19/04/2016

Marta Mangue. La panthère du Brest Bretagne Handball

A 24 heures de la demi-finale de la coupe de France face à Metz, les 4.200 spectateurs feront bloc derrière leur équipe du Brest Bretagne Handball. Les décibels risquent de grimper à mesure que le match prendra ses aises dans le temps. Avec de sérieux arguments comme Xenia Smits, Nina Kanto ou Ana Gros, Metz, 19 titres de championne de France, 7 coupe de France, est un adversaire redoutable et redouté. Dans ce choc des leaders de D1 et D2, l'arrière droite, Marta Mangue, transfuge de l'intersaison au Brest Bretagne Handball, salive de ce défi extrême, à savoir faire chuter une très grande place du handball français dans le chaudron de l'Arena. Ces matchs-là la transcendent et la poussent à donner le meilleur d'elle-même. Portrait d'une guerrière, qui ne satisfait que de la difficulté. Comme toute championne qui ne regarde que le haut de la montagne.

Marta Mangue, l'arme fatale du Brest Bretagne Handball. Crédit photo: Olivier Stéphan, BBH

Marta Mangue fausse compagnie à la défense adverse. Crédit photo: Olivier Stéphan, BBH

Marta Mangue, championne de France D1 en titre, est arrivée à Brest, cette année. Crédit photo: Olivier Stéphan

Marta Mangue est née dans une île à Las Palmas dans les Canaries. Comme toute ilienne, elle reste très attachée à sa terre, tout en sachant la quitter pour réaliser sa quête personelle. La sienne se situe dans le handball. Dès son plus jeune âge, la jeune Ibère devient une mordue au sport. Défouloir, une manière de rester en contact avec ses quatre frères, son quotidien aux Canaries est axé sur le sport. " C'était une forme de liberté. Dès mes huit ans, je faisais du handball et de l'athlétisme tous les jours. J'ai toujours vécu avec le sport. Le Handball est mon métier depuis mes 17 ans. 16 ans, la flamme est toujours là. Tant que le corps suit, je me donne encore beaucoup d'années. Je suis moins bien en ce moment car j'ai une douleur persistante au talon depuis trois mois. L'équilibre du sportif de haut-niveau dépend du corps. Après ma carrière, je ne vois pas quitter le sport. J'aimerai être entraîneur avec les jeunes pour faire partager mon expérience. Ca me plairait beaucoup".

Si l'équilibre à haut-niveau tient à la vigilence extrême de son corps, outil de travail et de performance, il l'est aussi dans une vie personnelle cadrée et épanouie, surtout quand le cap de la trentaine, période charnière, est passé. " A 30 ans, tu ne réfléchis pas pareil qu'à 20 ans. C'est une certitude. Mon pays me manque, mon île aussi. J'y ai mes ami(e)s, ma famille et mes racines. Le soleil (rires). Quand je suis parti de Fleury Les Aubrais, j'avais beaucoup d'offres, des propositions de clubs français et étrangers. Brest? Même si je devais descendre d'une division, le projet me plaisait dans son ambition et sa dimension. Quand tu es célibataire, tu résonnnes seul. C'est ton choix. Maintenant, mon équilibre passe par le bien-être de mon amie. Elle m'a suivie à Brest. Elle a trouvé un travail en tant que serveuse. On attend notre premier enfant en commun. Ce sont des moments merveilleux, un ciment pour notre vie future".

Bien dans sa tête, et son corps, Marta Mangue n'en oublie pas d'être cette fomidable compétitrice et guerrière. La Pantera, son surnom dans la sélection Ibérique de la Roja, griffe toujours autant quand elle sent le danger poindre à l'horizon, comme face à Metz. " La compétition fait donner le meilleur de soi-même. Je suis un paradoxe. Comme beaucoup de joueuses à haut-niveau. Pour moi, la facilité réside dans la difficulté. Quand c'est facile, pour moi, c'est difficile. Je préfère un match difficile pour montrer ma valeur. Le match de Metz me motive énormément. Nous pouvons les battre mais il faudra sortir le match parfait. Metz a plus d'expérience et des internationales en nombre. En défense c'est même impressionnant. J'aspire à faire un grand match. Nous nous préparons à un grand soir".

 "Choco" bouillonne d'envie 

Si les médias espagnols l'affulblent du sobriquet de la panthère, Marta Mangue est surnommée affectueusement " Choco", par ses partenaires de la sélection Espagnole. " C'est parti à Valence, quand une joueuse et amie, Noelia Oncina, m'a surnommé "Choco", en référence à ma peau Chocolatina". Après des passages à Valence, au Danemark, en Serbie, en France, Marta Mangue, deuxième joueuse espagnole la plus capée (264 matchs en équipe nationale, 949 buts), est une joueuse rare, spécialiste d'un jeu en mouvement, experte dans l'art de se faufiler dans les espaces adverses. " Marta est une joueuse d'expérience. Elle est atypique, imprévisible, un côté artiste. Avec une dimension tactique et physique élevée se rajoute un gros côté travailleuse. Elle ne paraît peut-être pas mais c'est une fille qui travaille énormément pour rester à son top niveau. Elle se donne les moyens de durer à un très haut-niveau en faisant des séances supplémentaires de nos entraînements", affirme son coach, Laurent Bezeau. Meilleure arrière droite des Mondiaux 2005, médaillée de bronze aux Jeux Olympiques de Londres 2012, elle jouera à nouveau les jeux olympiques de Rio de Janeiro 2016, dans l'espoir d'une énième médaille. " La vie de sportive de haut-niveau est dure. Les gens ne voient que les bons côtés de notre métier. Il y'a énormément d'exigence et de sacrifice derrière une carrière internationale. Après les jeux olympiques de Rio de Janeiro, j'aurais droit à trois jours ou une semaine complète de vacances avant de reprendre au BBH. Un match zappe un autre. La compétition est notre adrénaline. Plus le match est important, plus personnellement, je donne le meilleur de moi-même". En championne, Marta Mangue sera sur le parquet de l'Arena, ce mercredi soir, en gladiatrice des parquets, poussé par tout un peuple Breton, qui ne pensera qu'à soutenir l'équipe de Laurent Bezeau de tout leur coeur, ce mercredi soir, face à la meilleure équipe de France, Metz. 

Christophe Marchand

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