SOUVENIRS & NOSTALGIE. Les Lucas: la garde de fer de l'AS Plobannalec-Lesconil

La dérive du monde professionnel avec son amas d'argent n'a pas franchi le camp retranché de Pont-Plat. Encerclée par des clubs à la philosophie différente, l'AS Plobannalec-Lesconil est un digne représentant du football amateur, dans sa valeur la plus noble, celui de réprésenter sa commune au plus haut niveau possible. " Nous ne voulons pas tomber dans ces excès! La question s'est posée en 2007/2008 de payer certains frais de déplacements quand le club est monté d'un coup de la PH à la DSE. Il y'a eu un débat. Notre génération 1984, celle de Johan Scoarnec, Christophe Guéguen s'est farouchement opposée! Si le club franchissait le pas, nous partions car ça ne représentait pas notre vision du football", souligne Guillaume Lucas.

Le club a toujours véhiculé cette image de passion et d'investissement. Dans des strucutres où la crise du bénévolat est frappante, l'ASPL vit à contre-courant de ce mouvement de fond. En patriarche, Daniel Durand, Gwendal Ollivier, Bertrand Cossec, Philippe Allain, Frédéric "Bill" Bassement, Loïc Le Fur, Michel Gourret... Des personnes sur-investis dans leur club, qui vivent une bonne partie de l'année pour faire avancer leurs actions et idées. Guillaume Lucas, latéral gauche, est un monument à l'AS Plobannalec-Lesconil. 24 saisons au club, le sang jaune et noir dans la peau, il est un enfant de la commune, qui a grandi à travers son club. " Je suis trop bigouden dans l'âme pour penser à partir. Pourtant, mes études d'ingénieur sur Rennes m'encourageaient à le faire. Tous mes copains de promotion sont dans des grandes villes. Je suis resté au pays en m'occupant d'un camping. Et je ne le regrette absolument pas. L'ASPL, c'est plus qu'un club. C'est en moi! C'est un engagement au service des autres. Je suis très à l'écoute avant et après les matchs. Mon rôle est de transmettre aux jeunes cette flamme, de passer des bons moments autour du football. Il n'y a pas de clivage au club".

Le président de la défense

Dans l'axe de la défense, Julien Lucas a été touché par la grâce du fooball dès le berceau. La classe à l'état pur dans son placement, ses interventions et les relances. Une impression de facilité et de maîtrise extérieure du haut des tribunes de Pont-Plat. " C'est notre Laurent Blanc! Le président de la défense. C'est grand, imposant, élégant. Il a passé un cap en étant plus régulier. Il devient un cadre du vestiaire. Son avis est écouté. Franchement, on ne peut pas trouver mieux en qualité dans tout le Sud-Finistère, à notre niveau", avoue son compère Guillaume.

A 28 ans, il rentre à son poste dans ces meilleures années. Formé au club voisin du TGV (Treffiagat-Guilvinec), il a bifurqué par le Quimper Cornouaille FC, jusqu'à jouer des matchs en CFA/CFA 2, sans trouver une place de titulaire. " J'ai un gros côté perfectionniste, qui fait que je suis rarement satisfait de mes prestations. Et un côté ronchon que j'apprends à maîtriser. J'ai fait partie du groupe de la première à Quimper à trois ou quatre reprises, mais la concurrence était dure avec des joueurs comme Julien Bonizec ou Gilles Kerriou (un monsieur et un exemple!). J'ai appris beaucoup en étant à l'écoute des anciens", avant de poursuivre. " Je suis compétiteur. Je voulais être titulaire en CFA. Au bilan de fin de saison, Pascal Laguillier, mon coach en réserve me disait que j'étais sur le bon chemin mais jamais le club ne m'a fait confiance en équipe première. Alors, je suis revenu au Pays Bigouden. D'abord au TGV, mon club. Je ne me retrouvais pas car il n'y avait pas de cadre. A 6 aux entraînements, on n'avance pas. Avec Plobannalec, j'ai trouvé le club parfait pour m'épanouir dans le football".

Du costaud dans toutes les lignes

La coupe de France peut sceller un destin extraordinaire de cette génération dorée. Le match de Saint-Renan (DSE) au 7ème tour en 2012/2013 a été une mise en appétit savoureuse mais douloureuse. " Jamais, je ne suis fait éliminer dans ma vie en deux minutes. J'y repense toujours", affirme Julien Lucas. Avec cette génération 1984, le Pays Bigouden a connu de sacrés bons joueurs de football avec Mikaël Caoudal, Christophe Gueguen, Johan Scouarnec, Yohan Rivière, aux portes de la montée en L1 avec Dijon, ou encore Kévin Sévignon. " Nous sommes la dernière équipe du Pays Bigouden en compétition. Notre équipe est composée entièrement des joueurs de Pont l'Abbé, de Plobannalec, de Penmarc'h, du Guilvinec. On se doit de passer à Kerchopine Cléguer pour notre territoire", affirme Guillaume Lucas. Après un an d'apprentissage en DSE, cette génération Gwendal Ollivier, auteur de trois montées en trois ans, de 2004 à 2007, est arrivée à son pic de maturité. " Défensivement, nous sommes très costaud. On a franchi un cap mental dans la résistance. Si nous marquons un but, nous savons derrière que nous tiendrons tout le match. Nous avons passé un sacré cap en nous maintenant l'an passé en DSE, après une première partie de saison difficile (12ème et dernier en décembre). On ne craque plus! Et devant avec Mikaël Caoudal, Tony Félici, Clément Le Bec, Alex Duprat, Julien Maltret, Tanguy Allain..., on peut marquer à tout moment", souligne Julien Lucas.

A Kerchopine Cléguer (D1), l'AS Plobannalec-Lesconil a fixé le cap du 6ème tour. L'adversaire du Morbihan en district jouera le match de son année. L'AS Plobannalec sait à quel point la signification de ce mot en coupe de France. Les Canaris sont prêts pour prendre leur grand envol dans cette compétition magique pour tous joueurs amateurs. 

Christophe Marchand