"Comment ça va ? " me lance Alexandre Audo, alors même qu'il franchit victorieusement la ligne d'arrivée du trail urbain de Douarnenez, son éternelle casquette vissée sur le crâne. Le monde à l'envers (comme sa casquette)! Ce serait plutôt à moi de lui poser la question, non ? Le coureur de l'Elan du Porzay ne vient-il pas d'avaler les 15 bornes d'un joli parcours, pour qui se laisserait aller à contempler le paysage ; en réalité d'un parcours atroce avec fort dénivelé, passage dans les sables à moitié mouvants (si, si...), escaliers abrupts et j'en passe...
Légende: La casquette de trailer va si bien à Alexandre Audo, qui a trouvé dans cette discipline, une vraie plénitude d'action. Crédit photo: DR |
"Ce parcours avec ses relances, ses bosses et ses escaliers, sa variété, c'est tout ce que j'aime." Bref, Alexandre Audo est un inconditionnel du trail. Mais de temps à autre, le Picard d'origine (comment un Picard a-t-il pris racine à Saint-Coulitz, ce sera l'objet d'un futur article) ne dédaigne pas la course sur route. C'est ainsi qu'on l'a retrouvé sur la ligne de départ du semi Locronan - Quimper la semaine passée. "Je voulais me tester sur cette distance. L'objectif, c'était de faire moins d'une heure 15 (il réalisera 1 h 13' 37 précisément). Mais j'ai souffert. Les derniers kilomètres ont été durs. Tu es tout le temps à fond."
On l'aura compris : Alexandre Audo ne fera jamais partie des inconditionnels du macadam. Cette incursion sur la route, c'était pour mieux revenir au trail et à son esprit si particulier, à une discipline où la notion de plaisir est indissociable de celle de l'effort. Le plaisir, c'est par exemple le partage de la passion avec le club si convivial de l'Élan du Porzay et son enthousiaste présidente Carole Kervennic.
"Depuis 4 ans que j'y suis, entre sorties d'entraînement et ambiance, je m'y trouve très bien." Le plaisir, c'est aussi pour l'ex champion de Picardie de natation freiné par papa et maman dans son ascension ("Mes parents ont dit : les études d'abord !"), l'évolution individuelle par l'entraînement. "Depuis 4 ans que je me suis vraiment remis à la course à pied, j'ai pu mesurer tous mes progrès."
Car si le traileur de 34 ans joue aujourd'hui les premiers rôles dans la région, il le doit autant à ses qualités naturelles qu'à sa persévérance à l'entraînement (80 kilomètres par semaine). "On n'a rien sans effort", a-t-il coutume de dire. Le dépassement de soi, c'est aussi ce qui a poussé le licencié de l'Elan du Porzay, à s'inscrire à l'ultra trail des Monts d'Arrée (26 juin). "Ce sera pour moi une première sur une telle distance. Une autre expérience, une aventure." Pour la préparer au mieux, le gars de Saint-Coulitz dispose d'un terrain d'entraînement adéquat, valloné à souhait. "Je vais travailler la vitesse ascensionnelle..."
Et parrallèlement augmenter le volume d'entraînement. Sans que la vie personnelle et familiale en souffre puisque Alexandre partage une belle complicité avec Caroline (Lucas), sa compagne, et leurs deux filles, fidèles supportrices que l'on retrouve régulièrement à l'arrivée des courses. Une complicité prolongée jusque dans l'activité professionnelle puisque Alexandre et Caroline travaillent tous deux comme mandataires indépendants en immobilier dans la périphérie de Châteaulin. "Cette indépendance professionnelle me procure d'ailleurs une certaine liberté et me permet dès que j'ai une heure de liberté de chausser les baskets et de partir m'entraîner." Une vie bien remplie pour le jeune couple et ses enfants qui pratiquent volontiers la randonnée en famille et aiment vivre au contact de la nature. L'esprit trail, en somme !
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec