SOUVENIRS & NOSTALGIE. Spézet et le foot amateur en fête
1° octobre 2013. Le football amateur n'est pas mort! Il respire encore d'une âme débonnaire et bienfaitrice. Face à l'hypertrophie du monde professionnel, qui recueille aujourd'hui la vampirisation des moyens financiers et médiatiques, le milieu amateur fait valoir ses valeurs et son humanité, lien indispensable à un tissu social local. Le club de Spézet (D1) est une parfaite incarnation des valeurs du monde amateur, qui réunit dans sa volonté de développement sportif, une dynamique locale, sociale et associative. Réunir 1.500 personnes sur une rencontre de football amateur est aujourd'hui considéré comme un authentique exploit. Spézet (D1) doit être unanimement salué dans sa performance sportive et humaine.
Bien que battu 0-3 par la GSI Pontivy, les Papillons Bleus de Spézet mérite un grand coup de chapeau, pour leur parcours en coupe de France. Crédit photos : Jordi Malard. |
Ca fait du bien de croire encore à l'avenir du football amateur! Certes, les affluences dans les stades ont baissé inexorablement avec l'amoncellement des matchs de football professionnel, le dimanche après-midi, à la télévision. Aujourd'hui, les clubs amateurs se retrouvent dans une situation financière, de plus en plus exsangue. Dans l'indifférence générale, parfois, certains clubs doivent mettre la clé sous la porte, baissant pavillon devant les contraintes administratives, financières et le manque de relève en bénévoles et joueurs.
Les bouffées d'air sont minimes. Quand elles arrivent, il faut en aspirer une bonne dose pour repartir de l'avant avec des convictions. Comme un pèlerin, qui marche après marche, pas après pas, en ne dérogeant jamais d'une conviction indéboulonnable de son cerveau. Plobannalec-Lesconil avait fait verser un sacré vent de fraîcheur, dans le Sud-Finistère, par une dernière saison, exemplaire sportivement et humainement (300 personnes déplacées à Saint-Renan pour le 7ème tour de la coupe de France).
Spézet mérite un sacré coup de projecteur sur le match face à l'ogre Pontivyen. Deux buts marqués coup sur coup à l'heure de jeu, ont fait vaciller, samedi, le petit poucet du Sud-Finistère, avec Pleyben. " C'était énorme! Les joueurs sont sortis sur une ovation. Dans notre équipe, nous avons joué avec 3 U17 et un U19. La moyenne d'âge était de 20 ans. 70 bénévoles étaient présents pour ce match. Un des plus beaux compliments reçus nous est venu d'un ancien joueur du club de 89 ans, qui a reconnu les valeurs du club dans nos jeunes joueurs. Les anciens des années 80 ont fait partager ce même sentiment. C'est venu de toute la Bretagne. Même d'ailleurs, une fille d'un ancien joueur des années 80, Lucie Le Clech, a tenu spécialement à faire le déplacement de Dieppe, en Seine-Maritime. Les joueurs de la GSI Pontivy ont été formidables, après le match. Ils sont restés fêter l'événement jusqu'à 21h. Et ils nous ont invités pour leur prochain match de championnat en CFA", assure le président de Spézet, Jean-Luc Briand.
Le pot de terre avec le pot de fer
Dans les tribunes, personne n'en a voulu aux Papillons, qui auront tout donné dans le but d'offrir un match de rêve à leurs supporters. Outre ce résultat face à la GSI Pontivy (0-3, CFA), le stade de Pendreign a vibré comme à ses plus belles heures en DSR, dans les années 80. Redonner le goût aux gens de venir voir un match de football amateur est une grande mission de la fédération française de football. Une des seules, qui doit être vraiment une priorité dans son cahier des charges. L'équipe de France est la vitrine incontestable de la FFF. Mais elle est aujourd'hui bien fendue par un désamour de plus en plus grand de la part de la nation. Le football amateur regorge de valeurs, d'acteurs, qui passent une quantité d'heures à penser d'abord aux autres. Cet ensemble représente le présent et l'avenir du football car sans lui, le monde professionnel s'en trouverait fortement fragilisé. Les deux parties sont liés dans leur développement. Et sans doute que celui qui a le plus à perdre n'est pas celui qu'on croit. Les papillons bleus de Spézet présente un parfait exemple en étant le garant d'un état d'esprit et d'un amour indéracinable, transmis de génération en génération entre les familles habitantes sur cette commune de 1.800 âmes. L'aventure de la coupe de France est maintenant finie. Le championnat en D1, groupe B, deviendra le pain quotidien, d'un club, nourri par une passion sincère du football et de la compétition.
Christophe Marchand