Paul Le Guen. " J'ai été un international de passage" (3/6)
De Pencran, à 18 ans, en D1 senior, à l'équipe de France, 11 ans après, Paul Le Guen, 57 ans, a connu 17 capes internationales de 1993 à 1995. Passé sous les radars en catégories jeunes, il est arrivé sur le tard à ce très haut-niveau. A son image, une carrière intelligente, réfléchie, pensée, sans se fixer de limites à sa progression, qui a marqué les bons choix au bon moment. Après une première licence aux Gars d'Arvor Landerneau, à l'école de football, il a raccroché les wagons de haut-niveau en ayant une carrière que personne ne pouvait prédire à 18 ans. Excepté en son for intérieur, où la réussite était possible à condition de se donner les moyens. " Il n'y a pas de secret. Je voulais y arriver, et me suis toujours dit que je pouvais rattraper mon retard initial, à force de travail. Je suis fier et content de mon parcours". Comme Corentin Martins, quelques années plus tard, le tremplin vers la haut-niveau se jouera à l'AS Brestoise (D3), à Menez Paul, le club rival du Brest Armorique. Une saison de transition de la D1 district avec l'US Pencran à la D3, à l'AS Brest, époque Jean-Claude Plessis, en président, en 1982/1983.
Le Brest Armorique est intéressé par ce profil jeune et atypique de formation. Par l'intermédiaire d'Armand Fouillen, il rejoint l'équipe brestois, entraîné par Robert Dewilder. " J'entamais une première année de comptablité en études supérieures. Je suis tombé sur un bon entraîneur. La préparation se passe bien. Je tiens le rythme. Je bénéficie d'un concours de circonstances pour intégrer l'équipe avec la blessure de l'international algérien, Karim Maroc (luxation épaule). J'intégre l'équipe première sur une victoire 4-2 face au FC Nantes, une des meilleures équipes du championnat. Il y'a pas mal de réussite derrière, mais quand la chance arrive, il faut la saisir. C'est le sens du football", affirme Paul Le Guen.
Après cinq ans au Stade Brestois, il rejoint justement le FC Nantes, en 1989. Deux saisons pleines, avant de passer le cap européen, en signant au Paris Saint-Germain, version Canal +. " J'ai commencé à penser vraiment à l'équipe de France au Paris Saint-Germain. J'était titulaire à tous les matchs, en milieu défensif avec Artur Jorge. Les parcours européens mettaient l'ensemble des joueurs de notre équipe dans la lumière. J'ai été un international de passage, de 1993 à 1995, avec 17 sélections. Il m'a manqué un peu de vitesse pour réussir ce dernier cap. Je plafonnais en vitesse. Je sentais que les jeunes, Didier Deschamps et Marcel Desailly poussaient à mon poste. Sincèrement, je n'ai pas été loin de récupérer le train de la coupe du monde 1998. Je m'en suis rapproché à nouveau en descendant à un poste de défenseur central, où j'ai joué la finale européenne de la coupe des coupes 1997, à Bruxelles, face au FC Barcelone ( défaite 1-0). Par rapport à notre précédente génération sous Gérard Houillier, la différence s'est faite par l'arrivée de Zinédine Zidane. Il leur a apporté quelque chose de différent. Avoir un tel talent dans son équipe bonifie et rend meilleur les autres joueurs autour de lui", précise Paul Le Guen.
Comme sa carrière de joueur, marqué par les bons choix, toujours dans le sens d'une progression, Paul Le Guen a très vite pensé à l'après-carrière, en passant ses diplômes très tôt. " J'ai passé les premiers diplômes d'entraîneur, dès l'âge de 20 ans. Je savais que je pouvais aussi exprimer un potentiel dans ce domaine. Ca me plaisait. Comme mon parcours joueur, j'ai eu cette volonté pour y arriver. J'ai obtenu mon DEPF ( sésame pour entraîner en D1), à 32 ans, en plein dans ma carrière joueur au Paris Saint-Germain. J'ai sacrifié mes vacances pour parvenir à ce résultat final. Après, ma carrière d'entraîneur a été faite de rebondissements, de haut et de bas, avec des interruptions, mais tout aussi riche".
Marqué par cette tenacité bretonne, teinté d'humilité sur son parcours ( " Je n'aime pas revenir dessus. J'essaie toujours d'avancer dans la vie. Ma satisfaction principale est d'avoir saisi les opportunités qui s'offraient à moi"), Paul Le Guen a exploité à plein son potentiel, malgré son retard à l'allumage. Ils ne sont pas nombreux à pouvoir se targuer d'avoir joué une saison dans le district à 18 ans ( le 11ème niveau français) pour parvenir au sommet, à l'équipe de France, avant ses 30 ans.
Sponsorisé par le groupe Trécobat, le troisième volet de la série les Capés du Finistère, consacré à Paul Le Guen (3/6).
Les deux premiers épisodes:
1- Loulou Floch (1970-1973), le voltigeur léonard
2- Yvon Le Roux (1983-1989): " L'équipe de France a toujours été une période heureuse"