A 34 ans, Sylvain Riou a encore réalisé un récital, face au Juch, ce samedi après-midi, au 4ème tour de la coupe du district. Entraîneur-joueur de l'AS Loctudy, au côté de son ami, Sofiane Seddouk, le meneur de jeu bigouden a offert une prestation de haut-vol, avec deux passes décisives et un but en toute fin de match (4-0). Le temps ne semble pas avoir de prise sur son état de forme, car il a été aussi juste du début jusqu'à la fin de match. Tel un chef d'orchestre, il bat la mesure de son équipe, et rend meilleurs les joueurs autour de lui. Mikaël Caoudal, son ex-entraîneur à l'AS Plobannalec-Lesconil, confiait que le meilleur joueur du Pays Bigouden, n'était autre que Sylvain Riou. Quelques années après, ce constat peut toujours valoir d'actualité, tant il n'a pas de joueur de son profil, dans un rayon élargi. Pour Sofiane Seddouk, son partenaire et co-entraîneur, son niveau est encore tel qu'il pourrait être aligné sans problème en R1. Formé à la Jonelière, trois ans au FC Nantes, dans son adolescence, il lui reste ce toucher de balle si particulier, qui en fait vraiment un joueur spécial et tellement élégant à voir jouer. Qui peut par une feinte de corps, un jeu de relations, ouvrir des espaces qui ne sont perceptibles que par lui, forcément en D2 de district, il tranche avec le niveau, mais à sa manière, il reste attaché à une conception du jeu et un esprit libre et familial.
Légende: Sylvain Riou, auteur d'un match, ce samedi après-midi, à Loctudy, face au Juch, au 4ème tour de la coupe du district.
" Nous avons réalisé un match abouti face au Juch. Même avec une équipe remaniée de cinq/six joueurs, les mecs ont fait le "taf", après le contre-coup du week-end dernier. Notre défaite face aux Paotred Dispount C nous permet de nous remettre en question et repartir du bon pied pour la dernière ligne droite. Ca fait du bien de repartir directement sur une victoire. On essaie d'être cohérent au maximum dans notre façon de jouer, de pousser les gens à adopter un style de jeu. Avec Sofiane ( Seddouk) et Alain Corfmat ( responsable aussi de l'équipe A), on souhaite inculquer un jeu de ballon, à l'équipe. Au Quimper Italia, c'était plus facile car ce sont des joueurs qui nous ressemblaient plus autour de nous, c'était quelque chose plus huilé et plus simple à établir. Les joueurs de Loctudy ont eu l'habitude d'évoluer sur une autre forme de jeu, mais ils s'adaptent, ils progressent tout doucement. Ce qui est hyper gratifiant pour nous, est de les voir progresser depuis le départ de la saison à aujourd'hui. Ils prennent le rythme, s'imprègnent des idées, et comprennent qu'il y'a un style de foot qui nous est propre", admet Sylvain Riou.
A l'AS Plobannalec-Lesconil, au Quimper Penhars FC, au Quimper Italia, Sylvain Riou a toujours été ce baromètre technique qui huilait l'engrenage d'une équipe. Marc Herrera, présent au match face au Juch, témoignait aussi de l'emprise de Sylvain Riou, dans une équipe. " Avec lui, mon discours a été clair, je lui ai dit dès notre premier échange, j'aurai une équipe avec et sans Sylvain Riou. Ce joueur, c'est un Platini ou un Zidane, on lui confie les clés du camion, et il passe les vitesses d'une équipe"
" Clairement, nous avons appuyé sur un style de jeu qui n'est pas commun pour la D2, une méthode de redoublement de passes, de déplacements autour, car ça reste un jeu de mouvements, avant tout. A la longue, on commence à obtenir ce qu'on veut, à part le non-match du week-end dernier, aux Paotred Dispount. En tant qu'entraîneur-joueur, j'ai un double rôle, de conseiller à l'extérieur, et puis sur le terrain. Quand je joue, j'essaie d'amener tout le monde dans mon sillage, pour que tout le monde ressent ma philosophie du foot. Mon but est d'amener un tempo et que les joueurs prennent du plaisir autour de moi. A mon âge, à 34 ans, je ne joue plus pour moi. Le football, c'est derrière aujourd'hui. J'adore ce sport, le foot, c'est quelque chose qui me tient à coeur, qui me plaît. Maintenant, j'ai le côté transmission qui rentre en plus, même si je l'avais déjà d'une manière indirecte. Je ne me voyais pas être entraîneur. La situation a été particulière au club, l'an dernier, avec l'arrêt de Marc Herrera. J'habite Loctudy, quand je suis arrivé au Pays Bigouden, mes deux premières saisons ont été à l'AS Loctudy", précise Sylvain Riou.
