Alors que le club du Quimper Volley 29 est toujours dans l'expectative de son repêchage ou non dans l'élite, une lecture poussée et approfondie du rapport de la DNACG, consultable sur le site de la ligue nationale, fait frémir un regard extérieur. En spectre, la question de la viabilité du volley-ball professionnel féminin se pose quand 50% des clubs affichent un compte en situation négative sur les deux derniers exercices 2011/2012 et 2012/2013, 40% des clubs dépassent la barre des 10% de passif sur leur budget global de fonctionnement, avec une dépendance en moyenne de 60% de fonds publics. La sonnette d'alarme doit être tirée.
40% des clubs de l'élite féminine, période 2011/2013, affichent un déficit supérieur à 10% de leur budget de fonctionnement. Crédit photo: Kévin Coadou
Déjà en tant que simple observateur de l'Open Generali de Istres, du 27 et 28 septembre 2013, qui rassemblait pour la première journée de championnat, les 10 équipes de ligue A féminine, la faible présence de spectateurs m'avait interpellé et marqué dans la salle. Même l'équipe locale de Istres n'avait pas réussi à attirer plus de 500 spectateurs à son match face au Cannet. L'évènement était pourtant propice à une mobilisation spontanée et généreuse autour du volley-ball féminin. De cette simple constatation terrain, s'ajoute celle de la confirmation dans les comptes des clubs. Le budget recette spectateur n'intervient pas pour 60% des clubs de l'élite, période 2011/2013, soit Le Cannet, le Hainault, Calais, Béziers, Albi, Istres et plus surprenant le RC Cannes, triple championne d'Europe et 18 titres de championne de France. Dans le budget global de ces clubs cités, cette colonne du fichier excel intervient à 0% des recettes du club. Seul Mulhouse indique la part de 5% de ses produits avec la recette des spectateurs.
Dans le volley-ball professionnel, tout comme certains sports, la dépendance aux collectivités (mairie, conseil général, conseil régional) est très forte. 60% en moyenne pour les 10 clubs de l'élite féminine, avec un taux porté 71% pour Nantes, vice-championne de France 2013/2014, 76% à Istres ou le chiffre extraordinaire de 97% pour Calais (retrogradé administrativement).
La dette cumulée sur les 10 clubs de la LAF sur deux exercices revèle le montant de 487.000 € de passif, avec un écroulement de 500.000 € de passif en une saison, celle de 2012/2013. Dans la catégorie des clubs en difficultés, Calais (249.380 € de passif en deux ans) et Albi (115.928 € de dettes) ont déjà fait les frais d'une mauvaise gestion avec une rétrogadation administrative. Istres avec 110.070 € de passif cumulé sur deux exercices et Le Hainault avec 202.076 € pourraient être les prochaines victimes de la DNACG, dont le verdict est attendu pour vendredi au mieux, ou reporté à mercredi au plus tard de la semaine prochaine.
Le volley-ball dans son ensemble est bien malade d'une situation très fragilisée, dont la première constatation sur les 40 clubs professionnels est la part famélique et marginalisée des recettes spectateurs. Pour être viable, le volley devra impérativement actionner ce levier. Il en va de son avenir professionnel. A un niveau local, le club du Quimper Volley 29 a parfaitement aniticipé ce rapport de forces à sa faveur avec un taux de remplissage de sa salle, le jour de match, à +90% sur les deux dernières saisons. Cet élan populaire pour le volley a ensuite contribué à intéresser plus de 80 partenaires privés, qui veulent inscrire leur marque dans cette dynamique. Avec 265.000 € apporté en fonds privés, Quimper se place au 3ème rang des clubs Français professionnels de volley-ball féminin derrière Cannes et Mulhouse.
A une sacrée croisée des chemins
Chez les garçons, des 14 clubs de l'élite, le baromètre vire au vert, après une période de très fortes turbulences. 9 clubs étaient en situation négative en 2010/2011. Aujourd'hui, 3 clubs sur les 14 de l'élite sont dans le rouge. Cependant, la part des investisseurs privés passe sous la barre des 30%, avec une baisse de 6,3% sur 2012/2013.
Le volley-ball professionel féminin vit clairement au-dessus de ses moyens, avec une dépendance trop forte envers les fonds publics. Avec la disparation programmée des conseils généraux, à horizon 2021, un désengagement de l'Etat progressif sur le budget des collectivités territoriales, départementales et régionales, la refonte des conseils régionaux pour 2017, le volley-ball, dans son ensemble, est à une sacrée croisée des chemins, plombé par un schéma de fonctionnement actuel sans avenir. La réponse devra se trouver dans une grande concertation avec les clubs, un pot commun d'idées qui doit engager ce sport sur une autre voie, celle d'un meilleur équilibre entre apport public et privé.
Christophe Marchand