24 mars 2016. La mort du footballeur Néerlandais, Johan Cruyff, à 68 ans a fixé son action sur cette terre dans l'immortalité, à jamais rappeler pour son savoir-faire dans le jeu. Génie du ballon, il incarne un aspect romantique, un football des idées et une mise à mort de son adversaire fait de douceur et d'accélérations soudaines et redoutables. Son rush (ici photo) de la 2ème minute de la finale de la coupe du monde 1974 face à la RFA est un modèle de ce double constat: sa capacité foudroyante à jouer sur un rythme à plusieurs temps, à être très fort dans le déséquilibre tout en ayant un port de tête haut. Révolutionnaire sur le terrain avec l'Ajax Amsterdam et la sélection des Pays-Bas dans les années 70, il le fut 25 ans après sur un banc de touche au FC Barcelone, en donnant une touche universelle à un football de possession, misant sur la vitesse de la passe, une recherche du déséquilbre horizontal et une défense haute.

Johan Cruyff qui mystifie son chien de garde, Berti Vogts, dans la finale de la coupe du monde 1974, à la 2ème minute. Photo: wikipédia.fr
Le football de l'après-guerre a marqué toute une génération de baby-boomer, qui ont aimé profondément le football. Et surtout une forme de football, de cette rébellion des années 70, dentelée par la folie des Hippies, des cheveux longs et une insouciance du moment présent. Une société de contestation de l'ancien ordre établi par les aînés, un pouvoir donnée à la jeunesse et aux audacieux conscient qu'ils étaient plus nombreux que leurs aînés. Johan Cruyff est né dans cette mouvance d'une société à reconstruire marquée par les stigmates d'un conflit dévastateur et mondial en 1947. A la fin des années 1960, Johan Cruyff fait partie d'une horde de "Vikings" Néerlandais qui déferlent sur l'Europe par des vagues incessantes: Rudy Krol, Johan Neeskens, Arie Haan et la tête pensante, le coach, Rinus Michaels. La démonstration de cette réussite toute puissante fut la victoire de l'Ajax Amsterdam face à l'Inter Milan en C1 1972, réputé pour son jeu fermé (2-0).
Une façon différente de penser le football
Dans la lignée du film de Stanley Kubrick, sorti en 1971, les "Orange Mécanique" sont restés dans la légende du football, comme une forme de synthèse parfaite d'un collectif capitalisant sur une idée directrice: le football total. Comme la Hongrie en 1954 ou le Brésil en 1982, cette sélection des Pays-Bas a touché le coeur de millions de passionnés de ce jeu dans sa fantaisie, sa fraîcheur et son intéret à défendre une conception du football. Le triple ballon d'or en 1971, 1973, 1974, Johan Cruyff en était un archétype parfait. Il avait une puissance créatrice et une flamme pour l'animer sans égal. En ce sens, il ressemble énormément à un Steve Jobs, le co-fondateur d'Apple. Contestaire dans sa jeunesse, les mêmes cheveux longs, une exigence absolue pour le détail et un pouvoir de création sans égal. Dans le jeu, il voyait des espaces quand tant d'autres visualisaient des impasses. Il inventait des courbes de trajectoires, comme son but du talon avec le FC Barcelone. En tant que décideur au FC Barcelone, il réinventa une nouvelle forme de jeu avec les Romario, Stoichkov, Laudrup, Bakero, Koeman, qui atteignit en 1992 sa parfaite expression à Londres dans la victoire en C1 face à la Sampdoria de Gênes (0-1). Sa disparition est un choc, un traumatisme mais Johan Cruyff restera à jamais éternel dans son apport à ce jeu, sa révolte créatrice et sa science de la transmission. Tout en haut, avec les plus grands de ce jeu, qui l'ont sublimé en offrant au monde entier une vision différente de penser le football.
Christophe Marchand