Mardi 11 mars. Le coup-franc direct des 60 mètres de Kévin Le Goff (AS Plobannalec-Lesconil, DSE) a vite rattrapé son auteur pour prendre une direction médiatique sur les réseaux sociaux et par voie de presse. Le missile longue distance de la 77', objet non identifié par le gardien du FC Quimperlé, a propulsé ce coup-franc dans la légende du football amateur. Un tir, auquel une référence appuyée a été faite deux générations en arrière, à Jean-Pierre Bosser, le défenseur de Pouldreuzic, qui avait soulevé l'admiration des spectateurs du stade Mayol, à Toulon, avec le Stade Brestois (saison 1985/1986). Une transmission Bigoudène de témoin.
" On m'en a beaucoup parlé sur ces derniers jours. Dès dimanche, j'ai su qu'un autre Bigouden avait marqué du milieu de terrain. Après, record, pas record, c'est dur à dire. Tous les records sont fait pour être battus autrement ils n'ont pas de sens. Il était de côté, j'étais face au but. Le secret est d'oser le faire. Après, il faut des circonstances qui s'y prêtent. Pascal Olmeta, qui était un excellent gardien, avait raté son dégagement. Je n'avais plus qu'à soigner ma frappe. Nous avons reparlé après de ce but avec Pascal Olmeta. Il est fort possible que ça lui a coûté sa place en coupe du monde au Mexique, avec l'équipe de France en 1986", précise Jean-Pierre Bosser, l'ancien joueur de Brest, l'OGC NIce et du Paris Saint-Germain.
Les pieds sur terre, la tête dans les nuages par rapport à ce fait extraordinaire de jeu, Kévin Le Goff, défenseur à l'AS Plobannalec-Lesconil (DSE) voulait essentiellement mettre en avant la performance collective de l'équipe plus qu'une action de jeu isolé. " Émotionnellement, mes buts décisifs, l'an dernier, contre Penmarc'h (97', 3-2) et Baud ont été plus forts car ils nous garantissaient les points de la victoire. Là, il restait du temps à jouer. Il fallait donc rester concentré jusqu'au bout pour tenir cette victoire qui nous sortait enfin de la zone de relégation. Il trouvera un sens ce but si nous avons le maintien en fin d'année".
La référence à Arnaud Fouquet : Ce but dépassera sûrement le cap d'une saison. Il restera dans les mémoires collectives de ceux qui ont vécu cet instant en direct, au stade de Kerbertrand. Il prendra tout son sens quand des années, après, la référence sera encore faite au cours d'une conversation, à ce but venu d'ailleurs, qui a germé le temps d'une minute de réflexion dans la tête du joueur. " Notre gardien, Yann Raphalen avait fait la remarque que leur portier adverse était sans arrêt avancé. Il a fait remonter l'information à Mathieu Daniel, qui me l'a indiqué avant le coup-franc. Le changement fait par notre coach, Mikaël Caoudal, de Clément Le Bec par David Piriou, m'a aidé car il m'a donné le temps de me concentrer sur cet objectif. Il ne fallait surtout pas que je regarde le but. J'ai même le souvenir d'avoir appelé David pour faire une fausse-piste. Je fais le geste parfait. Je l'avais déjà tenté contre Quimper Kerfeunteun B, l'an passé mais c'était passé à trois mètres du but".

Ayant commencé au CS Penmarc'h pour ses premiers pas de footballeur, il se rappelait d'un joueur senior au club des Cormorans, qui avait tenté et réussi ce même geste du milieu de terrain. " Tout le monde m'a parlé du but de Jean-Pierre Bosser. Ma référence pour ce genre de but venait plus de Arnaud Fouquet, qui avait réussi ce tir face à Quiberon. J'avais 13 ans à l'époque dans les tribunes mais je m'étais promis de marquer un tel but en senior à cet âge. Je me suis fait chambrer par mes partenaires, qui m'ont pris pour un fou. Certains pensaient qu'on allait perdre la balle (rires). Maintenant, il faut rester les pieds sur terre. Nous sommes très chanceux de gagner ce match. Quimperlé a eu la possession 80% du temps sur ce match. Nous sommes invaincus en 2014. Le groupe a été formidable dans l'adversité. Personne n'a jamais lâché".
Jean-Pierre Bosser, revenu de son aventure avec un club Réunionais, se rappelle non avec certitude qu'il avait fait un geste similaire, un ovni gagnant du milieu de terrain à Le Blé face à Lille. " Maintenant qu'il a commencé à s'essayer, il faut qu'il en fasse un autre. J'avais réussi, quelques semaines après le même but que Toulon, un peu plus avancé dans le terrain, face à Lille. C'est dans les gênes des Bigoudens (rires)".
Ce coup de maître mérite une reconduction. A vos smartphones dorénavant quand le "Scudator" de Pont-Plat, Kévin Le Goff prend sa course d'élan.
Christophe Marchand