DANS LE RETRO. Yoan Kervéant, le battant de Pierre Salaun
31 janvier 2017. " J'ai encore la tête qui tourne", glissait dix minutes après la fin du match, le Scaërois, Yoan Kervéant. Assis à récupérer quand les autres célébraient leur victoire dans les vestiaires, Yoan Kervéant, 30 ans, possède un profil atypique et attachant dans son jeu. Complètement en dehors des sentiers tracés, à son poste d'attaquant, il est le joueur qui a le plus taclé dans la dernière demi-heure face à la réserve de la Stella Maris Douarnenez. Venus en proche voisin, les joueurs de l'US Quimperlé ne se sont pas trompés en prenant en sympathie ce joueur sur les dernières minutes du match. Son caractère opiniâtre et entièrement dévoué à l'équipe n'a échappé à personne. Ce "super sub" à la mentalité exemplaire se contente de ce rôle de joker de luxe, conscient de ses manques par rapport à la paire redoutable, Benoît Duval/Sullivan Noc. D'ailleurs, si le premier marque l'ultime but dans les arrêts de jeu, suite à une faute de concentration de la charnière centrale stelliste, il doit aussi sa réussite au travail de sape tellement généreux de Yoan Kervéant. Portrait de cette flèche locale.
Yoan Kervéant, inlassable chasseur de ballon au pressing défensif.
Capable de sprint à répétition, taclant superbement après une course de 30 mètres, dans les pieds de relance de Julien Jade, et de faire une course instantanée vers le but, une minute plus tard, Yoan Kervéant a donné plus que son maximum face à la Stella Maris de Douarnenez B. Attaquant de complément, de rotation, le joueur de l'EA Scaër est rentré juste avant la mi-temps à la place de Benoît Duval. " Généralement, je ne joue qu'une mi-temps. Je sais que j'ai un jeu différent, moins fin que celui de Enzo Hervé, Sullivan Noc ou Benoît Duval. Je peux miser sur la vitesse et le jeu en profondeur. Mes replis défensifs? Sur les pressings, j'y vais toujours à fond pour gêner au maximum les défenseurs adverses. Nous avons un superbe état d'esprit depuis trois ans au club. N'importe quel joueur a sa chance de prouver à un nivau supérieur, il n'y a pas de différence entre les joueurs. Tout le monde donne le maximum sur le terrain en A, B, C et D"
Les mains sur les genoux pendant une minute à la 89ème minute
En 45 minutes de jeu, il aura soulevé plusieurs fois les applaudissements nourris de Pierre Salaun, qui apprécie visiblement ces efforts colossaux à la perte du ballon et son apport offensif. Adoubé par tout le monde, Yoan Kervéant avait pourtant arrêté le football neuf ans à l'adolescence. " J'ai commencé à 8 ans à Scaër avant d'arrêter à 13 ans. J'ai repris sur le tard, à 22 ans grâce à mon beau-frère, David Gréaux, coach en équipe C. Souvent, je rentre dans la dernière demi-heure pour fatiguer les défenses. Je ne plains pas de ce statut de remplaçant. Tant que le club vit bien et que les équipes senior aussi, ça me va. Dès que je suis sur le terrain, j'essaie d'apporter tout ce que je peux". Les mains sur les genoux pendant une minute, à la 89ème minute, suite à deux efforts prolongés, en milieu de terrain restera comme une forte image de ce match entre l'EA SCaër et la Stella Maris B de Douarnenez. Par sa dévotion pour le collectif, Yoan Kervéant mérite tellement cet éclairage qui récompense un battant, un caractère et un état collectif très largement au-dessus de la moyenne pour un attaquant, réputé en cliché commun égoïste. Quand on le voit sprinter aux quatre coins du terrain, comme un damné du pressing, on se doute bien de l'énorme état d'esprit colectif qui anime ce groupe. L'EA SCaër n'est pas premier pour rien de son groupe B de promotion d'honneur. Qu'on se le dise.
Christophe Marchand