De ses 6 à 33 ans, Julien Bonizec a été un symbole de la formation du feu Stade Quimpérois. Il a tout connu dans ce club porte-drapeau à une époque du Sud-Finistère jusqu'à en porter le brassard de capitaine en CFA sous l'ère Ronan Salaün (2005-2010). A 37 ans, il endosse la double-responsabilité joueur-entraîneur pour la première fois, avec la complicité de Gérard Guézennec, son supérieur en semaine au travail et collègue, le week-end sur le banc. Après un premier bilan à mi-saison, il en retire une aventure riche humainement, une obssession constante dans la tête et un changement de cap dans la philosophie de jeu.
La candeur des débuts avec un jeu porté sur l'offensif et en mouvement a laissé la place à un réajustement à mi-saison. Plonéour FC, en difficulté après trois mois de compétition, s'est recentré sur les qualités des joueurs de l'équipe, la vitesse et l'explosivité dans les 30 derniers mètres avec les flèches, Matthieu Le Roux et Adrien Talbot. " J'ai une sensibilité au beau jeu. Tous les entraîneurs fonctionnent au feeling. J'ai une certaine philosophie et idée du football, fait autour du jeu, des déplacements et de la circulation. J'accorde aussi beaucoup d'importance au jeu sans ballon. La fédération française de football tend de plus en plus vers ce fondement. A Plonéour, j'ai opté pour cette option mais elle ne marchait pas car nous n'arrivions pas à marquer sur nos temps forts. Nous avons reculé sur le terrain en descendant le bloc. Nos attaquants avaient besoin d'espaces pour retrouver une efficacité et des longues courses. Nous sommes mieux depuis un mois et demi. Ce nouveau schéma correspond mieux à nos forces", soutient Julien Bonizec. Au côté de Gérard Guézennec (ex-coach au FC Odet, D1), Julien Bonizec ressort de trois années compliquées perturbées par deux grosses opérations du ligament externe du genou, à Edern et à Plonéour. " J'ai 37 ans maintenant. La fin est proche. Je me suis fait opérer des deux genous consécutivement. Je n'ai plus le gaz, ni la capacité d'accélérer. Je mets plus de temps à récupérer d'un match maintenant. La casquette d'entraîneur me donne une autre dimension car je suis focalisé sur le niveau de mes joueurs, l'importance et la joie d'être ensemble. On vit en petite communauté au long de l'année. Les joueurs, les dirigeants sont très respectueux. Le Plonéour FC est un club sain où tout le monde tire dans le même sens".
Entraîneur est un vrai sacerdoce dans le sens où tu y penses tout le temps, toute la semaine.
La lourdeur de cette double tâche n'a pas échappé à Julien Bonizec. L'organisation de la semaine avec la préparation des entraînements, la vie sociale du groupe et la mise en commun de ressources au niveau des éducateurs est grande. " Je continue à m'entraîner pour être le plus performant en tant que joueur. Entraîneur est un vrai sacerdoce dans le sens où tu y penses tout le temps, toute la semaine. On est obligé d'y penser constamment et être vigilent sur le moindre détail. On ne peut pas arriver les mains dans les poches face à son groupe lors d'un entraînement: il faut le préparer, l'animer, transmettre et partager un enthousiasme et un savoir. Je ne sais pas sincèrement si je ferai ça beaucoup d'année car l'énergie dépensée est grande".
Repassé au-dessus de la ligne de flottaison grâce à sa victoire d'éclat au FC Pont l'Abbé B (0-4, PH), Plonéour FC occupe la 8ème place avec 24 points. " L'expérience est enrichissante. Il faut arriver à motiver les joueurs. C'est super intéresant dans les rapports humains et les affinités que cela créaient automatiquement. Pour que l'équipe marche, l'entraîneur doit créer un lien fort avec les joueurs tout en mettant une barrière et en imposant une rigueur et un cadre. Notre équipe a été rajeunie à l'intersaison. Nous avons fait l'erreur de continuer à jouer en début de saison. Nous prenons soin à bien défendre désormais et joué le contre. Les caractéristiques ont changé pour être plus conforme aux aptitudes des joueurs. Nous avons réagi avec pragmatisme".
Christophe Marchand