42 buts en 22 matchs avec l'US Quessoy, dans un championnat aussi relevé que la R2, Aurélien Joulain a réalisé une performance exceptionnelle sur sa seule saison où il a enchaîné sans douleur et blessure. A 34 ans, beaucoup de joueurs déclinent, voir arrêtent leur carrière, le Quessoyais est un contre-exemple, sa qualité première à savoir la vitesse est modérée passé la trentaine, mais il a cette réflexion sur le jeu qui est très au-dessus de la moyenne. Comme à Carhaix, une action restée commune, à la demi-heure, il a quitté sa zone d'avant-centre pour décrocher instantanément dans le jeu et offrir une solution à son latéral, Jean-Marie Taillard, comme s'il avait senti immédiatement la zone de connexion avec son partenaire, Aurélien Joulain est un joueur qui n'a pas de déchet, tout ce qu'il fait, est intelligent et fin. Une reprise de volée et un but de la tête, à la réception de centres, à Carhaix a donné la qualification à l'AS Ginglin Cesson (0-3) sur le 6ème tour de la coupe de France. A l'image d'un Ian Wright, à Arsenal, qui avait connu sa plénitude à Arsenal, passé la trentaine, ou d'un Josip Skoblar qui avait planté 44 buts avec l'Olympique de Marseille, en une saison de championnat en 1970/1971, passé la trentaine, il se bonifie avec l'âge, voyant de suite la potentielle faille de ses adversaires. Comme Jules Poher (DC Carhaix) concédait: " Aurélien Joulain, on ne le voit pas dans le match de championnat, l'an dernier. La seule fois, où nous lui avons laissé un mètre, il a amorti le ballon et l'a mise en lucarne. Il nous met deux buts, ce jour-là". Savoir se faire oublier, c'est aussi l'art d'un avant-centre, ce jeu du chat et de la souris, qui a toute sa saveur, et qui laisse l'attaquant guetter et (s'im) patienter pour ses seules opportunités du match. A Carhaix, Aurélien Joulain en a eu deux et les a mises au fond. Assez simple finalement le football, vu par ce pragmatisme.
Légende: Auteur de 42 buts en R2 avec l'US Quessoy, Aurélien Joulain a encore choisi la bonne équipe au bon moment, avec l'AS Ginglin Cesson, qui a atomisé l'EA Saint-Renan (7-1), ce dimanche.
" Venir à Carhaix sur un 6ème tour de la coupe de France, ce n'était pas forcément un cadeau. Oui, une R3 au 6ème tirage, ça semble un bon tirage mais un tirage n'est bon que si tu passes en coupe. On a affronté une belle équipe de Carhaix. Je les avais joués avec l'US Quessoy, l'an dernier. Personnellement, j'ai trouvé que cette équipe jouait mieux que l'an dernier. Il était plus dans l'aspect combat en R2, j'ai retrouvé une équipe qui veut jouer plus au ballon. Ca joue mieux que l'an dernier. On le savait parce que nous avions pris nos renseignements sur cette équipe de Carhaix. C'est aussi pour ça, que nous ne sommes pas allés les chercher en début de match, on est resté sur un bloc compact, se rassurer et exploiter ce qu'il y'avait à exploiter", remarque Aurélien Joulain.
Auteur d'une saison démentielle, l'an dernier, tournant à ....deux buts par match, c'est à dire que Quessoy commençait presque le match avec 2-0, Aurélien Joulain a beaucoup appris de son époque au Stade Briochin en CFA2/CFA, notamment de Sylvain Didot, son entraîneur à Saint-Brieuc.
" Mon record du but? Il y'a des saisons comme ça. Quand tu arrives à maturité, il faut trouver le bon timing, avec la bonne équipe au bon moment, le bon style de jeu aussi. J'ai eu la chance d'être en pleine possession de mes moyens physiques, ce qui n'avait jamais été le cas sur les précédentes saisons. J'ai eu des années où je jouais avec une pubalgie. Même au Stade Briochin, j'ai enchaîné beaucoup de pubalgie et les adducateurs. C'est la seule année de ma carrière, en 2023/2024, où j'ai joué de la 1ère à la 22ème sans douleur, ni blessure. Sur la préparation avec Ginglin, ça m'a relancé, mais une fois que la préparation est passée, je ne ressens à nouveau plus rien. Ma saison à l'US Quessoy a été parfaite sur toute la ligne, sur un plan individuel et collectif surtout. Les conditions d'accès en R1 n'étaient pas faciles l'an dernier. Il n'y avait que deux montées sur les six groupes de R2 ( Plouzané et Quessoy au final). On a perdu deux matchs sur les 22 journées. Autant, oui, j'ai marqué beaucoup de but, ça entretient d'abord une spirale positive d'équipe, je suis le chaînon final d'une équipe, mais la machine que nous étions, en cette année, avec Quessoy, c'est quelque chose de fort. Mes 41 buts, je ne me les suis pas crée tout seul sur le terrain. On avait un gros rouleau compresseur. Il avait de la chance de m'avoir en finisseur et j'avais de la chance de les avoir derrière moi, ils faisaient 99% du travail derrière".
