L'image du football à Quimper s'est sérieusement dégradée, ternie par un rapport de force stérile et une chute sportive inquiétante en senior. En trois ans de fusion, l'équipe première du Quimper Kerfeunteun est passée de la DH à la DSR, l'équipe réserve a glissé tous les ans, de la DSE à la PH, l'équipe C et D ont tout simplement disparu, faute de joueurs. Ce lundi soir, l'assemblée générale du foot à 11 du Quimper Kerfeunteun s'est tenue au club house de Penvillers, actant le départ du président Frédéric Patérour et l'arrivée au poste de Christophe Cercleron. L'ambiance a été tendue. En cause, une communication absente à certains étages.
Quimper est-elle une place morte pour le football? La question est assurément polémique. De l'extérieur, la situation paraît invraisemblable pour une ville de 65.000 habitants. Cette incapacité à tenir son rang de locomotive départementale et à entraîner une dynamique sur son image est une ombre au tableau sportif de la ville. Le football, premier sport national, a été l'élément sportif fédérateur, à Quimper, sur des nombreuses décennies, mais ne l'est plus depuis maintenant 15 ans.
La fusion actée, le 26 mai 2011, entre le Quimper Cornouaille FC et l'ES Kerfeunteun devait être le synonyme de la lumière en bout de tunnel. La différence de culture entre les deux clubs a entraîné des freins, des différentes façons de penser et d'agir.
Néanmoins, elle a été dirigée avec courage, jusqu'au bout, par Frédéric Patérour, qui a été fidèle à ses engagements de départs: ajustement des structures aux moyens financiers, améliorer l'image du club, la reconnaissance des bénévoles, la protection du capital financier, autonomie des trois sections (féminine, foot à 11 et école de foot), politique de formation des jeunes et le partage des valeurs du football amateur.
Un bilan financier sain
Ce cahier des charges a été une trame continue de l'action de son équipe, sur ces trois ans. Il a confirmé son départ de la présidence du QKFC en ne se représentant pas au comité directeur. Après six ans de présidence, trois à l'ES Kerfeunteun et trois au QKFC, il aura été le lien, parfois difficile entre ses deux entités. Malgré des revers sportifs, en senior, la priorité de son mandat marquait un retour au vert des finances, seul leitmotiv à un développement futur. " On laisse le club dans une situation saine. On finit sur un excédent de 6.000 à 8.000 €, après un déficit de 30.000 €, l'an passé. Il y'a eu des coupes à faire, pas évidentes, mais vital pour l'avenir du club".
" Notre travail au groupement a été sabordé en interne du club"
En jeunes, la situation vire à l'optimisme avec un réservoir de joueurs ligue intéressant, une seconde place pour les U15 DH de Anthony Le Pape, une autre pour les DRH de David Brusau, un carton plein en U13 avec un titre pour les équipes de A à E.
Pendant ces deux heures de bilan général, le dénominateur de nombreuses interventions a été le manque de communication interne au club.
" Je n'ai même pas été averti de mon arrêt à la tête des U19", affirme David Brusau, coach de l'équipe féminine en D2 senior. " Nous avons la sensation d'avoir plus donné que reçu. Nous avons été dénigrés par les éducateurs du club. Notre travail a été sabordé toute l'année", reprend Gilbert Macrez, président du groupement éducatif et sportif du football quimpérois.
" L'équipe C des U15 a vécu une année très compliquée. Ils n'ont pas été intégrés avec la A et B. Ils ne s'entraînaient rarement avec et n'ont jamais été impliqué das le projet du voyage au USA. Ils ont pourtant payé une licence comme tout le monde. Il y'avait comme une image d'abandon derrière", assure Stéphane Jain, encadrant de cette équipe.
Fédérer autour de ses forces
Derrière toutes ces phrases franches, sorties comme piqûre de rappel, se cache une amère déception. Dans son discours de présentation, le nouveau président, éducateur chez les U15 réserve, n'a pas masqué ses réalités.
" Il faut davantage communiquer, avoir plus d'intersections entre les sections. La structure crée a donné parfois un sentiment d'isolement aux éducateurs en poste. Quel objectif veut-on atteindre? Notre ambition est de se donner les moyens de faire de l'élite, garder les meilleurs joueurs. Je ne suis pas issu du club. J'étais responsable de l'école de foot, à Pleyben. Il y'a un énorme potentiel au QKFC, des supers coachs (en tant qu'enseignant de métier, et ancien chef d'entreprise, je peux vous le dire".
Une priorité: monter un club entreprise
Le Quimper Kerfeunteun FC s'est trouvé, cette année, sur le devant de la scène sur deux opérations d'envergure, le match de rêve du 6ème tour de coupe de France remporté sur la toile en octobre et le voyage financé à hauteur de 70.000 € des U15 aux Etats-Unis.
Ce dernier projet fou au départ a été l'apanage de Christophe Cercleron, qui a dégagé une symbiose totale entre les éducateurs, les parents et les joueurs. Une manière de se tester, de tester la capacité d'un groupe à maintenir ce cap pour entretenir une émulation sur l'année. La méthode sera appliquée désormais à une plus vaste échelle, au niveau de l'ensemble du foot à 11.
" Je suis un ancien chef d'entreprise. Pour développer un club, la case départ passe par le financier. Il faut s'appuyer en interne sur notre force. Beaucoup de parents de jeunes au club sont chef d'entreprise. Ce monde fonctionne par réseau. Notre but est de créer un club entreprise, dont les membres amèneront d'autres par leurs relations tissées, dans leur vie professionnelle. Ca passe par un supplément d'animation, sur nos matchs du dimanche".
Cédric Colin et Sébastien Le Naour font leur retour au club
L'organigramme technique du club sera modifié avec l'arrivée de Cédric Colin en responsable technique jeunes et coach de l'équipe 1ère senior en DSR, Sébastien Le Naour en U19, Erwan Hascoët (BE, en provenance du FC Penn Ar Bed), en U15, Anthony Le Pape. Edwin Feunteun, responsable des U17 quitte le club pour privilégier un projet de vie, avec un départ pour l'Australie, en septembre.
" Laissez-moi le crédit d'une année. J'ai plus de coups à prendre qu'à donner dans cette mission. Je le fais par passion. Je veux changer les choses. Mon ambition est premièrement de durer, secondement que ça marche et troisièmement que ça change ", glisse en clôture d'assemblée, Christophe Cercleron.
Parti sur des nouvelles bases, le Quimper Kerfeunteun FC entame un nouveau cycle, qui se veut porteur de rassemblement, d'ambition et d'activer le levier économique, nécessaire à sa stabilisation et à son développement sportif.
Christophe Marchand
