DANS LE RETRO. Sylvain Kerbaul, le surplus d'âme des Paotred Dispount
13 octobre 2016. "Un gagnant cherche toujours une solution, un perdant bascule souvent vers l'excuse", ce proverbe entraîne une responsabilisation des actes personnels quotidiens. Rejeter la faute sur les autres est tentant parce qu'elle évite une auto-critique et un regard sur son propre intérieur. Trouver un bouc-émissaire à ses limites du moment est également un motif de détournement aisé. Le latéral gauche des Paotred Dispount, Sylvain Kerbaul, 24 ans, apparaît transformé depuis quelques mois. Encore en D2, deux ans auparavant, le Gabéricois a connu une transformation saisissante en montant de plusieurs marches en un laps de temps très court. Taillé pour la division d'honneur, Sylvain Kerbaul se surprend à être dans le ton de la plus haute division régionale. Contre Plabennec, le défenseur a respecté l'identité et la devise des coqs, sans peur et à la fin du match, sans reproche. Crédit photo une. Réné Riou
Sylvain Kerbaul se révèle être un excellent joueur de DH
En connaisseur averti des Paotred Dispount, dirigeant depuis l'âge de ses 18 ans, Guy Le Gars, le speaker de Lestonan, avait sorti une phrase remplie d'estime pour Sylvain Kerbaul. " Il y'a un joueur qui me bluffe dans notre début de saison, c'est Sylvain Kerbaul". A 24 ans, ce joueur ayant passé son enfance, à quelques centaines de mètres du stade des Paotred Dispount, a gagné le trophée du MIP (Most improved player), le joueur qui s'est le plus amélioré dans le groupe senior. Cette mutation de niveau n'avait pas échappé à l'oeil averti de Florent Philippe, défenseur central du Stade Quimpérois en D2 dans les années 80. " Je crois que je vais te prendre Sylvain Kerbaul dans le groupe de la première", avait confié à Jean-Michel Ily, le coach de la réserve, Florent Philippe, entraîneur de la A. Avant de lui retorquer sur la même formulation. " Je crois que tu as raison".
Ayant grimpé dans l'ascenseur de la première, au premier tiers du dernier championnat, Sylvain Kerbaul a saisi sa chance. Lucide sur ses limites en DSR, il n'est plus le même joueur. " J'avais du mal à avoir ma place en DSR. Je me sentais lourd sur le terrain et incapable de répéter les efforts demandés par ce niveau de championnat. Passé ce constat, je devais trouver une réponse pour parvenir à ce niveau. J'ai fait une énorme remise en question en perdant 10 kilos en 6/7 mois. Très vite, je me suis senti de mieux en mieux. En match, je me surprenais à monter et à apporter un soutien à mon milieu dans le couloir. Je répétais les courses en match et pour la récupération, je gagnais aussi un ou deux jours", analyse Sylvain Kerbaul.
Cette transformation physique d'une perte de 10 kilos en 6 mois a été atypique et instinctive, sans aide extérieure, ni l'apport d'un diététicien ou nutritionniste. " J'ai suivi les conseils de mon amie. Avant, je mangeais des aliments gras, des plats en sauces et picorer du salé entre les repas. J'ai tout remis à plat, je ne mange plus de pain, je varie les légumes, je ne mange plus que de la viande blanche, excepté une fois par semaine de la viande rouge. Je bois énormément d'eau, entre 2 à 3 litres par jour car ça facilite l'élimination".
Et ça marche! Sylvain Kerbaul n'est définitivement plus le même joueur. Face à Plabennec, une équipe taillée pour la CFA, au 5ème tour de la coupe de France (2-0),Sylvain Kerbaul a tenu son couloir en ne laissant pas d'espaces pour manoeuvrer. " Même en D2, je n'ai jamais eu envie de partir des Paotred Dispount. J'ai commencé le football à 6 ans aux Paotred Dispount. La même année que Brieuc Le Goff ou Yoann Collorec, on joue maintenant en DH ensemble. Ca résume beaucoup de choses. Depuis deux ans, nous faisons des superbes performances. Tout le monde a le sourire, notre complicité est renforcée sur le terrain. On ne laisse jamais un partenaire être en danger. On se surprend à passer les étapes ensemble et on suprend les autres équipes par notre force intérieure".
Cette réussite est l'apanage des gens qui y croient pour l'obtenir. Ce groupe à majorité gabéricois fait la fierté des personnes qui le cotoie de près. " On joue sans complexe. On ne vole pas nos victoires. Locminé, Saint-Malo, La Montagne, Plabennec, on les bat à la régulière en affichant une sacrée envie dans notre jeu. On sentait qu'on pouvait éliminer Plabennec. Individuellement, ils étaient plus fort mais en équipe, nous sommes mis à leur niveau".
Avec un tel tempérament, les Paotred Dispount Ergué-Gabéric respirent une confiance inébranlable entre les joueurs, ciment d'une unité qui renvoie à une phrase lâchée en début de saison par Florent Philippe. " Physiquement ou techniquement, beaucoup nous sont supérieurs mais dans le mental, très peu d'équipes nous sont supérieures". Ces valeurs sont magnifiées en coupe de France, une compétition qui a souvent laissé le club sur sa faim, notamment ces trois éliminations consécutives au 6ème tour, début des années 2010, dont une épique aux pénaltys face à la GSI Pontivy (2-2, TAB). Sylvain Kerbaul est à l'image de son équipe, un joueur formé au club, gabéricois de coeur, qui donne un surplus d'âme à cette expresssion collective. Et comme ils sont une majorité dans ce cas, le résultat devient bluffant, au tableau final.
Christophe Marchand
Crédit photos: Réné Riou
