L'Arena 3500 places fut un des thèmes électifs forts de la dernière campagne municipale de Ludovic Jolivet. Un levier fort en faveur du sport-spectacle, capable d'attirer sur une vingtaine de dates à l'année, l'adhésion de 1500 à 3500 personnes, suivant la résonnance de l'évènement. Quimper, troisième ville de Bretagne, présente des vrais manques. La piscine de Kerlan-Vian, datant de la construction du grand Quimper, dans les années 60, doit se remettre à normes et sera fermée à l'été 2020 pour travaux, la piste d'athlétisme, avec des trous dans son revêtement, est un sujet de discorde depuis 15 ans, la salle Michel Gloaguen, amenagée en large, cet été, devient vétuste et peine à remplir les conditions requises aujourd'hui pour du sport spectacle. Cette notion de sport de haut-niveau doit être comprise comme un vecteur social et économique fort. L'image renvoyée de la ville, à l'extérieur de ses frontières, est aussi liée au sport. La construction de la grande salle devient un enjeu majeur et prioritaire. Celle-ci se voit repoussée d'un an à chaque fois dans un contexte budgétaire étriqué et réduit. Estimé à un coût d'une trentaine millions d'euros, soit près d'un tiers du budget de la ville de Quimper, sur un exercice, la grande salle, qui entourera le lien avec le culturel, est-elle une nécessité en vue de ce contexte de finances pures? Priorité de la mandature 2014-2020, son basculement décisif sera lié à la prochaine entre 2020 et 2026. Aux trophées sportifs de la ville de Quimper, ce vendredi soir, le maire de Quimper, Ludovic Jolivet, a pris la parole devant les 340 personnes du monde sportif, pour clarifier les étapes de procédure, avec un échéancier encore repoussé dans sa terminologie finale, à construction 2022/2023.

Ludovic Jolivet sera-il à l'image de Bernard Poignant à la culture, le maire bâtisseur dans le sport à Quimper?
La culture a eu la chance avec Bernard Poignant (trois mandatures de six ans, soit 18 ans d'exercices du pouvoir à Quimper) d'avoir son maire-bâtisseur. Le nouveau théâtre de Quimper, inauguré dans les années 1989/1990, la médiathèque en plein centre-ville, la réfection complète de l'ancien théâtre tranformée en Novomax à l'accueil de nouvelles musiques, le cinéville: la culture a été richement dôtée durant ses trois exercices. Le monde sportif n'a pas connu de tels signes forts. La halle des sports d'Ergué-Armel, en 1989, la halle des sports de Penhars en 2005, le complexe de Creach Gwen en 2015, n'ont pas été pensés pour accueillir le sport de haut-niveau. Celui qui fédère toute une ville autour de clubs phares, capable de draîner autour de son nom, plus de 1.000 spectateurs, sur un match. L'élection de Ludovic Jolivet, à la tête de la ville de Quimper, ancien délégué aux sports de la mandature d'Alain Gérard (2002-2009), ancien président de la ligue de Bretagne de triathlon, avait soufflé un grand vent d'espoir pour une grande réalisation majeure.
La grande salle est un objet sensible. Dans son discours, Ludovic Jolivet s'est voulu rassurant. " La grande salle sera tranchée dans quelques semaines. L'étude est en cours. L'investissement doit être rentable. La décision interviendra en conseil communautaire. Nous sommes parti pour une construction à horizon 2022/2023. Nous étalons les investissements tenus dans notre promesse faite de ne pas augmenter les impôts à Quimper". Dans ce contexte budgétairaire serré, avec une perte sèche de 25 millions en six ans de dotations de l'état pour la ville de Quimper, et de 25 millions pour Quimper Bretagne Occidentale, cette grande salle au coût d'une 30aine de millions d'euros fait peur car elle impactera un virage décisif.
" Sur 500 manifestations sportives à Quimper, la ville en accompagne 142. Notre budget est en baisse de 3% cette année. Nous devons faire des économies. Nous ne pouvons pas négliger les équipements nouveaux. Une étude d'opportunité est en cours pour la construction de la grande salle. Cet équipement a sa place, pas à l'échelle de la ville de Quimper, mais à l'échelle de la Cornouaille. Elle n'est pas liée qu'au monde sportif mais elle englobe aussi la culture. Ca doit être un réceptacle placé dans l'axe entre Brest et Lorient. La solution de facilité peut être un aménagement au Nord de Quimper, à zone de Coat-Olier. Ou cristalliser une zone de vie et être déclencheur d'un aménagement de territoires, avec des services tout autour, à la zone de Ty Lipig à Pluguffan", explique Ludovic Jolivet.
A l'image de Bernard Poignant à la culture, Ludovic Jolivet sera-il le grand maire batîsseur dans le sport. Pour donner un élan au dynamisme d'une ville, le sport est le plus grand rassembleur d'énergie humaine, porté par la recherche d'émotions et le contact permanent. Ce grand outil valorisant impulserait l'image de Quimper et de la Cornouaille comme une dynamique forte de territoires. Dans son discours inaugural, Christian Prigent, le président de l'office du mouvement sportif, a parlé à Quimper, d'un grand nombre de structures sportives vieillissantes et de phobie de la restriction budgétaire en précisant que la salle multi-fonctions est un cap à faire, avec une attention à son choix final d'implantation.
Attendue par un ensemble de personnes investies dans le sport, cette grande salle ne doit pas devenir le Godot de Quimper. Ce personnage du dramaturge Samuel Beckett, chef d'oeuvre du théâtre de l'absurde d'après-guerre, qu'on n'attend toute la pièce mais qui ne manifeste jamais.
Christophe Marchand