi, la spirale négative se poursuit. Un peu comme l'Olympique Marseille, qui était descendu en D2, de façon grotesque en 1980, avec ses stars comme Marius Trésor ou Didier Six. Sauvé du naufrage et du dépôt de bilan avec ses "minots", tels José Anigo ou Eric Di Meco, et remonté en 1ère division en 1984. Tout comme le Nantes du défunt président Max Bouyer, en cessation de paiement, maintenu de justesse en 1991/1992, en D1 par la DNCG, et qui trois ans après, époustouflait l'Europe du football, avec sa classe biberon des Pedros/Loko/Karembeu/Ouedec.

" Nous sommes trop gentils"

Le parallèle est grossi volontairement mais cette génération Franck Penvern de jeunes des DC Carhaix a le talent pour se sauver en DRH, avec les Florian Mell, Anthony Hourmant, Jakès Ravallec, Thomas Le Cozler. La première saison sera la plus difficile. Souvent devant à la pause, rarement gagnant à la fin, les jeunes sont encore dans l'apprentissage du niveau ligue senior. " Parfois, je me dis intérieurement qu'on joue trop bien. On va finir par en prendre un. C'est ce qui se passe. Les jeunes apprennent. Je pense qu'on va se maintenir, le groupe est sain et très bien humainement. Le seul reproche qu'on peut faire, est qu'il manque de vice. A ce niveau, nous sommes trop gentils, policés. C'est encore trop scolaire dans leur approche. Je n'ai pas un leader qui ressort, même si notre gardien, Julien Collic, qui vient de l'EA Guingamp, peut tenir ce rôle. Il est né à Carhaix mais il n'est pas du club. Il faut emmagasiner de l'expérience sur la poule aller. On sent les progrès! Je pense qu'on sera plus dur à battre sur la poule retour", explique Alain Coïc, le coach senior de DRH.

A ses côtés, Arnaud Collobert fait figure à 33 ans, de catalyseur à la fougue de ses jeunes partenaires. Entraîneur-joueur, il ne badine pas son plaisir de se retrouver tous les dimanches avec des partenaires d'une autre génération. " Je pense que nous étions sur la fin d'un cycle. Tout le monde joue le jeu. Etre dans la difficulté ressoude un club. Nous avons eu plein de messages de sympathie, à l'intersaison. Quand nous touchions le fond, nous avons vu sur qui on pouvait compter à l'intérieur du club. On prend conscience qu'on appartient à un club, peu commun. Les anciens reviennent au stade. Quelqu'un comme Paul Simon, nous répétait inlassablement qu'on n'avait pas le droit de lâcher. Il nous faudrait une aventure en coupe de France, dans les années à venir pour créer une dynamique forte. L'atmosphère est super dans le groupe. Nous sommes tous hyper-solidaires et les jeunes sont à l'écoute. Je pense qu'on est meilleur dans le jeu que l'an passé. L'an dernier, nous misions plus sur le contre", avoue Arnaud Collobert.

Le beau jeu mis à l'honneur

Carhaix aime le jeu, le beau jeu, parfois à son détriment. Savoir fermer la boutique quand on mène 1-0 comme face à Trémuson, Saint-Thégonnec, Perros-Guirrec ou Rostrenen, les jeunes sont encore trop tendres pour le manier à bien. Comme à Elliant où ils se sont fait surprendre aux pénaltys face à une formation de D1, qui avait tiré plein avantage de ce fait pour créer la surprise du 2ème tour de coupe de France (1-1, 4-3 tab).

A l'instar du discours d'Alain Coïc et Arnaud Collobert, les jeunes sont dans un apprentissage nécessaire mais douloureux de la DRH. Tout match doit être une chance de comprendre les automatismes du football de ligue en senior. Contrairement en jeune, ce n'est pas l'équipe la plus forte dans le jeu, qui l'emporte, c'est celle qui aura su être dans la constance, 90 minutes. On peut très bien jouer au football 80 minutes. S'il y'a le moindre période de relâchement, flottement ou déconcentration, la carlingue est vite froissée, voir déchirée dans ses filets.

La génération des 17-22 ans, formé par le regretté Franck Penvern, des DC Carhaix possède le talent et la technique pour viser plus haut que la DRH. Les Hugo Faucheux, Jakès Ravalec, Florian Robert, Romain Kerhoas, Guirrec Tourmant, redonneront à coup sûr un coup de dorure au blason des DC. Leur chance unique est qu'ils sont mis devant le fait accompli très jeune. A 25 ans, ils auront plusieurs années d'avance sur les autres équipes du département, en vécu et en expérience. S'ils passent ce cap, leurs qualités techniques éclateront au grand jour. Il ne faut surtout pas qu'ils cherchent à copier les autres équipes. Juste qu'ils s'imprègnent de ce vice nécessaire dans leurs quelques temps faibles. Sur un coup de pied, un coup-franc, être plus malin que son adversaire direct. Le stade Charles Pinson ne demande qu'à prendre fait et cause pour leurs protégés. La jeunesse a ce pouvoir formidable de renverser des montagnes et d'être un miroir pour le public, qui se reconnaît en ses valeurs de fougue et de courage si elles sont utilisées de manière sincère et vraies. Aux jeunes joueurs des DC Carhaix de démontrer qu'ils ont retenu les leçons de ce premier tiers de championnat, en gardant leur identité de plaisir et du beau jeu qui les animent.

Christophe Marchand

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