Les années 70: Retour sur une décennie exceptionnelle pour le sport bigouden (1/5)
Faire une remontée de courant sur 50 années, avec en fil conducteur, le sport dans le Pays Bigouden, est à la fois terriblement passionnant et déstabilisant, devant la masse à défraîchir. Evidemment, ces souvenirs loin d'être exhaustifs, sont inscrits dans le temps, dans la légende du sport bigouden, qui présente une richesse inégalée par sa variété et son intensité. Par tranche de décennie, cette série démarre, pour son premier volet, en cinq épisodes, par les années 1970, la France de Pompidou et Giscard d'Estaing, et dans le sujet qui nous intéresse, un débarquement dans la folie penmarchaise, un crochet par le légendaire COLT, mais aussi la fête de la Tréminou, à Pont l'Abbé, qui a sans doute, accueilli les plus grosses affiches de football, en match amical. Aussi, en amont, la création d'un club de rugby à Pont l'Abbé, le RCB, qui a l'originalité unique d'être le 1.000ème club français crée dans l'ovalie en 1968, ou de la flèche bigoudène, Jean-Paul Le Gall, originaire de Landudec, international français en cross et au marathon, lié évidemment au CA Bigouden, qui a très longtemps détenu le record finistérien de marathon. Plongée au coeur de ces années 70.
Légende: Montés en D3, à l'issue de la saison 1974/1975, avec sept joueurs penmarchais, dans l'effectif, les Cormorans Penmarc'h joueront contre les grands noms du football français: l'EA Guingamp, le Stade Rennais (B), le FC Nantes (B) ou le Paris Saint-Germain. Crédit photo: DR
Le Pays Bigouden, c'est le football, un amour porté au paroxysme dans les années 70. Une effervescence retrouvée nulle part ailleurs, avec des matchs gravés dans la légende. En ouverture, les crabes de l'US Guilvinec contre les Cormorans de Penmarc'h, le 15 novembre 1970, six jours après le décès du général De Gaulle, un remake d'Italie - RFA, quelques mois avant, en demi-finale de la coupe du monde au Mexique (4-3, ap). Une affluence jamais vue, estimée à 4.200 spectateurs, à Penmarc'h, l'enjeu est simple, le vainqueur s'assure de la montée en DRH. Menant 0-3 en première mi-temps, les Crabes du président Jules Furic, le père d'Alain, avec leur entraîneur-joueur mythique, André Malouema, prenaient une grosse option, mais les Penmarchais, revigorés, affichaient une sacrée force de caractère pour remporter le match 4-3.
Un match de fou! " Le sport prenait le dessus sur le cadre de vie. Nous étions plus dans la confrontation avant. Une sortie, la veille d'un match, c'était impossible, parce qu'on aurait perdu tout le bénéfice de notre dernier entraînement. La fête, on la faisait après le match. Le football amateur, aujourd'hui, est complètement différent, il y'a beaucoup moins qu'à notre époque, cet esprit de compétition qui était amené au départ par notre amitié, mais nous sommes plus aujourd'hui dans un football où le simple fait de jouer entre copains leur suffit", explique Pierrick Bodéré, buteur dans ce match pour Penmarc'h et premier buteur en D3 face au Stade Rennais B (septembre 1975, victoire 1-0).
Après cette montée en DRH, les CS Penmarc'h connaîtront une ascension folle, jusqu'à la D3 ( équivalent de l'US Concarneau en National), avec une montée acquise en 1974/1975. Même avec le départ de Roger Castric, alias " Castro", à Montpellier, les Cormorans atteignent le 3ème niveau français, avec toute une bande de jeunes Penmarchais, Jean-Yves Paubert ( Loctudyste), Jean-Yves Lappart, Jacky Chevalier, le gardien, le père de Laurent, René Trébern, Jacques Lucas, Claude Volant, Gilbert Le Pape. Cette montée en D3 sonnera le graal penmarchais, avec l'entraîneur-joueur, Mahi Kennane.
Des vraies pointures arriveront en Bigoudénie: Roland Bloch, Jean Cariou ( Plogonnec), Christophe Sagna ( Stade Lavallois, père de Lionel, joueur au Quimper Penhars FC), Loïc Kerbiriou ( ex capitaine du Stade Rennais), Alain Le Louet, ou Roger Formica, pro au FC Metz. Trois ans de folie, avec une affluence supérieure à 2.000 personnes, 3.000 à 4.500 dans les gros matchs.
Exemple, des matchs gagnés face à la réserve du FC Nantes, en 1976, en D3 qui alignait des vraies pointures, comme l'avant-centre, Eric Pécout, qui marquera un triplé en finale de la coupe de France, trois ans plus tard, face à l'AJ Auxerre ( victoire de Nantes 4-1, ap), Raynald Denoueix en défense centrale, Bruno Baronchelli, qui quatre ans plus tard, marquera un doublé face au FC Valence en match aller de la demi-finale de la coupe des coupes ( C2, coupe d'Europe, victoire 2-1 à Marcel Saupin), ou sur le banc, un certain.... Jean-Claude Suauadeau.
" Nous avons joué face à Penmarc'h, comme une équipe de PH", affirmait " Coco" Suaudeau, à l'issue de cette défaite à Jos Péron 2-1, sur des buts sur période d'Alain Le Louet et un but du " Patator" local, Roland Bloch. Aussi en performance aujourd'hui surréelle, l'EA Guingamp du président Le Graët, balayé 5-0 par les Cormorans, en 1977. Dans cette aventure folle, Penmarc'h a même été repêché, une fois, au titre de la meilleure... affluence. Comment pouvait-il en être autrement?
Au COLT, du nouveau, avec l'arrivée en entraîneur-joueur d'un ancien professionnel, du FC Lorient, Robert Bechennec " La Bêche", Quimpérois, rattaché au CA Penhars, à ses débuts, qui avait signé professionnel cinq ans au FC Lorient en 1970, suite à ses années au Stade Quimpérois. Arrivé à 26 ans à Treffiagat, il y entraînera sans discontinuité pendant 17 ans l'équipe première sous la présidence du "maire", Albert Hénot. Convaincant Bernard Cozic ( ex Stade Quimpérois et US Guilviniste) ou Gilbert Le Pape, le CO Léchiagat Treffiagat (PH) fait mordre la poussière, en coupe de France, à l'US Berné de Christian Gourcuff (DH), le 27 novembre 1977, avec un but de Cozic à la 88ème, devant 2.000 spectateurs, à Keristin. L'aventure prit fin, trois semaines plus tard, au 6ème tour, face à l'US Montagnarde (DH), devant 3.000 spectateurs, à Keristin. Bernard Pochic avait même ouvert le score à la 67ème minute pour les Bigoudens, mais La Montagne s'imposera 1-2. " C'est des années bonheur. Sur le terrain, il y'avait de sacrés affrontements entre nous, mais après, c'était la fête du football, une ambiance, l'insouciance, avec toute une vie après le match, au Petit Yann, au Bataclan, ou à la Pizzéria La Roma, au Guilvinec", explique Robert Bechennec
Direction Pont l'Abbé, maintenant, où la fête de la Tréminou ( encore une institution locale) rimait avec un match de football de gala. Sincèrement, ces 10 années entre 1970 et 1980 ont été un bonheur, avec au stade municipal de Pont l'Abbé, datant de 1955, avec des affiches amicales telle Stade Rennais - Anderlecht, en 1970 ( 6.000 spectateurs), Tottenham - Stade Rennais en 1975 ou un surprenant Standard de Liège - Honved Budapest en 1973. Cette année-là, la sélection du Sud-Finistère damait même le pion à Everton. Victoire 1-0 des Sudistes face aux Blues d'Everton, avec un duo Jubert/Le Borgne de gala.
Outre le football, qui déchaîna la passion populaire, ces années furent marqués par toute une série de personnes dévoués au sport, Jacky Trébern, professeur de sport à Laënnec et entraîneur au CA Bigouden, de Guy Le Reun, professeur de sports au lycée maritime du Guilvinec, ont été pour beaucoup dans cette passion omnisport, avec toute une génération marquée au fer rouge par ce virus du sport.
En athlétisme, le Pays Bigouden compte aussi ses champions, Joël Menut à la perche, ou Patrick Gadonna de Pont l'Abbé, champion de France de 800 mètres, à 21 ans, en 1971, au stade de Colombes, en 1'48"04. Blessé au printemps de l'année 1972, il ne pouvait confirmer et décrocher ainsi sa sélection avec le maillot bleu pour les Jeux Olympiques de Munich en 1972. Originaire de Landudec, Jean-Paul Le Gall allait aussi passer la vitesse supérieure, il affole les compteurs sur cross et marathon et fut intégré à l'équipe de France en cross en 1972/1973 et en marathon de 1979 - 1984.
" L'athlétisme, à cette époque, était pour compléter le football qui dominait tout. Souvent les saisons ne duraient que trois mois, entre la fin du dernier match et le début du premier, de mai à septembre", reconnaît Jean-Paul Le Gall, qui lui-même fut joueur à l'ES Laududec. Ces années 70 ont marqué un âge d'or du sport, celles qui suivront, seront dans la continuité avec la même effervescence, dans le Pays Bigouden.
En partenariat avec Leclerc Pont l'Abbé, le premier volet de ses 50 années de sports dans le Pays Bigouden, avec la décennie 1970.
A suivre, ce mardi 27 décembre, la décennie 1980, les années bonheur.
Merci aux clubs pour la transmission des archives photos