Ses racines bigoudènes, il les revendique, même si son enfance a été hors du Pays Bigouden. " Je suis né à Pont l'Abbé, mais j'ai grandi à Tours, avant de revenir à ma majorité, au Pays Bigouden. Je venais ici, passer mes vacances quand j'étais petit. J'ai toujours eu ce lien affectif avec cette ville de Loctudy, depuis mon enfance. Ca me paraissait logique, sur ma fin de carrière de venir filer un coup de main au club. Nous avons des bons joueurs et une bande de copains qui s'entend super bien sur et en dehors du football. Même le week-end, ça vit ensemble, on fait des five, la semaine. Il y'a vraiment une bonne ambiance. Partager cela avec Sofiane et Alain, c'est hyper cool"
A le regarder jouer, en électron libre, il joue un football qui n'existe plus vraiment aujourd'hui. Arrêtant le jeu, le reprenant, changeant le rythme, il aurait été plus à son aise, dans un football des années 70 ou 80, plus en lien avec une tenue de balle, un redoublement de passes et la qualité technique, finalement un football plus arrêté et réfléchi à sa création.
" Je suis un numéro 10, un peu à l'ancienne. Ce n'est plus trop commun dans le football actuel. J'ai toujours joué de cette façon, je m'étais adapté dans mes périodes où j'étais plus jeune sur les schémas tactiques. Le foot que je préfère, c'est le numéro 10, avec la carte blanche qui va avec ce poste. La liberté totale, et exprimer quelque chose. Le côté création me plaît le plus, ça a toujours été. J'ai mon défaut du beau jeu, où je veux toujours faire le truc joli, cet aspect tueur, je ne l'ai pas eu suffisamment, c'est mon défaut, on me l'a souvent reproché"
Autre élément à savoir sur Sylvain Riou, son passage, trois ans, à la Jonelière, quand le FC Nantes représentait avec Auxerre, Lyon et Rennes, la meilleure formation de France, encore plus vrai avec ce jeu à la Nantaise, inspiré par l'école Arribas, Suaudeau ou Denoueix.
" J'ai grandi dans un quartier, à Tours. Le city stade, c'est mon enfance, j'ai appris à jouer là-dessus, au foot en salle. Le FC Nantes m'a apporté la philosophie du jeu, j'ai vu le foot sous un autre angle. Avant, j'avais une vision du football et ce passage, trois ans au FC Nantes, m'a permis de m'ouvrir, de me rendre compte qu'il y'avait plusieurs manières de jouer, au niveau des déplacements. J'étais interchangé, j'ai joué à plein de postes différents pour percevoir cette vision complète selon les postes. Ca m'a permis de me rendre compte que le foot était un sport plein. Pour moi, un vrai bon joueur, ça doit connaître tous les postes, on doit comprendre le poste. Si jamais on te demande de dépanner à tel ou tel poste, on doit être capable de le faire. C'est ce que je retiens de ma période nantaise, après, je suis quelqu'un de très libre, dans le côté centre de formation, c'est ce qui m'a déplû, ce côté un peu trop standardisé, un peu trop carré. Après, avec un peu d'expérience, tout n'était pas mauvais, loin de là, ça m'a appris des choses, maintenant, le but est de le retransmettre, de faire progresser les jeunes"
Viscéralement attaché au pays Bigouden, ayant construit à Loctudy, il est heureux d'avoir trouvé ici, l'esprit qui lui correspond, jamais loin de la mer pour un passionné des sports de glisse, il y a trouvé une forme de quiétude et un ancrage, qui fait qu'il se sent en osmose avec ce territoire du Sud-Finistère.
" Le Pays Bigouden, c'est un petit village, tout le monde se connaît. Je me suis vite adapté, j'avais envie de revenir dans quelque chose de famillial, à la fin de carrière. J'ai toujours favorisé le football plaisir. Mes années à Nantes, ça a été beaucoup plus carré, quand je suis sorti de là, il y'a même une année, où je n'ai pas pris de licence. J'étais dégoûté, j'ai repris le football, quand je suis arrivé dans le Pays Bigouden, j'ai repris à Loctudy, à 20 ans. Je me souviens mon premier entraînement, à Loctudy, je n'avais rien dit à personne, lors du premier match d'entraînement, ils m'avaient questionné, à la fin pour savoir mon parcours avant (rires)"