Après un entretien avec le président Jean-François Lagadec, en début de semaine dernière, l'entraîneur des Paotred Dispount a appris sa non-reconduction pour l'année prochaine. Les dirigeants du club veulent insuffler un cycle nouveau avec un autre coach à sa place. Achevant en fin de saison sa neuvième saison aux Paotred Dispount, toute une génération de joueurs n'a connu qu'un entraîneur en senior. Il restera peut-être comme l'entraîneur du siècle des Paotred Dispount (création en 1913), avec quatre montées de la DRH à la N3, trois successives pour mener ce club à un niveau inconnu de compétition, en senior. Ce samedi après-midi, à la Forêt-Fouesnant, pris par l'émotion, il n'est pas resté traîner, après l'avoir annoncé officiellement à ses joueurs à la rentrée aux vestiaires du derby perdu face à l'US Concarneau B (0-1). " Je pensais être capable de prendre sur moi mais juste après l'avoir dit à mes joueurs, j'ai eu un gros coup d'émotion. Ca m'a retourné complètement en me prenant aux tripes. J'étais déçu pour les joueurs d'avoir perdu ce derby et de mettre fin à une aventure humaine de 9 ans. J'ai amené des joueurs à des niveaux qu'ils n'avaient jamais pensé atteindre. Ma plus belle récompense et reconnaissance sont venus de leur part car même dans le tourbillon de la défaite, ce sont des supers mecs"
Florent Philippe quittera les Paotred Dispount, à l'issue de la saison en N3.
Compétiteur dans l'âme, Florent Philippe est connu pour être un meneur d'hommes hors-pair, capable de faire renverser des montagnes sportives à son groupe. Après 7 mois de compétition et 17 matchs effectués, son regard sur le championnat N3 est affûté. " A 99%, nous sommes relégués en R1 mais sur les 9 derniers matchs, nous recevons 6 fois à Lestonan. C'est une chance incroyable et un défi fou. Le maintien en N3, tant qu'on n'est pas mort, on le jouera à fond tous les dimanches", confirme Florent Philippe. Sans se soustraire de ses responsabilités, il évoque un bilan de cette saison contrasté. " Dans cet échec, on a tous une part de responsabilité, mais je suis, bien sûr, en première ligne. Mais quand on fait une photographie de ce début de saison, on comprend vite pourquoi la tâche est devenue très compliquée, dès le début de la préparation. Et malgré tout, il ne nous manquerait pas grand-chose pour se maintenir, probablement un peu de chance mais surtout de l’expérience, indispensable pour bien se comporter dans ce championnat très relevé de N3".
Ayant fait l'introspection de ces manques, il les évoque pour expliquer la longue mise en route de cette saison dans un championnat N3, à deux vitesses entre des réserves de clubs professionnels, ou des clubs calibrés pour le niveau supérieur comme le Vannes OC au budget avoisinant le million d'euro (900.000 €). Florent Philippe relève cinq causes principales à effets immédiats sur les résultats de l'équipe première.
1 / Une infraction au statut de l’arbitrage m’a interdit de mettre plus de 4 mutés sur le terrain. Dans un championnat de N3 aussi relevé, une telle restriction devient vite un gros problème. Je pense être le seul entraîneur du groupe dans ce cas-là. Nous avons recruté une douzaine de joueurs pour la A et pour la B, et lors des entrevues de recrutement, ils ont tous été informés d’une concurrence de 6 mutés… Pas 4, et donc cela a impliqué de la frustration pour les joueurs ne jouant pas en N3, et donc une gestion supplémentaire de ces mutés.
2/ Un apprentissage trop long des exigences de ce championnat.
3/ Un manque d’expérience de 80 % de mon effectif senior.
4/ Des blessures à répétition et des suspendus au mauvais moment. C’est le lot de tous les clubs, mais, quand au niveau de l’effectif, les joueurs d’expériences sont très rares, tout devient compliqué. Encore ce samedi à La Forêt-Fouesnant trois joueurs sont sortis sur blessure avant l'heure de jeu (Efflam Lucas, Marc Labat et Jordan Herry)
5/ Des terrains mal entretenus et de ce fait, des conditions d’entraînement difficiles et indignes d’une équipe évoluant en N3.
Suite à ce constat, et cette fin programmé en mai 2018, à Lestonan, Florent Philippe est fermement disposé à rebondir de suite sur un autre challenge. " Je comprends et je respecte leurs décisions. Les dirigeants des Paotred Dispount ont quand même eu la délicatesse de me prévenir assez tôt pour que je puisse me retourner et retrouver un club pour la prochaine saison et je trouve cela correct". Chevillée à cette passion intense du football, pour un ancien joueur professionnel de Ligue 2 au Stade Quimpérois et à Chaumont, formé à Clairefontaine à l'INF Vichy (où sont sortis les Nicolas Anelka, Thierry Henry...), il parle de son avenir prochain et joue carte sur table, à sa manière, en toute franchise.
" Le football est ma passion et je ne me vois pas arrêter maintenant, surtout pas après ces dernières années de plaisir à entraîner cette belle génération des Paotred Dispount. J’aimerais, pour la saison prochaine, retrouver un club qui aurait un projet ambitieux. Je suis prêt à relever un nouveau défi et à mettre toute mon expérience d’entraîneur ou de responsable technique au service d’un club du Finistère ou d’ailleurs. Je désire également profiter de ce changement d’orientation pour retrouver un nouveau job complémentaire à mon métier d’entraîneur. Aujourd’hui, je suis salarié à temps partiel aux Paotred et ce jusqu'à 30 juin 2018 et à temps partiel en CDI comme chauffeur de transport en commun. Je suis également en disponibilité de la fonction publique depuis 10 ans. Je recherche un club qui pourrait me redonner une chance d’intégrer une collectivité sur un emploi sportif ou autre. J’apprécierai également un emploi football à temps plein dans l’application d’une politique sportive, comme j’ai pu le faire il y a quelques années en Dordogne, à Trélissac (N2). Enfin, j’étudierai toutes les propositions que je recevrai"
Loin d'être abattu par quelque chose d'irrémédiable à long temre pour un entraîneur, Florent Philipe se tient prêt à un nouveau challenge. Le club qui le convaincra, gagnera en plus de ses qualités de technicien reconnu, un battant qui marche à l'affectif et au projet club. Le sien passera nécessairement par un emploi soit à l'intérieur du club, soit de préférence en collectivité.
Christophe Marchand