Son choix de partir à l'intersaison sur une équipe de même niveau que l'US Quessoy a été vue d'une manière surprenante de l'extérieur. Mais il symbolisait aussi son envie de sortir de sa zone de confort, d'aller vers une nouvelle approche de jeu. Avec Steven Papin, autre joueur ultra-élégant, avec un but marqué avec l'US Saint-Malo à l'AS Brestoise en coupe de France ( lob de 35 mètres), aux commandes de l'AS Ginglin Cesson, les Jaune et Noir sont une véritable machine en cette année, une équipe qui n'a aucune faille du poste 1 à 11 sur le terrain. Et avec Jéhanno, Richard, Diarra, Joulain, on est même sur un bon niveau National 3 en attaque.
" Je ne me suis pas dit que le cycle était fini avec l'US Quessoy, mais j'avais le besoin d'avoir du changement. Je ne voulais pas partir avec des regrets. Je voulais découvrir un nouvel environnement, un autre club, d'autres gens, un autre style de fonctionnement. Quessoy, c'est mon club de toujours, bien sûr que je reviendrai. Quand on marque 42 buts en championnat dans une saison, on sait qu'on n'est pas fini. Mon départ pouvait même aider Quessoy car je prenais beaucoup d'attention, à tort d'ailleurs, et ça pouvait inhiber certains joueurs d'ailleurs. Quessoy fait un bon début de saison en R1. On ne le joue pas avec Ginglin Cesson, on découvre une nouvelle poule. La dernière fois que j'ai joué dans le Finistère ( hormis Carhaix), c'était du temps de la CFA 2 avec le Stade Briochin. Le Finistère, c'est un style de jeu complètement différent aux équipes des Côtes d'Armor ou d'Ille et Vilaine. C'est encore mieux pour moi, parce que je découvre un nouveau style d'équipe. C'est beaucoup plus relevé le niveau dans le Finistère, il y'a beaucoup d'intensité dans le jeu d'une équipe du Finistère, c'est plus physique avec une rigueur tactique en règle générale. Je trouve ça fort, parce que c'est aussi différent pour nous. On était plus habitué au jeu des Rennais"
Jouant dans un système de jeu hyper-exigent, l'AS Ginglin Cesson en a passé 7 à l'EA Saint-Renan, ce dimanche, qui n'avait pas pris une telle déculottée depuis très longtemps. Aurélien Joulain y est allé de son but, même s'il n'a pas marqué son 6ème doublé depuis son arrivée en Juillet à Ginglin Cesson laissant la lumière à son autre partenaire en attaque, Azdine Richard, transfuge de Langueux.
" Avec Ginglin, on essaie d'être le plus compact possible. On a eu un coup de moins bien ces dernières semaines. On était parti sur un gros niveau d'exigence, on ronronnait notre jeu depuis deux à trois semaines. On se repose sur nos acquis, la défaite à l'US Montagnarde nous a redonné un coup de fouet, pour retrouver notre vrai niveau, celui qui était le nôtre au tout début de l'année. Ca va le faire, parce qu'il y'a tout pour faire une grande saison avec l'AS Ginglin Cesson. Il y'a des grosses individualités dans l'équipe, des talents partout. Le danger ne vient pas que d'un joueur, mais il est bien réparti. On reste solide parce qu'on a une forme de jeu en 3-4-3 qui demande beaucoup d'effort et sacrifice collectif. Dès qu'il y'a un qui lâche, ça derègle tout notre équilibre de jeu. C'est là que nous sommes vulnérables. On le sait, il faut être à 200% chaque match. Il n'y a pas d'autres choix avec ce système de jeu", conclut-il.