La première édition du trail du Haut Pays Bigouden... Il fallait bien ce contexte inédit pour poser aux traileurs et aux traileuses de tout bord une question elle aussi inédite ! Un micro-trottoir qui fera date dans les annales de Newsouest ! La question du jour sur la ligne d'arrivée : A quelles petites manies cédez-vous avant de prendre le départ d'un trail et pendant la course, quels sont vos grigris, vos objets fétiches ? Autrement dit, le traileur est-il un maniaque dans l'âme ? N'allez pas croire que pour moi, ce fut facile ! C'est qu'on ne se livre pas si facilement sur un sujet qui touche à l'intime (et je ne parle pas seulement du caleçon usagé que m'ont confié porter certains coureurs). Non ! il m'a fallu insister un peu pour que chacun dévoile son petit truc... Si l'honnêteté m'oblige à reconnaître que le traileur moyen ne verse pas dans l'excès de superstition, j'ai quand même recueilli quelques informations précieuses. Newsouest vous les dévoile en exclusivité.
Légende: Grigris, simple superstition ou donnant un super pouvoir en course, les us et coutumes du peloton des courses à pied, avec l'exemple du premier trail de Pouldreuzic. Crédit photos: DR |
La première à qui j'ai posé la question fatidique, ce fut Ghislaine Le Reverend Duvollet, la conjointe de David Duvollet alias Mesolithérix, le traileur archéologue qui se moque du balisage et s'égare dans les sous-bois (Je vous renvoie à l'article ''Coup de foudre dans la forêt de Coat Loch'') . Peu encline à se confier sur ses petites manies, Ghislaine ne s'est pas fait prier pour dénoncer David. Et devinez quel est le grigris de David ? "Il court toujours avec de petits cailloux qu'il glisse dans sa poche." Je ne lui ai pas demandé s'il les semait en route pour se repérer... Et je n'ai pu demander à David de confirmer puisqu'au moment où on se parlait, Mesolithérix n'avait toujours pas coupé la ligne d'arrivée. Et comme je continuais de causer avec Ghislaine, elle a finalement consenti à m'avouer qu'elle s'astreignait avant chaque trail à un rituel bien huilé : pansements sur les pieds, vérification rigoureuse de l'équipement etc.
Florence, la traileuse d'Ergué Vras, verse à peu près dans le même rituel avec une obstination portée sur le laçage. "Je fais et je refais les lacets", m'a-t-elle expliqué joignant le geste à la parole. A cette répétition gestuelle, il faut associer un fétichisme vestimentaire très courant dans le peloton. "Je cours toujours avec le même bandana", m'a confié Didier d'Ergué Vras. "Pourquoi ? Parce que je pense qu'il ne peu à peu près rien m'arriver avec. Du moins, j'ai l'assurance que je finirai la course si je le porte."
Dans le même registre ou presque, c'est le bandeau dont Arthur, le traileur de Plonéour, ne se sépare jamais. "C'est pour le style. Quand je m'aligne sur une course, j'aime bien être beau. Même si à l'arrivée, je finis tout crotté." "Oui, c'est ça, a renchéri Mikaël (Loctudy). Moi aussi, je fais très attention à bien assortir les couleurs de l'équipement." Mon questionnaire tournait à la revue de mode ! C'est le Réunionnais Jérémy qui nous a remis sur les rails. "Moi, c'est parce que je suis fier de mes origines que je porte toujours le maillot de La Réunion."
On peut encore avoir été marqué par un trail et en perpétuer le souvenir par un équipement fétiche. C'est le cas de l'un des organisateurs du trail du Haut Pays Bigouden, Philippe Le Dizes, celui-là même qui m'a confié les trois clés de la réussite d'un trail. "1. Le parcours. 2. Le balisage. 3. Le ravitaillement."... Mais bon, ça, c'est une autre histoire ! "De mon côté, m'a dit Philippe, je ne me sépare jamais sur les trails de mon buff fétiche, un bandana ramené du Tchimbé Raid en Martinique. C'est devenu mon porte bonheur..."
Le moment est venu maintenant de consacrer un paragraphe aux maniaques du caleçon. Tous ceux qui puisent des ressources insoupçonnées dans les vertus de leurs dessous et qui le jour J n'en changeraient pour rien au monde . A commencer par le Telgrucois, Fabrice Gourmelen qui a botté en touche après avoir avoué. "Oui, j'avais un slip usé jusqu'à la corde, toujours le même. Mais c'était avant du temps où je jouais au foot." Julien Garo, lui, est passé directement aux aveux. "Oui Monsieur, le même caleçon avec des trous dedans." Idem pour Stéphane (Lesconil). "Le caleçon a tenu 10 ans. Je l'avais inauguré lors de mon premier marathon. Il était rouge." Merci pour le détail !
On ne peut pas décemment se quitter sur des histoires de dessous ! Alors, place aux délicats fétiches, je pense aux précieux bracelets que porte Maud au poignet, frappés du nom de ses enfants. Je pense encore à la Plomelinoise Agnès qui elle, dit ne jamais se séparer de son sourire. Je pense enfin à ce cher Alex Audo qui me confie penser à son père aujourd'hui disparu quand la course devient difficile... Il me prend par les sentiments, Alex et à discuter avec lui et sa si sympathique petite famille, voilà que j'en ai oublié mon sujet.
Rubrique Carte Blanche à Marc Férec