Katia Mangin: pas une superwoman, juste une sportive épanouie
Les bienfaits de l'haltérophilie, vous y croyez ? Moi, j'étais plutôt sceptique avant de rencontrer Katia Mangin. J'en étais resté aux préjugés que la discipline traine comme une casserole, à commencer par le dopage. Et puis en dehors de Vassili Alexeiev, le colosse russe titulaire de 80 records du monde et considéré dans les années 70 comme l'homme le plus fort de la planète ou de Pierre Fulla (pour les amoureux de Stade 2) , j'aurai été bien incapable de citer le nom d'un haltérophile. Cela, c'était avant que je ne fasse la connaissance de la récente championne du Finistère, Katia Mangin, championne de Bretagne et vice-championne de France catégorie - de 71 kilos en 2018. Pas de la gnognote quoi ! Encore un préjugé et un préjugé machiste celui-là : je m'attendais à rencontrer une jeune femme aux biscottons surdéveloppés, voilà que je me retrouvais face à une fille à la musculature harmonieuse. Qu'à cela ne tienne, pas question de dévier de ma ligne de conduite, je lui ai balancé tous les clichés inhérents à la discipline.
Légende: Katia Mangin a été championne de Bretagne et vice-championne de France d'haltérophilie, en 2018, en -71 kg. Crédit photo: DR |
L'haltérophilie, c'est pas bon pour le dos, à ce qu'il paraît ? Katia ne s'est pas démontée. "C'est tout le contraire. L'haltérophilie, c'est l'école du dos. Tu te construis une muraille dans le dos. Ca te renforce la colonne. Ce n'est pas la force qui joue mais la technique, la souplesse et la mobilité. Quand on pratique, on apprend d'abord à se placer correctement."
Force m'a été de reconnaître que dans la salle de crossfit où se déroulait la séance collective que venait de terminer Katia (celle où sévit Snatch le chien bodybuildé), nul(le) ne semblait souffrir. Il faut dire que la séance était dirigée par Renaud Le Chevalier, ex-entraîneur de l'équipe de France junior (et auteur de "La nouvelle haltérophilie") et que le gaillard vous remettait illico sur les rails si vous aviez l'imprudence d'adopter une mauvaise posture au moment de l'épaulé- jeté.
Bref, j'ai avancé sans sourciller le préjugé numéro deux : C'est un sport qui n'est pas accessible à tous, si ? La réponse de la jeune femme de 29 ans a fusé. "Mais bien sûr que si. La preuve, c'est que les enfants l'adorent. J'ai en charge l'animation sportive à Trégunc et j'ai récemment dirigé une séance sur la plage avec eux. Evidemment, on les fait travailler avec de toutes petites charges, 8 à 10 kilos. C'est moins lourd que le cartable qu'ils traînent tous les jours à l'école. Et là encore, c'est la technique qui prime."
Pour la forme, j'ai alors taquiné Katia sur les suspicions de dopage qui collaient aux baskets de l'haltérophile. Elle n'a pas botté en touche. "C'est toujours vrai. Mais si je prends mon exemple, j'ai déjà été contrôlée 4 ou 5 fois après une compétition. Contrôle urinaire avant le podium." Ok ! Si toutes les disciplines sportives étaient soumises au même régime, on aurait peut-être des surprises... Et puis, de toute évidence, Katia Mangin, c'est l'incarnation du vieil adage "un esprit sain dans un corps sain". Parce que le mental jouerait autant que le physique quand on soulève allègrement une charge de 80 kilos ? "Evidemment, il faut que la tête suive. Il faut être prêt au bon moment quand on fait un effort qui dure entre 5 et 10 secondes."
J'ai alors posé la seule question qui au fond me turlupinait : L'haltérophilie, ce n'est pas un peu répétitif ? Katia m'a encore vu venir. Elle m'a désarçonné. "Mais j'aime bien la variété des activités. A la base, je suis d'ailleurs une gymnaste et je m'entraînais jusqu'à 20 heures par semaine au collège et au lycée (elle fut championne de France par équipe). Et c'est parce que j'aime la variété que je fais du Crossfit. C'est d'ailleurs par le Crossfit que je suis venue à l'haltérophilie. Quand je suis arrivée à Quimper de région Parisienne en 2018, il n'y avait pas encore de box de Crossfit sur Quimper. Alors je me suis inscrite au club d'haltérophilie de l'AL Quimper ." Avec le succès que l'on sait !
Le talon d'Achille de Katia ? (pas de mauvais jeu de mot, je ne parle pas de la rupture du tendon d'Achille dont elle fut victime mais dont la jeune femme semble sortie renforcée) : Non, je parle de son point faible car nulle n'est parfaite, même pas la superwoman Katia Mangin (ça l'a fait marrer que je la traite de superwoman) : Alors, ce point faible ? "Je l'avoue, c'est le sport co. Je suis incapable d'attraper un ballon". Ca tombe bien, je connais un spécialiste susceptible de l'aider, qui maîtrise la balle comme personne : l'incontournable Snatch, le chien de la salle, l'avaleur d'os en caoutchouc, le gobeur de ballon...
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec