Le 30/01/2014

Tahirou Sani. La force est en lui

Malien de naissance, guerrier des parquets, Tahirou Sani, 28 ans, a gravi du temps de jeu dans la raquette Quimpéroise. Régulier, précieux, prêt à se mettre dans le schéma de fonctionnement d'une équipe, il est le parfait 6ème homme de l'Ujap Quimper sur le poste 4 et 5: ailier fort et pivot. Celui que le coach Quimpérois, Aymeric Collignon fait bondir du banc aux premières rotations de matchs. Le Franco-Malien suit son chemin, sans bruit, mais avec une volonté gravée dans la roche, sur laquelle est inscrite ' Tu ne lâcheras jamais". Premier et immuable verset de sa philosophie de vie. Portrait découverte.

Auteur d'une bonne première partie de saison, le Franco-Malien, Tahirou Sani fait partie des bonnes pioches de l'Ujap Quimper dans le recrutement de l'intersaison.

Quitter ses parents, sa famille, ses copains, à 14 ans, est un choix qui marque à jamais une vie et une destinée. Se déraciner volontairement pour apprendre les rudiments de sa passion naissante forge un mental de champion à celui qui en réchappe. Pilier de toutes les fondations, il est en béton armé pour Tahirou Sani. Pourtant, hormis une taille déjà évocatrice pour ses 12 ans avec 1,85 m, le basket-ball était loin d'être une priorité sportive. " Je n'ai touché mon premier ballon de basket-ball, à mes 12 ans. Je pensais que c'était un sport de filles (rires). Au Mali, on n'y joue pas dans la rue. Tout le monde naît avec un ballon dans les pieds. Je jouais toujours au football. C'était ma grande passion. Jusqu'au jour où Seydou Diarra, le copain de mon frère, me repère et me fasse essayer le basket. En deux ans, j'ai été convoqué en équipe du Mali. Je fais un tournoi international cadet à Douai avec l'équipe nationale et je suis repéré. On me demande de rester au club de Douai. J'avais 14 ans. Départ de Bamako pour Douai. Les premiers mois ont été les plus durs".

L'acclimatation est totale. Outre le climat, les paysages, le déracinement se fait aussi par la langue. Cette période a forgé un moral à toute épreuve. Pourtant, pudique et volontairement discret, il ne lâche que par bribes, avec des phrases beaucoup plus heurtées que d'habitude pour un être volubile en paroles et en sourire. " C'était dur! J'étais en internat, la semaine et chez M. Jean-Pierre Ciezelski, le week-end, mon entraîneur de basket. J'ai intégré à 14 ans la 6ème, sans parler un mot de Français. Au Mali, j'étudiais dans une école Musulmane où l'arabe était la langue parlée et écrite.Le plus dur? Quand tu es interrogé en classe, et que tu ne comprends rien à la demande. Ce sont les autres qui donnaient les réponses à ma place. Intérieurement, tu n'es pas loin de craquer si tu ne te retiens pas".

Et il a tenu! Petit à petit! Marche par marche! Step by step! Il y est arrivé à ce contrat professionnel, fortement imbibé dans ces pensées d'adolescent. Gravelines (Pro A) lui donnera sa chance. Ce club sera le départ de sa carrière. Il cherche une reconnaissance dans des entraîneurs qui regardent plus un profil de joueur qu'une nationalité. " Je connais le monde du basket. Ils ne sont pas nombreux les entraîneurs en France ou ailleurs à faire confiance à la personne, au joueur plutôt qu'à son passeport. Au poste 5, les clubs recherchent très souvent un Américain, à qui on donne une priorité sur le temps de jeu. C'est comme ça et tu ne peux rien y faire. Ca m'a renforcé dans mes convictions de suivre ma voie intérieure: de ne rien lâcher, de me battre. Mentalement, je suis très fort. Sans doute avec ses épreuves de vie que j'ai affrontées dès l'adolescence".

Un joueur majeur de l'Ujap Quimper 2013/2014

Troisième à l'évaluation générale des joueurs de l'Ujap Quimper, derrière Fabien Hérard et l'Américain, Evan Harris, avec 12,2 (11,9 pts, 4,6 rebonds pour 24 minutes en moyenne), Tahirou Sani sort du ban pour reverser sur le banc l'Américain, Evan Harris, au jeu des chaises musicales de l'orchestre Ujap, sur le match de Monaco (14 minutes pour l'Américain contre 34 minutes pour le Franco-Malien). Cette apparence ne trompe pas. Chiffre à l'appui, son importance dans le jeu de l'Ujap Quimper se renforce dans les fils des mois. Le transfuge de Vitré (N2M) était une très bonne pioche, tant que pour son talent qu'au respect de son engagement moral.

" Nous donnerons une priorité à l'homme plus qu'au joueur", avait averti Aymeric Collignon, dans son discours de prise de pouvoir, en juillet 2013. Avec Tahirou Sani, le reflet de ce miroir de vérité est apparent et luit d'une belle âme. " Je pense qu'ils ont été surpris que je m'adapte aussi rapidement aux systèmes. Le coach m'a pris pour être la première rotation sur le poste n°5. Je le savais que je pourrais évoluer au poste n°4. Défendre dur, prendre des rebonds est une priorité. La base est mon mental. C'est dans la difficulté de la vie que j'ai appris le plus de choses. Si je n'avais pas surmonté ces étapes, je n'en serais pas là aujourd'hui. Chaque fois qu'on me donne du temps du jeu, en match, je dois prouver que je peux apporter quelque chose à l'équipe. Je suis tombé sur un coach à Quimper qui me fait confiance et qui est droit et juste. Il m'a parlé du projet de Quimper. Je suis venu avec beaucoup de joueurs de talent qui ont l'expérience du haut-niveau".

Avec un parcours de globe-trotter, aux quatre coins de la France (Epinal, Brest, Bourges..), en Suisse et en Islande (demi-finaliste des play-offs), Tahirou Sani arrive à 28 ans, à une maturité dans le jeu. Sa force est sa foi indéboulonnable à suivre sa voie, faire ce qu'on lui demande dans le jeu et s'adapter à l'attente de son coach. Bien à Quimper, joueur-équipe, il est parfaitement adapté à ses coéquipiers et au projet de jeu développé. Avant un mois de février capital, il est un point fixe sur lequel l'Ujap Quimper peut s'appuyer pour conforter des certitudes de jeu. Il est en tout cas un des meilleurs recrutements de cette intersaison et dans le top 3 des satisfactions de cette saison pour le club Ujapiste.

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