"Qu'est-ce que la course à pied a changé à votre vie ?" Ce sont deux membres de la famille Autexier qui les premières ont été soumises à la question avant de se lancer sur le 10 bornes des Foulées de Plomeur. Perplexe, Chrystelle a botté en touche et promis qu'elle allait méditer sur cette interro philosophique chemin faisant mais je ne l'ai pas revue après la course et je pense que la question la taraude toujours. Maïwenn, elle, ne s'est pas démontée et m'a renvoyé dans les cordes avec une réponse volontairement décalée : "Ce que ça a changé ? Je passe beaucoup plus de temps devant l'ordi pour décrocher une inscription. Plus sérieusement, on court depuis si longtemps qu'on ne sait même plus répondre à la question. Mais je crois que c'est l'envie de se fixer tous les ans de nouveaux défis." Chrystelle a acquiescé. "C'est cela, la course t'apprend à te donner des objectifs."

Légende : Chrystelle et Maïwenn Autexier, la course à pied et l'envie de se fixer des nouveaux défis. Crédit Photo : DR
On a laissé filer la course avant de reprendre le cours de la conversation. Difficile de répondre à brûle pourpoint à une telle question quand on vient de suer sang et eau. Mais cahin-caha, tout le monde s'est prêté au jeu. Avec Mick Le Bescond, encore auteur d'une très grosse course, on n'a pas évité la comparaison avec le foot.
"Les émotions sont différentes. La course à pied, c'est un combat contre toi-même. Tu apprends à te connaître. Et au quotidien, tu modifies tes comportements, ta façon de vivre. Par exemple, tu fais attention à ce que tu bois à l'apéro. C'est aussi un milieu où il y a beaucoup de solidarité. Il y a même des gens que tu ne connais pas qui t'encouragent."
La solidarité, c'est aussi ce que retient avant tout Erwan Richard, le licencié du Quimper Athlé. "Il y a beaucoup d'entraide dans le milieu, ce qui est normal parce qu'on souffre tous en même temps. On a tous un point commun. Cela facilite aussi les échanges."
Steven Kérouédan, frère de l'excellent correspondant Ouest-France Yann et 3ème ce dimanche matin à Plomeur, y gagne quant à lui, des bénéfices à la fois mentaux et physiques. "La course à pied, ça te pousse à te dépasser et comme on peut toujours s'entraîner, on peut toujours repousser ses limites, s'améliorer. Il n'y a pas trop de limites en fait. (Ici, je m'inscris en faux: on peut vite toucher ses limites, Steven !)."
Mais la première chose à laquelle pense Steven, c'est "la confiance en soi" que la course à pied peut générer. Béatrice Osty, victorieuse ce même dimanche matin, dit grosso modo la même chose. "Cela apprend à maîtriser beaucoup de choses et peut te donner une certaine assurance."
Mais attention ! Il ne s'agit pas de la ramener. Tous ceux qui se sont cru trop beaux l'ont un jour payé cher. "La course t'apprend aussi l'humilité parce que dans la discipline, il y a toujours meilleur que soi", rappelle Steven. D'où l'importance de ne pas faire de fixette sur le chrono ("Le chrono, c'est bon pour la piste", fait remarquer Béatrice) et de revenir aux sources, "au plaisir de courir", le seul au fond qui soit source de bien-être.
Un bien-être que l'on peut retrouver à tout âge ! La preuve avec Pascaline, coureuse anonyme et sexagénaire nouvellement convertie. "Grâce à la course à pied, j'ai retrouvé le goût de l'effort physique, la forme d'avant, une autre forme de jeunesse, j'ai retrouvé le goût du sang au fond de la gorge, j'ai retrouvé l'idée comme quand on est encore jeune, que tout est possible..." Pour toutes ces raisons, louée soit la course à pied !
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