DANS LE RETRO : Anthony Masselin, musique et football
Mardi 17 septembre 2013. Adulé en Bretagne, le groupe de rock Lorientais, Soldat Louis a gagné ses galons de capitaine d'une musique Bretonne moderne. Véritable phare en illumination depuis 26 ans, sur les scènes nationales, Soldat Louis fait connaître la Bretagne hors des frontières dans ce qu'elle a de meilleure: sa générosité, son partage et son sens de la fête. Depuis 11 ans, Anthony Masselin, 37 ans, est le sonneur du groupe. Pourtant, ce mélomane averti cache une autre facette, celui d'un passionné de football, qui trouve son équilibre à travers les matchs, le dimanche, au club du FC Lestonan (D2). Portrait d'un parcours peu commun.
Tout plaquer à 19 ans pour vivre de sa passion! Beaucoup d'entre nous ont eu cette pensée à l'adolescence, peu ont réellement tenté de se confronter à la réalité. Parmi ces audacieux de la vie, nombreux sont ceux qui y ont laissé leurs illusions. Seuls ont réussi une poignée, qui se sont prouvés à force de travail et de chance que leur utopie d'adolescent serait devenue la réalité de leur vie d'adulte. Anthony Masselin s'est toujours donné à fond et se révèle extrêmement perfectionniste dans son approche. " Quand j'ai annoncé à ma mère, Joëlle, ma décision de quitter le lycée en terminale pour me consacrer à fond, de ma passion de la cornemuse, ça lui a fait drôle. Elle n'a pas voulu au départ. Maintenant, c'est ma première fan. Je sentais que j'avais beaucoup plus d'atout en cornemuse que dans le football. J'ai repassé mon bac en candidat libre à Lann Bihoue, à Ploemeur. Je me suis alors inscrit en fac de musique sur Rennes, avant d'enchaîner les premiers contrats avec l'Occidental de fanfare, de la musique de rue avec Ande Mouro, le groupe Madeo et l'intégration au Bagad Menn ha Tan avec Doudou N'Diaye Rose. Avec tous ces groupes, j'ai eu la chance de jouer dans beaucoup de pays d''Europe, au Sénégal, au Maroc aux Etats-Unis, au Canada et même au Japon".
Natif de Niort (Deux-Sèvres) et arrivé très jeune à Saint-Lô, dans la Manche, Anthony Masselin reconnaît sa part de chance dans cette vie d'artiste. " Le travail est la base de toute réussite. Mais il faut surtout savoir être là au bon moment. Pour Soldat Louis, ça s'est fait très vite. Il cherchait en 2002 un remplaçant pour un sonneur. Parfois, la chance se provoque. J'étais disponible de suite, j'ai passé l'audition. Ca s'est fait très vite par la suite. On travaille actuellement sur un nouveau projet d'album pour une sortie, l'an prochain. En parallèle, je continue à jouer pour l'Occidental de fanfare, Madeo, et au bagad Briec, quand mon emploi du temps le permet. Le football est mon autre passion! J'ai joué en U15 nation avec Saint-Lô en intégrant une section sport étude. A 19 ans, je me suis consacré à fond à la musique. Et j'ai repris le football à 26 ans, au club de Laz".
Président du club de Laz, 4 ans
Arrivé avec la mutation professionnelle de sa compagne dans le Sud-Finistère, Anthony Masselin réouvre alors la boîte de Pandore, soigneusement enfoui dans son for intérieur. Habitant à l'époque Laz, il y joue pour ce club, quatre saisons, jusqu'à en devenir le président de la structure avec Bernard Levenez. " Nous avions une sacrée équipe. Au FC Lestonan, je retrouve d'ailleurs deux grands amis de cette époque, Fred Hoquet et Negati Ugur. Je me rappellerais toujours de notre superbe année en D2 en 2009/2010. On avait l'équipe pour monter en D1. On compte 12 points d'avance sur le 2ème en février. Nous nous sommes fait doubler dans la dernière demi-heure de la saison. Notre gardien se blesse en mars. On accumule les défaites. Sur le dernier match, il nous suffit d'un match nul face à Gourin B. On bute tout le match avec un pénalty refusé, un but non validé, et nous prenons un pion à 20 minutes de la fin. Ca a été une désillusion totale. J'ai joué également à Saint-Thois, un an et deux à Elliant. Avant de signer cette année, au FC Lestonan".
Attaquant de formation, Anthony Masselin concilie sa vie professionnelle marquée par les tournées et concerts (+ de 1.000 en quinze ans de carrière) et le football dominical. " Je mène une vie privilégiée. J'en suis parfaitement conscient et je mesure chaque jour ma chance de vivre de ma passion. Partout où nous passons, l'accueil est formidable. Les tournées sont un moment dans l'année où nous nous retrouvons. Ca m'arrive de faire 1.000 km de bus, le samedi soir, pour revenir à la maison et jouer mon match, le dimanche. Dans une saison, je ne dois rater que trois à quatre rencontres. Comme ce week-end où le groupe se produira dans le Doubs, le samedi et le lendemain, à Ouessant. Passer d'un concert devant plusieurs milliers de spectateurs à un match face à 30 spectateurs? C'est une autre ambiance. Ca me permet de garder les pieds sur terre et de retrouver une ambiance familiale avec le plaisir simple de taper le ballon avec ses potes. Même si le but avoué est toujours la victoire. A 37 ans, je savoure ces moments simples. Etre artiste signifie mener une vie nomade, une bonne partie de l'année. J'ai besoin de cette structure et de repère, avec ma compagne et mes deux enfants. Je sais très bien, que chaque lundi, je dois amener mes enfants à l'école, comme tout le monde".
Beaucoup d'artistes ont cette passion commune du sport et de la musique. Anthony Masselin tire son équilibre de ces deux passions d'enfance. A Soldat Louis, à l'Occidental de fanfare, Madeo, le notion de vie de groupe lui est essentiel. L'adaptation au bien du groupe est une donnée connue qui fait que son besoin personnel est largement assouvi dans cette émanation collective. Le p'tit bonhomme de Saint-Lô a bien grandi mais son cap fixé, très tôt, n'a pas viré de bord. A bâbord sur la musique, à tribord sur le football.