Olivier Derrien, gardien à Gourlizon Sports, Gérard Flochlay, milieu de terrain à Plogastel Saint-Germain, Frédéric Bassement, défenseur à l'AS Plobannalec-Lesconil, Fredéric Vergos, latéral au Quimper Italia: les quadragénéaires du Sud-Finistère respirent d'une passion intacte pour le football, repoussant d'année en année l'inexorable arrêt de carrière. Parmi ses légendes du district, voir de la ligue pour Bill Bassement, Antonio Da Mota, l'âme de l'US Portugaise, un des plus talentueux manieurs de ballons que le district du Sud-Finistère ait connu. Gaucher instinctif, il possède un pied qui agit comme une main, avec une précision d'orfèvre. A 48 ans, il repart pour une 27ème licence consécutive pour l'US Portugaise en D2, poule E.
" Il mourra sur un terrain (rires). Tant qu'il aura envie de gagner, il jouera. Il arrêtera sans doute le jour où il n'apportera plus rien. Le sport a toujours été sa passion. Même à la télévision, il regarde toutes les disciplines. Il aurait pu jouer bien plus haut sans ces trois opérations du genou très jeune. Il aime le travail et a toujours l'envie de s'améliorer, même à son âge. il ne sait pas dire non. C'est un perfectionniste dans le travail, dans la vie comme dans le sport. Après toutes ces années, il est reconnu dans tous les clubs adverses. Il représente l'esprit portugais, passionné, impliqué, calme, mais sans une seconde de méchanceté", explique sa femme, Anita. Antonio Da Mota, plus connu par les syllabes redondantes de Toto sur les terrains de la région, a reçu ce don du football dès le berceau. A 13 ans, il s'inscrit pour la première fois dans un club à l'Etoile de football en minimes, sans avoir jamais joué sur un terrain de football. Forçant de suite l'admiration des autres, capable de jongler 400 à 500 fois sans que la balle touche par terre, Tota Da Mota fait des ravages à son poste de milieu excentré. " A 15 ans, mes parents sont rentrés au Portugal. J'y suis né avant d'arriver sur Quimper vers trois ans. Au Portugal, j'ai failli passer professionel. J'ai fait un essai à 17 ans à Boavista. J'étais dans les 20 derniers joueurs retenus. A 16 ans, je jouais en D3 Portugaise, à San Dim. Je reviens sur Quimper, à 19 ans au FC Pont l'Abbé de Christian Gourcuff à la fin des annés 80. Ca ne s'est pas bien passé du tout car on m'avait promis des choses que je n'ai jamais eu. Je n'aime pas quand on ne respecte pas ses paroles. Après trois années à l'ES Kerfeunteun, j'ai rejoint l'US Portugaise. Après deux opérations au genou à cet âge, on ne revient pas pareil".
La victoire en finale de la coupe du conseil général en 2001/2002
27 ans plus tard, Antonio Da Mota reste toujours fortement imbriqué avec le club de la comunauté lusophone. " J'ai aimé porter le club pendant tant d'années. J'avais un rôle spécial au sein de l'équipe qui renforçait mon envie de bien faire. C'est encore ce qui me fait avancer. Je veux donner une bonne image à chacun de mes matchs. Je joue avec mes neveux, Coco (Claudio De Abreu) ou Silvino. Mon meilleur souvenir reste la vcitoire en finale de la coupe du conseil en 2001/2002, à Lestonan. Nous étions champion de D2, Pleyben était champion de D1. Nous gagnions 3-0, je rate un pénalty. Je ne tire jamais les pénaltys. Je ne peux pas car je suis trop stressé. Le fait que les autres pensent que ça peut être facile pour moi fait que je ne suis pas relâché quand je tire. Cette finale, il y'avait 800 personnes au stade. Nous avions un duo d'attaquants hors-norme pour ce niveau vec Lorenzo Da Cruz et Habib Aanane".
Entraîneur après la fin de la carrière de joueur?
Après deux années en football loisir avec l'entreprise de maçonnerie, De Cossou en 1975-1977, l'US Portugaise est un club magnifique dans sa persistance à faire vivre un esprit communautaire ouvert aux autres. " On garde une identité portugaise avec une douzaine de joueurs d'origine portugaise sur nos trois équipes senior". La bière Super Bock, le "Churrasco" (barbecue) et les grillades en plein mois d'hiver, le stade de Prat Ar Rouz vivra encore ses après-midi passionné autour du ballon. " C'est un sacré joueur et superbe personne. On l'écoute attentivement. il est adoré par tout le monde" soulignent Nicolas Velin, capitaine de l'US Portugaise et Romuald Serrano. Antonio Da Mota affûtera encore ses coups de pied arrêtés, qui rassemble toute la concentration des gardiens. Génie gaucher de la balle, Antonio Da Mota rassemble beaucoup de similarité avec Marc Salaun, sans doute le meilleur joueur du Sud-Finistère sur son talent pur balle au pied. " Je n'ai pas programmé la fin. J'ai peur, je la crains. J'aurai du mal à regarder les matchs derrière la rembarde. Peut-être coach, même ailleurs qu'à l'US Portugaise car ça serait plus facile". En attendant, la flamme n'est pas encore éteinte. L'US Portugaise jouera sans doute le haut de tableau en 2016/2017. Et compte sur quelques coups de patte dont Toto garde le secret pour grapiller des points dans son championnat.
Christophe Marchand