Fanch Bohec, l'icône arméloise range définitivement ses gants
L'institution François Bohec raccroche les crampons, à 42 ans, après plus de 500 matchs en équipe première du Quimper Ergué-Armel FC. A la Jean-Luc Ettori ou Mickaël Landreau, à un niveau professionnel, Fanch Bohec a retiré ses gants, ce dimanche, pour la dernière fois de sa carrière, suite au match face aux Paotred Briec, en R3, poule B. Comme un trait d'union à une carrière inclassable, ses partenaires ont tenu à obtenir un dernier pénalty, à la 92ème minute, pour que ça soit lui le dernier buteur de la saison. Avouant même, le vendredi soir, au dernier entraînement, être en complète incapacité de jouer une minute du dernier match, après sa blessure survenue à Coataudon (0-2). Mais il lui était impossible de ne pas être ce dernier rendez-vous. Tout un pan de l'histoire arméloise de ses trois dernières décennies se retire des terrains, même s'il restera éducateur au club. Voulant profiter de sa famille au maximum, il incarnait l'esprit armélois, en faisait un repère fixe de saison en saison, comme un roman feuilleton inusable, qui faisait que toute personne habituée à Jean Brélivet ne se voyait pas vieillir, avec l'éternel Fanch Bohec, dans les buts.
Légende: Après 35 licences, 30 au début à l'ASEA, puis en 1996 au Quimper Ergué-Armel FC, Fanch Bohec a joué son dernier match en senior, ce dimanche, face aux Paotred Briec, marquant même un pénalty à la 92ème minute.
C'est le foot d'une autre époque, que les jeunes de 20 ans n'ont pas nécessairement connu. Il renvoie à une génération qui est née sans les portables, ni les nouvelles technologies. " Je suis issu d'un football, où les synthétiques n'existaient pas. Mes entraînements, ils étaient sur le terrain stabilisé, à faire des plongeons sur cette surface. Il n'y a pas beaucoup de gardiens actuels qui accepteraient ça. Maintenant, c'est un autre confort. Les jeunes, c'est la génération synthétique, les enchaînements vont plus vite, le foot y est plus technique, mais ça lâche plus facilement. On a été éduqué dans la culture de l'entraînement, même cet hiver, je ne ratais pas les deux séances par semaine. C'est dans notre culture, nous avons grandi sans portable, notre réflexe à notre génération était d'aller franchir la ballustrade pour démarrer une partie de foot, dès qu'on ne savait pas quoi faire. On est aussi dans un temps d'individualités, en football, on met en avant facilement un joueur plus qu'une équipe, comme Messi ou Cristiano Ronaldo, mais à notre niveau amateur, ça ne marche pas. Ca ne passe que par le collectif. J'ai joué avec des supers joueurs, par exemple à Bénodet, on avait les meilleurs joueurs sur le papier, mais nous étions descendus, à la fin de saison".
Garant d'un esprit de groupe, Fanch Bohec n'a pourtant pas eu le départ rêvé en senior. Une opération des croisés, en 1997, avant de passer en senior, et une autre dans la foulée, pour sa deuxième saison en senior, en 1998/1999, toutes ces épreuves l'ont fortifié, pour en devenir un monstre de régularité et d'explosivité, qui compensait sa taille, par des réflexes et une présence qui en faisait le patron instantané de la surface.
S'exilant à deux reprises de Jean Brélivet, et de sa butte arméloise, au Stade Quimpérois, au début des années 2000 ( avec Laurent Chevalier en premier gardien) et plusieurs saisons avec ses copains au sang vert au FC Odet, qui lui a valu, dans l'ascension bénodétoise de la D1 aux portes de la DSR, d'écourter ses vacances d'un jour, de Pornic à Fouesnant ( défaite 1-0, DRH, avant-dernière journée 2015/2016).
Autrement, une fidélité exemplaire à son premier club, le Quimper Ergué-Armel FC, des retours perçus comme le retour du taulier dans les buts, même un exercice d'entraîneur-joueur, six mois, avec Manu Jadot, la remontée en PH, avec la victoire sur le fil à Plogastel Saint-Germain (1-2, 2017/2018), les parcours en coupe de France, la qualification face à Larmor/Plage ou celle d'Auray. " Nous avions fait des supers coups en coupe, mais nous avons eu le malheur de tomber sur deux équipes injouables au 5ème tour, Liffré (4-0) et Milizac avec Bruno Grougi".
De ses 35 licences en football, 30 au Quimper Ergué-Armel FC, Fanch Bohec a construit sa vie dans ce quartier de Quimper, habitant à 300 m du stade dans son enfance, y résidant toujours à sa proximité. Le clap de fin a été donné, ce dimanche. Ses partenaires ont tenu à en faire un feu d'artifice final, en atomisant Briec (10-0), il ne regrette en rien sa vie en Vert, qui lui ont fait connaître des superbes personnes. " La décision aurait été sans doute plus hâtive sans le Covid. Comme beaucoup d'anciens, je ne voulais pas finir sur quatre matchs, l'an dernier, mais sur une saison complète. Thomas Roberdel, mon successeur dans les cages, est prêt, il faut lui laisser de la place. Je reste un compétiteur, je préfère en rester là, et partir sur une bonne image. J'aurai pu jouer en réserve mais plus avec des joueurs de ma génération pour un dernier défi. Maintenant, je veux aussi redonner à ma famille ce qu'elle m'a apportée. Je les ai fait subir plutôt mon rythme de vie, le week-end, lié au match, aux déplacements et à la compétition. Maintenant, ça sera à moi d'adapter, de les passer en priorité, comme eux l'ont fait sur mes années joueurs", relève-il. Avec toujours cette pensée pour les autres, cette manière d'absorber les choses. " Je suis toujours dit qu'au lieu de rejeter la faute sur les copains les erreurs, il fallait chercher en soi les éléments à améliorer, de m'interroger sur pourquoi j'avais pris ce but? Ce que j'aurai pu faire pour l'éviter, c'est comme ça que je vois le foot, regarder d'abord soi avant de s'en prendre aux autres, qui ne sont pour rien dans ta frustration du moment", conclut-il.