Le sport est un exutoire physique et social. Une association sportive débouche bien souvent pour celui qui intègre un bureau directeur, de servir sa passion au bénéfice d'une communauté de licenciés. Maryse Allain-Peckre est passée par tous les agrès de la Quimpéroise, gymnaste, à 16 ans, entraîneur-bénévole, sur la dernière décennie, sept ans secrétaire général du club pour parvenir au sommet de la pyramide, présidente de la Quimpéroise, une première pour une femme, depuis la création de ce club en 1887. Elle entend inverser cette pyramide pour rester à la base, dans le carré d'entraînement des gymnastes. Sa verve, son énergie et sa passion pour la gymnastique sont la braise nécessaire pour la réussite de ce challenge.
" Etre au coeur des gymnastes", la nouvelle présidente de la Quimpéroise, Maryse Allain-Peckre incarne un dynamisme et une passion pour la gymnastique.
Ce jeudi soir, à 19h50, suite à une heure et demi d'échange, la multiplicité de la tâche liée à la présidence de la Quimpéroise a sonné comme le révélateur pour un regard extérieur. Dix minutes avant la fin de l'entraînement, un raz de marée est arrivé dans le bureau pour les demandes de suivi de compétition, ce week-end. Les réflexes et l'organisation sont mises à l'épreuve pour parfaire au mieux les demandes individuelles de parent de gymnastes. Ce club aux 1200 licenciés est une communauté de passionnés, sur les hauteurs de Penn Ar Stang.
" Nous sommes dans la transmission d'une passion et d'un esprit de vivre à la Quimpéroise. La gymnastique a toujours été ma flamme. Elle m'a été transmise par Mme Brigitte Rodallec, à l'adolescence, une personne que je ne remercierai jamais assez, que je considère toujours comme une seconde mère. En 30 ans, elle ne m'a jamais quitté. Si c'est pour arrivé à la salle en tirant la gueule, autant rester chez soi. On reste des bénévoles! Notre seule mission est de donner une motivation, une joie de vivre à nos jeunes et une capacité de s'adapter à toutes les situations de ce sport, et par effet boule de neige, de la vie".
Une vraie caméléon, à l'aise dans toutes les situations
La Présidence de la Quimpéroise, la plus grosse association sportive de la ville, est un poste honorifique et prestigieux. Pourtant, suite à la démission de Philippe Quéméré, en avril, au cours de son mandat électif, les tours de table pour désigner le successeur, n'ont guère été d'un enthousiasme béant pour cette fonction. Trois tours, pas un(e) ne voulait se risquer à ce poste. " J'étais secrétaire, très contente de l'être et prête à continuer. J'ai été choquée de certaines attitudes, qui critiquaient un fonctionnement, sans que les personnes citées ne soient présentes. C'est un manque de courage total, qui ne correspond en rien avec les valeurs éducatives du sport. S'il y a quelque chose à dire, on le dit en face en regardant dans les yeux. Je pensais connaître des personnes, après tant d'années. Je me suis trompée. Nous allons restructurer le bureau. C'est déjà en cours. La seule demande que j'effectue, est de trouver des personnes motivées pour transmettre bénévolement notre passion de la gymnastique"
Le partage, la filiation à son groupe de gymnastes, sa capacité d'adaptation et son aisance relationnelle sont des atouts principaux dans cette fonction exposée, mais riche en rencontre et diversité. Néanmoins, elle ne veut pas rester derrière un bureau, pour une hyper-active, qui joue de l'humour pour désamorcer bien des situations solennelles. " L'humour m'a sauvé de beaucoup de situations, dans ma vie personnelle et professionnelle. Il permet de cerner la personne en-face et de briser la glace. Mon père était musicien. Je lui dois ma facilité de s'adapter à tous les publics, d'être à l'aise partout, et de me comporter tel un caméléon dans ma manière de fonctionner".
