Wod, Push-up, pull-up... Avant de m'aventurer, 47, rue Pierre Mendes France, dans l'une des dernières salles quimpéroises de crossfit, j'avais bien révisé ma leçon. J'avais bien envisagé pour mener l'enquête, de me fondre dans la masse et de participer à une séance mais ma longiligne musculature n'aurait-elle pas instantanément attiré l'attention ? Première surprise, c'est Snatch, un superbe croisé à dominante malinoise sculpté comme un Apollon qui m'a accueilli. Royalement. Comme si on s'était toujours connus. Snatch, un nom évidemment emprunté au jargon des crossfiteurs, ''l'arraché'' en haltérophilie. Snatch a tout de suite flairé le néophyte, celui qui tarde à lui renvoyer la balle qu'il tient à pleine gueule mais bon...

Légende: De gauche à droite, la team de CrossFit Be Safe au grand complet : Victor, Mathilde, Théo et... Snatch". Crédit photo: Marc Férec |
Deuxième bonne surprise : quand on met un pied dans la salle, on rentre immédiatement dans le vif du sujet. On débarque au beau milieu d'une séance orchestrée par Mathilde, la très populaire (et qualifiée) salariée de la salle ou Théo le sympathique maître des lieux.
Pas de fioriture. Un décor sobre et des crossfiteurs qui bossent. Un bon point.
Troisième très agréable surprise : chacun(e) vous salue, très naturellement, comme si vous aviez toujours appartenu à la communauté... La communauté, le mot a fait sourire Théo, le Picard débarqué dans le Finistère pour y vivre de sa passion pour le CrossFit. "Une communauté ? Il ne faut pas exagérer. Pourquoi pas une secte ? Non, ici c'est tout le contraire, c'est un lieu ouvert à tous, qui se veut avant tout convivial. S'y côtoient des gens de tout âge, de toutes catégories sociales, hommes et femmes confondus qui ont plaisir à se retrouver. L'émulation est importante, on s'encourage et pour prolonger les échanges, on organise même des soirées apéro. C'est le même entraînement pour tous, la même base mais tout est ensuite adapté et adaptable, personnalisé."
Car ici, vous n'êtes jamais livrés à vous même. La clé, outre la grande variété des exercices (1), c'est la qualité de l'encadrement. "On travaille par petits groupes, 12 au maximum, sous la direction d'un(e) coach habilité(e). Tout ce qu'on propose n'a qu'un seul but : améliorer la santé. On y travaille des exercices variés, des mouvements propres, fonctionnels, réutilisables au quotidien: soulever une charge, se relever, pousser, sauter, courir... "
Et ça marche ! la preuve : on compte aujourd'hui à peu près 600 salles en France affiliées à la marque Crossfit et l'engouement pour la discipline venue des USA va croissant . Résultat : depuis 4 mois que Théo a ouvert sa salle, le nombre d'adhérents ne cesse d'augmenter.
Phénomène de mode, culte du corps exacerbé, équipement luxueux, sport frime... Tous les clichés qui tournaient en boucle dans mon esprit avant que je ne pénètre dans la salle étaient battus en brèche. "Ici, il n'y a même pas de miroir pour s'admirer, se marre Théo. Bien sûr, à la fin d'une séance, on a le droit de se dire j'ai le t-shirt trempé, et certains en profitent pour l'enlever mais le ''je vais me regarder"... la discipline est à l'opposé de cette image. Les Robocop, je me bats contre ça! Et pour pratiquer, pas besoin de ceinture de maintien, de genouillère... Short et chaussures suffisent."
Mais pour Théo, l'ex-haltérophile converti au crossfit, l'essentiel est ailleurs : "J'ai envie que la salle continue à grandir mais pas à n'importe quelle condition, j'ai envie de développer l'activité bien sûr mais en mettant l'accent sur certains domaines comme le travail avec les personnes handicapées par exemple, qui me tient vraiment à coeur." Vous n'allez pas me croire mais je suis sorti regonflé de la salle...
Rubrique Carte blanche à Marc Férec
(1) Le CrossFit est une discipline réputée très complète qui sollicite tout le corps, mobilise tous les muscles et fait travailler équilibre, force et endurance, améliore vitesse et souplesse.