21 octobre 2016. " Rien de plus faible et fluide que l'eau, mais pour entamer ce qui est dur et fort, rien ne la surpasse, rien ne la remplace", précisait le fondateur du Taoïsme, Lao Tseu, dans son livre de la voie et de la vertu. Pour les (trop) peu de matchs vus de Marc Labat, l'élément de l'eau m'est toujours revenu pour décrire les qualités énormes de ce joueur. A le voir, il n'est ni physiquement, ni morphologiquement au-dessus des autres. Pourtant, sur le terrain, il est aussi fluide que l'eau, qui par ses méandres de déplacement incessant, rend poreux toute défense devant soi, même la plus solide apparente. Son slalom de 50 mètres face à Plabennec, au 5ème tour de la coupe de France, à la 37ème minute, est un modèle du genre, avec un changement de rythme soudain et létal pour ses adversaires car tel l'eau, il entame avec une érosion constante tout ce semble dur et fort. Marc Labat, 32 ans, représente un ensemble de valeurs, hautement apprécié par tous les gens qui ont la chance de le côtoyer de près. Capitaine des Paotred Dispount, pour la première fois de sa carrière, il entend être de la première génération des gars sans peur à jouer un 7ème tour de la coupe de France. Le défi sera de taillle à la Saint-Colomban de Locminé, ce dimanche, entre deux équipes de division d'honneur.
Marc Labat maintien une pression constante pendant 90 minutes sur la défense. Photo: René Riou.
Crédit photo Fanch Hémery
" Ca faisait longtemps que je ne m'étais pas autant éclaté en football. La DH, ça commence à causer quand même", précise le capitaine Marc Labat. Pourtant, cette division d'honneur, sommet de la pyramide senior régionale, Marc Labat aurait pu rester à son pied. A cause d'une luxation de l'astragale, survenue à Locminé contre l'équipe réserve, l'an dernier, en décembre. " J'ai pensé carrément arrêté le football. Le premier diagnostic du médécin était de devoir stopper le sport. J'ai eu une blessure très rare dans le football. J'aurai préféré avoir une fracture tibia-péroné. Je suis passé au bloc de suite avec deux mois de plâtre. Revenir sur le terrain? Logiquement, avec une telle blessure, le corps médical conseille un an d'arrêt complet. Après, le chirurgien m'a dit, tu fais ce que tu veux, tu es un grand garçon. Des douleurs, j'en ai quasiment tout le temps. Dès que je pose le pied, le matin, en me levant, ça me suit sur mes premiers pas. Mais c'est supportable, et si elle l'est, alors ça signifie que je peux jouer. Sur le terrain, j'oublie tout. Ca tient! Ca ne fait pas encore 1 an d'opération, je me dis que dans six mois, ça sera complètement guérie".
Cette force de caractère et d'abnégation est un facteur clé de la personnalité de Marc Labat. Battant sur le terrain, il l'est dans la vie et relativise son cas par rapport à un ensemble d'élément bien plus important. Il ne se laisse pas envahir par les vaguelettes de la vie. Comme Thierry Henry, qui dans le journal l'Equipe, avait confessé qu'il n'avait joué que très peu de matchs dans sa carrière, en bon état physique. La marque des grands est celle de se focaliser sur la face positive, et non sur les éléments plus délicats. Ayant écourté ses séances d'entraînements, cette semaine, à cause d'une légère déchirure à la cuisse (" Pour dimanche, je serai là, à Locminé. Je ne manquerai ça pour rien au monde. La cuisse tiendra"). Son rôle de capitaine, une première sur la durée d'une saison, est flatteur pour le joueur. " Ce brassard, je le dois plus à mon âge car je suis le plus vieux de l'équipe. Je le porte au même titre que des joueurs comme Flo (Pennaneac'h), Jordan (Celton), Ludo (Perennec), Guillaume (Troalen), qui sont tout autant des cadres de l'équipe. Ca s'est fait spontanément au premier match contre Locminé B. C'est flatteur et un honneur de porter le brassard des Paotred Dispount".
Cependant, les Paotred Dispount ont connu une intersaison mouvementée, avec le départ pour les Etats-Unis de leur serial-buteur, Matthieu Le Roux, auteur du chiffre astronomique de 106 buts en trois saisons en équipe première. Marc Labat a été replacé dans son poste préféré. Seul en pointe, avec des milieux créatifs autour de lui. " C'est mon poste préféré, celui où je me sens le plus à l'aise. J'aime avoir de l'espace devant moi, et profiter des contres avec des passeurs comme nous en avons dans l'équipe, je me régale comme rarement dans ma carrière. J'aime le fait de ne pas être attendu. Au début de la saison, tout le monde nous voyait bon dernier en DH, nous voulons prouver le contraire à chaque match", juge Marc Labat.
Cette soif de ballon, Marc Labat l'a toujours eu. Dès ses 6 ans à l'école de football du FC Châteaulin, après un an à Dineault, sa commune d'origine, avec en premier éducateur, Didier Hascoët, qui fut son premier coach en équipe première du CFC, il a fait le centre de formation du FC Lorient, trois ans, de ses 14 à ses 17 ans. " Je n'avais pas les qualités pour aller plus haut. Ce monde professionnel ne m'intéressait pas. On ne m'a pas poussé dehors mais on ne m'avait rien proposé non plus. Je n'aime pas la façon dont sont confinés les jeunes avec un centre de formation de plus en plus fermé sur l'extérieur. A mon époque, nous effectuons notre scolarité au milieu de tous les jeunes de notre âge. Ca fait du bien de s'ouvrir sur les autres, sans être fermé dans sa bulle".
Revenu dans son Sud-Finistère après des expériences en Auvergne et Normandie, pour le travail, il reste ce joueur adoré des supporters de l'US Concarneau, qui se rappelle encore de ce joueur, qui plaisait tant au Kop Allemand et à Guy Piriou pour sa générosité inlassable en match et ses talents de finisseur. Sa performance face au FC Nantes (" mon seul match officiel contre des professionnels et mon meilleur souvenir en coupe de France") est restée dans toutes les mémoires, le 22 novembre 2009, sous les caméras de France 3 Bretagne, avec une humiliation pour les Canaris alors en ligue 2 (3-0, un but de Marc Labat).
Face à Locminé OC (DH), les Paotred Dispount ont hérité d'un tirage au sort hautement compliqué chez un adversaire repu à cet exercice du 6ème tour. " On les a joué pour la première journée, à Lestonan. On avait gagné 3-1. C'est une équipe jeune qui joue très bien au ballon. Je pense que dans leur équipe, peu de joueurs ont vécu une aventure en coupe de France. Comme chez nous". Pendant 90 minutes, voir plus si affinités sur le terrain, Marc Labat sera un fer de lance important de la charge des Paotred face aux Locminois. La victoire est au bout d'un sacré effort collectif. Ces coqs en sont capable avec un état d'esprit au-dessus de la moyenne, porté par un capitaine, qui se rajeunit à chaque match.
Christophe Marchand