" On ne part pas d'un entraînement sur un échec"
Mère de deux jumeaux, Glenn, footballeur en U15 au Quimper Penhars Football Club et Jade, gymnaste accomplie à la Quimpéroise, elle est revenue à la gymnastique par le biais de sa fille. " A 3 ans, je la voyais faire des équilibres. En tant qu'ancienne gymnaste, je percevais un talent dans ce sport mais je ne voulais pas lui imposer, seulement lui suggérer d'essayer. A 7 ans, elle s'est inscrite en loisir. 15 minutes, après le début de son premier cours, Jeannette Flochlay a crié "Je veux voir la maman". Quatre mois après, elle faisait sa première compétition. La première année, j'ai observé. La seconde, j'ai pris le groupe de ma fille aux entraînements. La troisième, j'ai pris mon groupe de minimes de division régionale".
Entraîneur bénévole, ( " Je ne me mets jamais au-dessus et j'ai besoin de conseils des professionnel(le)s de ce métier"), elle obtient chaque année des podiums régionaux avec toutes ces équipes. Son secret? Fédérer autour de son énergie une bande, prête à tous les défis. " A 14, 15 ans, les filles arrivent à un âge difficile avec une multitude de changements. Elles peuvent tout me dire car elles savent que rien ne sortira. Je me sens très à l'aise avec les adolescentes car c'est un cap dans une vie. Je leur dis franchement les choses, toujours pour leur bien et leur épanouissement. Manier l'humour permet de dédramatiser certaines situations, qui sont banales à mes yeux, et pour elles, une source de réflexion majeure. Certaines me confient des choses qu'elles n'osent pas aborder dans l'intimité avec leur mère. C'est normal! Nous sommes toutes passées par ce stade de la vie. En tant que sportive, je veux leur donner le goût de la compétition et celui de ne jamais renoncer. Je leur dis toujours qu'on ne part pas à un de mes cours sur un échec".
Donner une seconde jeunesse au gymnase de Penn Ar Stang
Encore une nouvelle fois championne de Bretagne avec son groupe de filles ( " Quand on gagne, je prends le soin de faire la photo avec les 15 gymnastes de mon groupe, et non les 5 qui ont gagné), la nouvelle présidente de la Quimpéroise trouve son bonheur dans cet esprit collectif, qui marque un bien-être général dans sa personnalité. " J'en ai besoin au quotidien. C'est une drogue! Je ne peux pas m'en passer. On forme une bande toute l'année. On partage les mêmes émotions. La première année, quand j'ai vu mon groupe de filles sur le podium, je ne pouvais retenir mes larmes. La compétition n'est pas le bagne. Il faut y aller avec la joie de vivre. C'est la récompense de toutes les heures d'entraînements passées en commun. A chaque compétition, j'exige qu'on mange tous ensemble au restaurant avec les parents. C'est obligatoire! (rires)".
Sa tâche de présidente ne sera pas qu'un nuage de fumée. Elle se représentera pour une continuité, en octobre, à l'assemblée générale annuelle du club. "Cette fois, il faudra dire les choses en face et elles seront dites. je m'investis totalement sur ce nouveau poste, comme je l'ai toujours fait, dans ma vie. Avec passion et entouré d'une nouvelle équipe". Les gymnastes ont accueilli cette nouvelle avec un grand sourire. Elles mesurent bien tout le chemin accompli pour leur développement personnel à son contact. Une priorité lui est déjà à coeur, l'urgence d'une salle d'échauffement à la Quimpéroise et d'un meilleur confort pour les parents et les accompagnateurs. " Dès fois, j'ai les boules. Nous sommes à Quimper. Et quand je vois une personne âgée rester debout 2h30, pour voir le cours de sa petite-fille, ça me fait mal. Nous n'avons même pas une chaise à leur proposer, un espace où il pourrait prendre un café et discuter. La salle d'échauffement pour nos gymnastes, qui pourrait nous servir au quotidien à améliorer l'ensemble de nos structures d'entraînements. La salle a maintenant 25 ans. Elle doit connaître une seconde jeunesse. Je saurais faire valoir mes arguments et ma détermination aux élu(e)s pour que ça bouge dans le bon sens". Foi de président! Foi de gymnaste!
Christophe Marchand