Marion Le Noac'h s'enroule autour de ses adversaires, en phase défensive, elle fonce dans les moments de transition vers le but adverse, elle se déhanche, se désaxe pour masquer ou varier son tir devant la gardienne sur son aile gauche. A 26 ans, la seule joueuse formée à Rosporden de l'équipe première, a grimpé à la lumière des performances des Roz Hand'Du 29. Symbole de cette fusion principalement entre les clubs de Rosporden/Sant-Yvi, elle ne cesse de progresser pour compléter son jeu d'une palette plus enrichie tout en gardant sa fraîcheur intacte de découverte du départ.

Face à la réserve du Havre Athlétic Club, le Roz Hand'Du 29 a passé un sacré test de passage en se frottant au très haut niveau de la N3F. Illusoire, deux ans auparavant, le collectif de Mathieu Bourbigot, Yvan L'Hrmitte et Tugdual Tanneau creuse son envie de faire partie de cette table des rois de ce niveau national français. Cette envie d'apprendre et de progression est mis en avant. Tout comme un travail important de trois séances hebdomadaires, clé d'un esprit collectif et de répétition des gammes. Les Roz Hand' Du 29 se sont construit un avenir en soignant particulièrement sa formation et a placé ses tremplins d'accession en attirant une sympathie grandissante, à travers un public fervent et à bloc derrière son équipe féminine. Ce samedi soir, près de 600 spectateurs se sont massés dans les travées d'une salle omnisports, devenue soudainement exigüe les soirs de match pour répondre à cette attente forte populaire.
Les filles du Roz Hand Du 29 ont façonné une destinée peu commune, celle d'être la première équipe du Sud-Finistère à évoluer à ce niveau national. En deux ans, elles ont gagné une solidité dans leur aprentissage. Promues l'an dernier, elles respirent aujourd'hui une confiance et un talent pour jouer le podium final. Contre Le Havre une équipe à la dimension physique supérieure, les Roz Hand Du 29 sont passés près de la victoire (23-26). " C'est décevant parce qu'on passe devant. On prend trop de deux minutes. Ca nous pénalise. On essaie des choses, de maîtriser des gabarits un peu plus importants. Sur le terrain, il y'a moins de mobilité. Il y'aura plus de tirs à 9 que d'habitude. Quand on passe devant, elle ose moins. Il y'a eu des échecs aux tirs. Après, il y'a des regrets", consent Marion Le Noac'h.
La mobilité, facteur clé, de la réussite dans ce match, les Roz Hand'Du 29 mettent en avant leur force pour lutter d'égal à égal face à ces formations d'un calibre supérieur. " La différence se creuse avec leur réussite revenue en attaque en milieu de seconde période. On repasse devant parce qu'on a du physique. Elles sont moins efficaces et moins rapides. Dès qu'on les bougeait un peu, on voyait qu'elle sétaient moins mobiles en défense. L'idée était de libérer rapidement. On a réussi rapidement".
Les joueurs se subliment avec une ambiance, qui a peu d'égal en France dans cette division. Les joueuses locales se sentent portées par cette foule. Comme l'explique Marion Le Noac'h, dont la première supportrice, Colette, sa mère, n'a raté que très peu de matchs depuis ses débuts dans le hanball à 6 ans, à Rosporden. " Notre progression est énorme. Dans les consignes, on ne s'entend même plus avec le brouhaha des tribunes. La déception est encore plus amère parce qu'on avait envie de gagner pour tous ces gens qui nous soutiennent. Les nouvelles s'intègrent bien. La rigueur est présente aux entraînements même avec deux semaines de pause. Travailler avec le pivot, à sept joueuses de champ"
Joueuse mobile par excellence, qui mise sur son anticipation, sa rapidité, et sa vitesse dans les tirs, Marion Le Noac'h s'est adaptée à ce niveau de la N3F, non sans une certaine appréhension à ces débuts dans cette division. " Je fonctionne beaucoup à l'instinct et en rapidité comme Marion Lecoq. On communique beaucoup plus entre nous, dans les temps morts, en défense. Je jouais en 2012 à Rosporden en excellence régionale. Cette effervescence atour de l'équipe, ça a commencé avec le parcours en finale de la coupe de Bretagne, à Plérin en juin 2013. Quand on nous avait dit au départ une entente avec Saint-Yvi, ça ne nous embellait pas forcément. C'étaient les rivales, celles qui fallaient battre. Cependant, cette entente a pris de suite. Ca ne fait que grimper. On voit du monde débarquer. Moi-même, je ne savais pas si j'avais les capcités technique de jouer en N3F. Agréablement surprise de voir que c'est à notre portée. Mathieu (Boubigot, le coach principal), Yvan (L'Hermitte), Tugdual (Tanneau), tout le monde est motivé et ça se ressent"
Crédit photo: Olivier Stéphan