Jean-Pierre Le Brun passe la main à la présidence des CS Penmarc'h
Indétrônable! Inégalable! Sans doute inégalé, Jean-Pierre Le Brun a rendu public son retrait de la présidence des CS Penmarc'h, ce vendredi soir. A 72 ans, ce record de longévité, à la tête des Cormorans, avec 39 années de présidence consécutive, cessera ses fonctions, à la fin de cette saison, il restera cependant dans le bureau du club. Parti pour une année de transition, resté près de quatre décennies, dans ce même costume, le Penmarchais aura consacré une (grosse) partie de son temps, à son club de coeur. Ayant toujours maintenu le club en ligue, après une dernière saison dans le district en ... 1968/1969, les CS Penmarc'h se sont appuyés sur des personnes de grande qualité, sincèrement dévouées, dans la durée, Pierre Boennec, le doyen du club aux 101 printemps, arrive en tout premier lieu, Jean-Pierre Le Brun, également. Arrivé en 1983, par hasard, à la tête des Cormorans ( " Comme il n'y avait pas de candidat, à la succession de Guy Tanneau, en 1983, j'avais accepté de prendre le relais. Quand j'étais rentré à la maison, ma femme avait râlé que je puisse accepter"), ce parcours au long cours, exceptionnel dans sa durée, a été remarquable, dans les péripéties de départ.
Légende: Au terme de 39 ans de présidence, Jean-Pierre Le Brun passera la main, à l'issue de cette saison, aux Cormorans de Penmarc'h.
Montant rapidement les échelons, dans la démesure des années 60/70, les CS Penmarc'h défraient la chronique en avalant les montées. Le district franchi en 1968, la montée en DRH, avec notamment le match du siècle entre les Cormorans de Penmarc'h et les crabes de l'US Guilviniste (victoire 4-3) devant ... 4.500 spectateurs, ou la montée en D3 sur la deuxième saison en DH ( 2ème sur la première année, la D4 n'existait pas à l'époque), Penmarc'h accède à cette folie ambiante des années 70, avec trois ans en D3 (1974-1977), avant la descente aux enfers.
Jean-Pierre Le Brun, 33 ans, découvre alors la face cachée de ces exploits retentissants. " Ce que je suis le plus fier de mon parcours aux Cormorans, est d'avoir remis le navire à flot. Nous allons mettre 20 ans avant de retrouver un équilibre financier, sauvant le club d'un dépôt de bilan. La menace de saisie sur le stade de Kerriet ( appartenant au club) était bien réelle. C'est vraiment à notre honneur d'avoir bataillé pour maintenir en vie le club, de n'avoir pas réclamé aucune aide publique, de s'en être sortis par nous-mêmes afin de résorber le trou. Le match du 8ème tour de la coupe de France face à l'AS Vitré, a aussi une valeur symbolique en ce sens (2-2, 3-4 TAB, 2001/2002), car nous sommes repassés dans le vert grâce à ce parcours et après, tout a roulé. Les meilleurs moments sportifs? Notre parcours en coupe de France, les éliminations de l'US Concarneau, du Stade Quimpérois de Raymond Keruzoré, notre montée avortée en DH, à la 92ème minute avec l'égalisation du CEP Lorient ( Le voisin du FC Pont l'Abbé avait acquis la montée finale). Ca avait été une grosse déception sur le moment, mais sans doute un mal pour un bien, avec du recul pour le club".
Toute cette abnégation, d'avoir pris le navire en pleine tempête, Jean-Pierre Le Brun l'a découvert à ses dépens. Joueur aux Cormorans, en équipe C senior, avec une première licence signée en 1962/1963 en minimes, ne pouvant jouer faute de son activité professionnelle ( marin de commerce), il a réussi à bâtir une fondation solide en 39 ans de présidence. " Au départ, je ne savais rien de la loi 1901, du statut éducateur. Je partais dans l'inconnu la plus complète, j'ai appris, j'ai payé. J'ai découvert aussi à mon arrivée un gros trou financier, dont je n'étais pas au courant. Je me suis embarqué dans quelque chose dont je ne maîtrisais pas les paramètres. J'en ai appris énormément. J'ai connu à travers toutes ses années de présidence beaucoup de satisfaction avec le football. Etre président, c'est à la fois des moments de bonheur et d'emmerdement. Des dimanches, où on rentre à la maison, avec la tête dans le sac, et le week-end suivant, de la joie avec des victoires. La personne timide que j'étais en 1983, qui avait tant de mal à faire un discours en public, qui appréhendait le jour des AG ( assemblée générale) a pris de l'assurance. Ca m'a appris à relativiser, un rien peut dérégler la machine, il faut percevoir, anticiper avant que les choses n'arrivent. J'ai connu un beau parcours, toujours siégeant à la ligue de Bretagne, en qualité de président de la commission d'appel, à écouter et défendre les clubs, au besoin devant des instances supérieures. Le football m'a permis de prendre énormément d'assurance, d'être confronté à des situations, que je ne pensais même possible à mon départ".
Après toute cette aventure au long cours, Jean-Pierre Le Brun prendra du recul au club des Cormorans Penmarc'h, tout en restant impliqué dans la vie du club. " Mon successeur a accepté de prendre la présidence, mais il voulait que je continue à ce que je sois dans le bureau. J'aurai un rôle de conseil, pour faire gagner du temps dans certaines situations. Ma décision a été mûrie par certains évènements de ma vie personnelle. J'ai envie au maximum de profiter des mes deux petites filles, avec ma femme, nous passons maintenant plusieurs mois dans le Sud de la France. Je n'aurai plus à faire l'agenda des vacances en fonction de la vie du club. Depuis un moment, ça me trottait dans la tête, il fallait trouver le bon timing. Je suis toujours Cormoran, je resterai au club, mais dans un rôle différent maintenant"
Cette transition dans une forme de continuité, les CS Penmarc'h l'aborderont à la rentrée. Toujours prêt à repartir, les Penmarchais retrouveront les terrains, à la reprise, avec un bureau renouvelé. Dans un rôle différent, Jean-Pierre Le Brun sera toujours là pour aiguiller au mieux son club de toujours.