Corrida de Quimper : A Mario et Luigi, le grand prix spécial du jury
Le mardi gras, on n'y est pas encore ! Mais à la Corrida nocturne de Quimper, la tradition, c'est d'anticiper le carnaval. Un prix spécial du jury est accordé à celles et ceux qui osent courir déguisés. Plus exactement, seul(e)s sont récompensé(e)s les plus jolis ou les plus originaux des déguisements. Pas plus de consigne ni de contrainte spécifique. Le résultat, c'est un grand bric-à-brac, une espèce de troc et puces ambulant. Sur les pavés quimpérois au détour d'une ruelle plongée dans l'obscurité vous pouvez voir surgir dans le meilleur des cas, une gentille Minnie Mouse ; dans le pire une bande de zombies sanguinolents assoiffés de victoires. Pas de crainte : emberlificotés dans leurs encombrants déguisements, ils sont dans la plupart des cas faciles à semer. Mais bon ! Revenons à nos affaires ! mon idée, c'était samedi soir d'intégrer le grand jury pour décerner le prix du meilleur déguisement. Et pour y prétendre, il fallait non seulement montrer patte blanche (arborer un beau déguisement) mais aussi répondre à un questionnaire en bonne et due forme (comme pour l'élection de Miss ou de Mister France). Oui, samedi soir, j'ai endossé mon plus joli déguisement, celui de Jean-Pierre Fauxcul.
On rangera les premiers prétendants à la victoire parmi les minimalistes, ceux qui ne se sont pas beaucoup creusé le ciboulot pour dégoter un déguisement digne de ce nom. Dans cette catégorie est nominée la baigneuse ou plutôt le baigneur grimé en baigneuse . Pas très original : Le malheureux avait toutefois eu le bon goût d'opter pour un classique maillot une pièce à l'ancienne mais à taille haute et un tantinet trop échancré à mon goût.
Ses motivations ? Fluctuantes. Et ses regrets éternels. "La prochaine fois, je mettrai des bas", m'a t-il confié frigorifié. Une faute de goût impardonnable. Chez les minimalistes, un grand prix spécial du jury aurait encore pu être accordé au papy qui s'est égaré dans la course féminine nu comme Adam, je veux dire sans aucun déguisement particulier. Là je n'ai pas compris pourquoi on ne l'a pas arrêté parce que se glisser dans la course des filles, c'était une idée géniale pour un garçon. Mais à condition de masquer soigneusement sa masculinité. Bref, le bonhomme a été démasqué. Recalé !
Le grand jury n'a pas non plus retenu le déguisé qui n'assume pas son déguisement. Eh bien ! Oui ! Quand on court masqué, on assume et on court masqué depuis la ligne de départ jusque la ligne d'arrivée. Deux membres de La Casa de Papel ont allègrement piétiné cette règle élémentaire, tombant le masque après 100 mètres de course pour le reprendre à 50 mètres de l'arrivée. Et pour leur défense, aucun argument recevable. "On n'allait quand même pas garder le masque toute la course." Eliminés ! Un peu plus d'indulgence pour le gars flanqué d'une citrouille halloweenesque sur le visage. La raison, c'est que son champ de vision était singulièrement rétréci et comme l'extinction des feux était de rigueur dans certaines ruelles pavées, il risquait fort d'emprunter un sens interdit. Mais après tout, il n'avait qu'à choisir un accoutrement plus adapté. Exit la citrouille ! Elle ne sera pas primée !
J'ai plus de peine à éliminer la maman d'Alexandra Rannou (j'espère que tu ne me liras pas, Alexandra)... Mais elle s'est éliminée elle-même. Françoise s'était déguisée en pirate mais sur la ligne d'arrivée, c'est avec une mine toute contrite qu'elle est passée aux aveux. "J'ai laissé le médaillon et l'épée aux vestiaires."
Ainsi allégée, la Françoise en question s'est offert le luxe de distancer ses deux filles : Alexandra qui a eu beaucoup de mal à identifier son propre déguisement ("Mousquetaire, je crois") et Peggy toute mimi en Minnie Mouse). Un pirate, un mousquetaire et une Minnie Mouse : dans la famille Rannou, j'ai cherché le fil conducteur ! En vain !
Les prétendant(e)s au grand prix continuaient de défiler devant le bureau du grand jury composé de moi-même et de l'éminent Peter Lharidon. On a encore éliminé André de Pluguffan non pas parce qu'il avait opté pour le déguisement en femme de marin ; plutôt parce que l'idée semblait totalement improvisée ("J'aurais pu me déguiser en policier"). Cherchez le rapport ! Oui, on commençait à désepérer Peter et moi quand un joli duo s'est présenté : Julie et Séverine alias Mario et Luigi. Toutes deux pimpantes et souriantes. Et comme leurs sourires valaient tous les discours, on leur a décerné le premier prix.
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec