Béatrice Osty (Quimper Athlétisme): " Je me sens comme une cadette"
C'est comme souvent en famille que j'ai retrouvé Béatrice Osty, victorieuse et radieuse, sur la ligne d'arrivée du trail du Moulin vert . Une famille plus impliquée encore que d'habitude puisque Morgan l'aîné (17 ans), plus footeux que coureur à pied, avait accompagné sa maman sur les 8 kilomètres de l'exigeant parcours. Mais on n'accompagne pas impunément une coureuse de la valeur de la licenciée du Quimper Athlé sur une telle distance et le garçon s'est pris les pieds dans le tapis : A 800 mètres de la ligne, Morgan a mordu la berne et s'est fait une entorse... qui ne l'a pas empêché de terminer clopin-clopant. "C'est son père qui va être content", a soupiré Béatrice avant de revenir avec moi plus en détails sur sa récente saison de cross et de course sur route. Encore une saison à marquer d'une pierre blanche pour une coureuse dont la marge de progression semble sensible.
Légende: Surmontant ses douleurs de genou, de l'hiver, Béatrice Osty a sorti un gros mois de mars, enchaînant deux France, le cross à Carhaix et le 10 km à Houilles dans les Yvelines. Crédit photos: DR
Oui, pour Béatrice Osty la saison a été fructueuse. Elle avait pourtant mal commencé. Fin décembre, la préparation de l'athlète du QA est en effet retardée par des soucis récurrents aux ligaments du genou. Embêtant à l'aube d'une saison de cross que tous les Bretons rêvent de disputer puisque les France se jouent à Carhaix. Pour Béatrice, la guérison passera par un régime spécifique auquel elle refuse jusqu'alors de s'astreindre : le renforcement musculaire. Salvateur à double titre : "Mon genou retrouve sa stabilité et je gagne la puissance musculaire qui m'a souvent fait défaut en cross." Voilà Béatrice remise en selle. Les Bretagne de Saint-Marc-Le-Blanc confirment son regain de forme. La pharmacienne de Clohars-Carnoët participera bien aux France de cross à domicile.
Entre Béatrice et le cross, c'est un peu ''je t'aime moi non plus'' ! Ce n'est pas sa discipline de prédilection. Sa foulée aérienne et son léger déficit de puissance ne lui permettent pas de donner sa pleine mesure. Elle y a pourtant cueilli de jolies médailles, notamment avec les Karine Pasquier et Adèle Le Berre, les copines du Quimper Athlé. Elle y a connu aussi des moments vraiment douloureux. Et c'est donc avec une certaine appréhension qu'elle se présente en ce 12 mars 2023 aux France à Carhaix. "Autant avant une course sur route, je ne suis jamais stressée. Autant avant le départ d'un cross, je suis tendue. Et à Carhaix, c'était d'autant plus le cas que mes partenaires de club, Karine et Adèle étaient absentes cette année. Il manquait le petit cocon réconfortant habituel. Oui, j'étais stressée et tu sais ce qui m'a sauvée : le bagad de Carhaix qui jouait un morceau sur la ligne de départ. Je me suis sentie tout de suite plus détendue, moi qui aime courir en musique."
La suite : une course remarquable ponctuée par une médaille de bronze en Master 2. "Je peux avoir quelques regrets parce qu'à 400 mètres de la ligne, j'étais encore en tête. En même temps, c'est le jeu ! Mais la fille qui est devenue championne de France, je l'ai battue à mon tour aux France sur route de 10 kilomètres à Houilles, ce qui prouve bien au passage que la route me convient mieux que le cross."
Houilles, parlons en justement ! 15 jours après Carhaix, Béatrice s'aligne au départ avec une petite délégation quimpéroise (Son entraîneur Jean-Pierre Nédélec m'en voudrait si je ne le citais pas. Alors, on n'omettra pas de préciser qu'il terminera médaillé d'argent catégorie Master 4). Mais revenons à Béatrice qui nous raconte sa course. "Une course tactique, là on court pour le titre et non pour le chrono (le chrono elle l'a déjà réalisé la semaine précédente sur Le Croëzou - Quimper : 34' 42 !). J'étais 6e temps parmi les engagées dans ma catégorie. Les cinq premières bénéficient sur la ligne de départ d'une position privilégiée. J'en profite pour bien les repérer. Et partir de derrière, ça m'évite le départ trop rapide. Et je finis fort... " Très fort même puisque la master quimpéroise (45 ans mais je vous jure qu'elle ne les fait pas) décroche la médaille d'or. Une énorme satisfaction.
Son amour pour la course pédestre, la fringante athlète quimpéroise le décline également sur la piste. Encore un terrain de jeu où la marge de progression semble importante. "C'est Jean-Pierre (Nédélec) qui m'a appris à courir sur la piste, à tenir des temps de passage réguliers. C'est comme ça que j'ai battu mon record sur 5000 mètres (17' 35). Mais je n'en ai jamais disputé que 4 ou 5, je peux faire mieux. Sur 3000 mètres, mon record sera sans doute plus difficile à battre. Il date de 2016, on revenait de 10 jours de vacances... " "A Lacanau", précise l'un des fistons de Béatrice accroché aux lèvres de sa maman. "C'est ça, rigole Béatrice. Karine (Pasquier) avait joué les lièvres pour Adèle et moi et j'avais claqué un chrono de 9'54. Incroyable !"
On serait bien restés causer longtemps Béatrice et moi parce que quand il s'agit de parler de course à pied, on est intarissables tous les deux, elle plus encore que moi, je crois... Le soleil dardait ses paresseux rayons sur le Moulin vert et Jean-Luc Gestin au micro s'évertuait à saluer les mérites d'un anonyme master 10. On était bien ... Mais Morgan commençait à grimacer - les effets de l'entorse - et mon acolyte Pierre Lharidon parti dévaliser les stands de ravitaillement avant de reprendre la route, s'impatientait sérieusement. "En course à pied, j'ai encore l'âme d'une cadette", m'a encore confié Béatrice. Une jolie conclusion.
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec