21/06/2016

Le Quimper Kerfeunteun FC: le club malade du district 29 Sud va mieux

" Nous avons récupéré un club malade", souligne le coach quimpérois, Ronan Salaün, " En décembre, le club était moribond, prêt à mourir. Personne ne misait un euro sur nous. Des propos nauséabond ont été tenus, beaucoup ont ri de notre situation. Ils rient parce qu'on fait peut-être peur. Ca va repartir. On peut être très fier de s'être accroché autant cette année", alerte Philippe Sizorn. Le Quimper Kerfeunteun a brisé la spirale négative de quatre rélégations consécutives en senior pour son équipe première. Même si son équipe réserve descend en D2, le Quimper Kerfeunteun FC a tenu dans un contexte hyper-difficile. Assorti d'un bénéfice de 25.000 € à mi-exercice comptable, le club historique de Quimper, 3ème ville de Bretagne, s'enorgueillit de la moindre lueur d'espoir. Après deux heures et trente minutes d'une assemblée générale du football du foot à 11, ce jeudi soir, marquée par une grande qualité des interventions, le Quimper Kerfeunteun FC s'est rassuré sur un élément: ceux qui n'ont pas quitté le bâteau, ont du coeur, du cran et un élan certain pour redresser la barre. " Je suis resté parce que j'aime ce club", remarquait Jean-Claude Cariou. Cette phrase prononcée avec spontanéité et non réfléchie a été un résumé parfait d'un bureau combattif, tourné vers l'avenir, qui se donne un objectif et des moyens de relancer la machine football à Quimper Nord, malgré les avaries et courroies portées envers la municipalité, en pleine assemblée. " Ce qui se passe à Quimper est un scandale absolu. Je maintiens mes mots. Un scandale! On ne joue que très peu sur des terrains en herbe. De la mi-novembre à la mi-avril, nous n'avons même pas un seul créneau sur l'herbe. Il est temps de taper du poing sur la table", expliquait Edmond Desecures, le président de l'école de football du QKFC.

Gilbert Macrez, le président du QKFC foot à 11 et le trésorier, Jean-Paul Thomas

La lumière revient au QKFC

Gilbert Ferec, le président du QKFC avec Paul Ruellan, le secrétaire

L'encéphalogramme du Quimper Kerfeunteun FC n'est pas plat. Il possède des pics de fréquence, porté sur le courant alternatif, cette saison. Chaque moment positif a été vécu presque telle une libération. Comme les U17 B de Stéphane Jan, champion de leur groupe de D2 à Penmarc'h. Ou encore un maintien in-extremis de l'équipe première senior, à Bodilis (1-1, 22ème journée). " Personnellement, c'est l'année la plus dure éprouvée depuis que je fais ce métier. Ma principale satisfaction est d'avoir retrouvé un esprit de compétiteurs alors qu'en début de la saison, j'avais trouvé des comportements de garçons de centre aéré. La compétition avait été mise clairement de côté. Nous sommes devenus une équipe "chiante" à jouer. Nous manquons de repères sur des matchs à enjeux comme à Guipavas B, Plougastel FC. Le mérite revient aux joueurs", avant de reprendre "Certains se sont révélés comme Lilian Barbey ou Goulven Vigouroux. On peut mieux faire. A la fin, nous étions en déficit d'entraînement, mon seul bémol. Nos deux à trois défaites finales viennent de là, nous avions une heure dans les jambes. Nous avons tiré un maximum de l'effectif en ayant 22 joueurs pour deux équipes senior, certains week-ends. On sort une très bonne saison, un état d'eprit, l'envie de partir ensemble en déplacement. Nous avons retrouvé une image positive. Nous prenons 0 carton rouge de la saison, qui nous renvoie à un aspect trop gentil à mon goût sur l'agressivité demandée à ce niveau", souligne Ronan Salaün. 

De suite, après ses premiers propos, Gilbert Macrez, le président du football à 11 du QKFC, a pris la parole en bateleur efficace et concis du débat en exprimait son ressenti. " Nous avons hérité d'une situation compliquée avec un lourd déficit de près de 30.000 € sur un exercice. Après le match de coupe de France contre l'International de Kermoysan (1-3, ap), j'étais tellement dégoûté de l'état d'esprit adverse que je voulais simplement arrêter le football. On est ressorti en septembre de ce match groggy avec des blessés, en état de choc. Les joueurs ont retrouvé du plaisir, en déplacement aussi. Les parents des jeunes du QKFC devraient venir si possible plus nombreux voir les équipes seniors du club pour recréer une dynamique club"

Quand on se voit plus beaux qu'on n'est, le sport ramène vite à la raison

Gardien historique du club, au club depuis l'école de football, Nicolas Rannou, 35 ans, était parti à l'US Trégunc. Il est revenu donner un coup de main au club de son coeur. " Super content de la saison. J'avais quitté le club car je ne me reconnaissais plus dans son état d'esprit. Je reviens et je le retrouve. On s'est fait mal, les jeunes sont rentrés dans le bain des seniors en version accélérée. On ne leur a pas facilité la tâche. Le maintien acquis est une sacrée performance. En équipe B, je mets un bémol car quand on se voit plus beaux qu'on n'est, le sport ramène vite à la raison. Si on descend et finit dernier, c'est qu'on le méritait". Coach de l'équipe réserve, Didier Guével abondait dans le même sens. " Une bonne saison malgré la descente. Mon coup de gueule est venu des joueurs qui tirent la gueule quand ils jouent en B. Ils nous ont mis dans la difficulté certains matchs à l'extérieur. Sur le confort du synthétique, là, il y'en avait du monde mais quand il s'agissait d'aller jouer à Edern, Châteauneuf, Plonévez du Faou, certains avaient des impératifs autre que le football, le dimanche. C'est inacceptable. Ils ont joué en U15 DH, U17 DH et ils n'acceptent pas de jouer qu'à un niveau district".

Dans ce défilé de paroles, l'équipe U17 avec des éléments pertubateurs sont venus en lumière dans l'assemblée générale. " Les U17 ont joué sans gardien. Avec trois changements d'entraîneur dans la saison (sic). C'est un public difficile dans sa gestion collective. Il n'y avait pas d'esprit, beaucoup trop de revendications", assure Gilbert Férec, le président du QKFC.

L'herbe devrait être un du pour notre sport

Edmond Desecures, le président de l'école de football a mis en avant le vrai problème de la formation quimpéroise, à savoir accueillir 220 enfants à l'école de football et passer à trois équipes seulement en U15. " Nous avons clairement un entonnoir entre les six équipes de U13 et les trois équipes de U15. Nous avons un rôle social de ne pas laisser les enfants dans la rue. Le problème est que nous n'avons pas le soutien de la municipalité. On nous promet des sanitaires depuis un an. On bataille pour faire jouer les enfants sur herbe. L'essence du football est dans cet outil. A Quimper, dans le club, nous ne pouvons offrir à nos 600 licenciés aucun créneau sur terrains en herbe de novembre à avril. Il faut taper du poing sur la table. Il y'a près de 1.200 licenciés et citoyens quimpérois laissés à l'abandon avec le Quimper Athlétisme à Penvillers". " L'herbe devrait être un du pour notre sport. Comment améliorer notre niveau? Nos équipes affrontent à l'extérieur une majorité d'équipe qui jouent sur l'herbe. L'an prochain, nous n'avons plus d'autre choix, que de retourner s'entraîner sur du stabilisé", avance Ronan Salaün.

L'état du football à Quimper est honteux.

Récemment arrivé et partenaire financier du club, Olivier Com, ancien joueur aux DC Carhaix en D4 dans les années 80/90, explique le mal-être actuel en priant le club de faire un choix entre le sport de masse et d'élite. " Au niveau de l'ambiance, tout se passe pour le mieux. J'ai suivi tous les matchs de l'équipe A. C'est encourageant. J'interpelle la direction dans votre choix, soit on fait un club de masse ou d'élite. Si je suis venu au soutien du club, c'est pour une ambition commune. L'état du football à Quimper est honteux. Comment expliquer qu'un club en troisième division national de basket-ball ou en deuxième division de volley-ball féminin touche beaucoup plus en argent public qu'une équipe féminine de football qui joue en deuxième division? Qu'est ce qui le justifie? Tous les intérêts publics à Quimper dans le sport vont se porter sur ce palais des sports. Il faut élever le ton maintenant. Nous avons un rôle de former les futurs citoyens mais l'adaptation est une énorme qualité dans la vie. A Penvillers, il n' y a pas de moyens, pas de structures".

On rit de nous à l'extérieur! Peut-être que notre force fait peur.

La dernière demi-heure de l'assemblée générale s'est tournée vers le dispositif local d'accompagnement demandé par le club du Quimper Kerfeunteun en janvier à Guillaume Alanou, l'ex-président du Stade Briochin, qui ont vécu à l'image du Stade Quimpérois, un dépôt de bilan financier, au début des années 90 pour replonger jusqu'en DSR, avant de remonter à une 3ème place de CFA 2 avec Sylvain Didot, en coach, saison 2015/2016. " Ce DLA est super important pour nous. Il y'a des choses que nous savions déjà mais qu'on ne faisait pas, préférant remettre au lendemain ce qu'on pouvait faire sur le moment. Ca permet d'avancer, de revoir l'organisation du club, de définir les pôles d'action. Plutôt que de masse ou d'élite, j'insiste sur le mot qualité. 98% de l'équipe première restent, c'est la première fois depuis la fusion en mai 2011 que le club vivra une intersaison calme et sereine. Je retiens des gens qui ont plaisir à travailler ensemble. A Bodilis, les joueurs adverses étaient super fiers que nous soyons maintenus. On sort un match et un comportement exemplaires. On rit de nous à l'extérieur! Peut-être que notre force fait peur. Un jour, ça va repartir. Il faut y croire, enclencher les leviers. Il y'a plein de gens qui veulent revoir du football de haut-niveau à Quimper. Pour l'instant, c'est utopique, mais demain, ça sera une réalité. Quand je vois la salle du club-house refaite à neuve grâce à l'investissement de notre mois de vacances, on peut être franchement fier", résume Philippe Sizorn.

Le Quimper Kerfeunteun FC renaît à l'ambition, lorgnant sur les deux premières places du championnat senior de DRH, tremplin à la R1, une équipe de U19 relancée, un deuxième contrat à temps plein avec Alain Coïc ( " Il faut que les jeunes retrouvent cet esprit de travail. Etre confronté à des clubs qui s'entraînent quatre à cinq fois dans la semaine en DH élite a fait du bien et a ouvert les yeux à certains. Il n'y a que le travail  assidu qui paie à la fin"). tous ces éléments abondent dans le bon sens. Pour le bien du football, à Quimper, pour le bien du football dans le bassin Cornouaillais, pour le bien du football dans le Sud-Finistère, il faut que le Quimper Kerfeunteun FC reparte.

Christophe Marchand

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