Michel Nédelec, le nouveau mur de Berlin, 2h30'25" sur les 42,195 km à la porte de Brandebourg
Ils étaient 47 000 à fouler les pavés de Berlin, ce dimanche 24 septembre pour la 49e édition du marathon du même nom, 47 000 à courir pour la gloire, le chrono ou le simple plaisir de participer. 47 000 et parmi eux, un Landudalais, le licencié du Quimper Athlétisme, Michel Nédélec, témoin privilégié du record du monde féminin de Tigst Assefa, la petite Ethiopienne venue administrer une grande claque au record du monde (2 h 11' 53). Un témoin récidiviste Michel, puisqu'en 2018 déjà, lors de sa première participation au marathon de Berlin, il concourut avec le Kenyan Eliud Kipchoge, le premier à descendre sous les 2 h 02 (2 h 01' 39), un monstre de la discipline puisque 5 fois vainqueur de l'épreuve. Oui, un témoin privilégié, Michel mais pas un simple figurant, loin de là ! Un acteur de la course. Un vrai ! Venu signer à 38 ans, un chrono qui ferait pâlir de jalousie bien des spécialistes : 2 h 30' 25 secondes... Soit une moyenne de 3'33 au kilo pendant 42,195 kilomètres ! Énorme !
Légende: Michel Nédelec, le Landudalais du Quimper Athlétisme, a suivi les traces de son père Youen pour boucler pour une deuxième fois après 2018, le Marathon de Berlin, frôlant la barre des 2h30'. Crédit photos: DR
Mais d'abord, pourquoi Berlin pour Michel ? Le choix de la destination n'est évidemment pas anodin. Berlin, c'est d'abord un retour aux origines. Enfin, pas tout à fait non plus. Plus exactement à l'édition de 1999. "J'y accompagnais mon père, j'étais venu le supporter (Pour la petite histoire, Youen fera 3 h 03'). J'ai encore en tête l'image du vainqueur, le Brésilien Da Costa (un ancien recordman du monde lui aussi) effectuant une roue sur la ligne d'arrivée." Un souvenir émerveillé pour l'adolescent qu'il était.
Aussi c'est tout naturellement que venu au marathon, Michel Nédélec se tourne vers Berlin. "On m'avait dit aussi : tu verras, la ville est magnifique. Mais la réalité, c'est qu'on ne voit rien du tout quand on court et qu'on est concentré sur son objectif. Si quand même : la porte de Brandebourg puisque c'est l'arrivée. Pour le reste, on est seul. Dans mes pensées, je me raccrochais juste à Sandrine, mon épouse, qui suivait la course depuis Landudal derrière son écran par puce interposée."
Vraiment seul alors, Michel au milieu de ce peloton de 47 000 coureurs ? "Pas exactement non plus parce que j'étais venu avec Benjamin Legrand, un ami d'enfance ex licencié du QA. On a à peu près le même niveau et on a suivi la même préparation mais une contracture au mollet l'a obligé à abandonner. Pas de chance ! Après, je me suis raccroché au train des meilleures féminines européennes - il y avait une forte densité - ce qui correspond à peu près à mon niveau et m'a valu au passage d'être fortement encouragé sur le parcours." Un train spécifiquement conçu pour le Landudalais. "Les temps de passage que je devais suivre, je les avais inscrits sur ma main et je les ai respectés à la lettre. L'idée, c'était surtout de ne pas me griller en partant trop vite. Le dernier SMS que j'ai reçu de Gwénaëlle Guillou la Quimpéroise spécialiste du 100 kilomètres allait d'ailleurs dans ce sens. Ma régularité a payé, ce qui fait aussi qu'à l'arrivée, j'étais loin d'être cramé. Dans le final, j'étais même sur les bases de 2 h 29 mais au 37e kilomètre, j'ai senti mes mollets se durcir et j'ai un peu levé le pied."
2 h 30'25'' soit 3 minutes de mieux qu'en 2018 ! 5 ans après, une sacrée perf que le licencié du QA s'applique à relativiser. "Je pense que je suis exactement au même niveau et que les 3 minutes gagnées, je les dois aux chaussures carbone. Je m'étais promis de ne jamais en mettre mais bon... Non, ce qui est déjà énorme c'est d'avoir pu me maintenir à ce niveau. D'autant que depuis 2018, la forme était loin d'être optimale. Ma dernière saison de cross ? Une catastrophe. J'avais besoin de me remobiliser. Pour cela, je me suis appuyé sur un nouvel entraîneur, Matthieu Diverres, je suis passé de 4/5 séances hebdomadaires à 6/7 et Berlin, je le prépare depuis le mois de mars."
Une préparation qui passe par la piste et le 1500 mètres. "J'ai retrouvé une base de vitesse intéressante : 4'06. Et surtout j'ai repris confiance. C'est seulement en juillet que j'ai commencé à allonger les distances d'entraînement avec des sorties de 30 kilomètres dont 20 sur les bases de l' allure de mon marathon. C'est Matthieu qui m'a convaincu que je pouvais faire 2 h 30."
2 h 30'25'' et à l'arrivée porte de Brandebourg, une satisfaction indescriptible. "D'abord, c'est le soulagement d'y être arrivé qui prime, la pression qui retombe..." La pression, c'est en boîte de nuit le soir même que Michel va la savourer. Au milieu du peloton une fois de plus. Car les organisateurs ont convié tous les participants à une soirée spéciale. L'histoire ne dit pas si Michel y a dansé jusqu'au bout de la nuit. Le lendemain en revanche, les jambes étaient un peu lourdes. "Je descendais les escaliers en marche arrière." Le Landudalais n'a pourtant qu'une idée en tête : replonger ! "j'aimerais tellement revivre ça avec Sandrine qui se remet sérieusement à la course à pied. Oui, avec elle en mode découverte en 2024 ou 2025, ce serait formidable."
Dans l'immédiat, Michel Nédélec a d'autres projets en tête, liés ceux-là au cross country. "Cette saison, ce sera ma dernière année en senior. Et dès l'année suivante, en Master, on devrait avoir une sacrée équipe puisque Matthieu Diverres a resigné au QA. Ce que j'aimerais, c'est faire revenir aussi les Benjamin Legrand, Christophe Abeguilé, Benoît Garnier... Ceux avec qui j'ai commencé l'athlé au QA. Avec eux, on avait décroché le titre de champions de France du 4X1000 mètres cadet en 2002, record de Bretagne à la clé. C'est toujours le record du club d'ailleurs mais cette année, il pourrait bien être battu par une bande de copains qui me rappelle la nôtre... Oui, les retrouver en Master, 25 ans après, ce serait une belle histoire non?"
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec