Le 29/12/2022

Les années 2000: Un déclin inéluctable et l'émergence Ploba

Après le début d'un effritement sur la fin des années 1990, la décennie 2000 apportera cette confirmation, dans le Pays Bigouden. Cette première dizaine d'un siècle nouveau sera celui d'un déclin progressif, inéluctable de forces vives du football bigouden. Aussi, en explication, le football, roi des sports, de la cour d'école à la première licence, prolongeant, en soirée, ou le samedi, les parties entamées sous le préau, n'est plus tout seul, et doit composer avec des sports émergents, comme le badminton, le surf, le handball. Même s'il reste encore en haut de l'affiche, dans toutes les conversations du lundi matin, il n'agit plus de l'unique pole fédérateur. Ces années 2000 sont aussi toute une génération de joueurs, qui passent la main en senior, des Guy Palud, de Stéphane Coïc, Jean-René Guichaoua, Gaël Le Corre, Hubert Briec, Claude Le Bec, qui ne trouveront pas d'équivalent à cette hauteur. Malgré tout, le Pays Bigouden reste encore animé. Les CS Penmarc'h ressentent l'illusion très proche d'un premier 32ème finale de la coupe de France, dans un 8ème tour face à l'AS Vitré en 2002/2003, ou l'émergence Ploba, qui avec le retour de Gwendal Ollivier, au pays, s'est trouvé un vrai leader de ces futurs exploits. Côté omnisports, la piscine Aquasud, à l'entrée de Pont l'Abbé, donnera une envergure supplémentaire, en 2007 aux Nageurs Bigoudens, qui bénéficieront d'un levier immédiat. Mais aussi, après avoir structuré avec Jean Le Borgne et Daniel Le Cleac'h, au milieu des années 80, le sport dans l'absolu, le plus bigouden, la galoche, fédère tout un tissu de 500 joueurs, répartis dans 14 clubs bigoudens, un championnat à  plusieurs niveaux, avec une exception, Plomelin, il est vrai à la frontière du Pays Bigouden et de Combrit, dès qu'on attaque la côte de Saint-Roch.

Légende: L'image est parlante, car significative d'un passage de témoin en faveur de Ploba, ici, son attaquant emblématique, Jean-Pierre Le Cleach, qui passe entre Sylvain Laot et Greg Pennarun, pour filer vers le but. Crédit photo: Fanch Hemery

A Penmarc'h, la digue a tenu toutes les années 90, sur un niveau DSR, avec ce frisson potentiel de la DH, sur la saison 1996/1997. Cinq années après, les Cormorans, toujours entraîné par Christophe Le Goff, passent les tours en coupe de France en 2002/2003, et se dirigent vers le 7ème tour, après avoir battu, au 6ème tour, la Légion Saint-Pierre, aux tirs au but, grâce à Yann Raphalen, le portier penmarchais, qui a sorti un essai et tiré le dernier pénalty vainqueur. 

Cette fois-ci, au 7ème tour, les Cormorans de Penmarc'h ont été bien servis, avec l'US Concarneau (CFA 2). Deux niveaux d'écart, et des Thoniers, amenés par un duo bigouden, Gwendal Olivier et Tony Perhirin, qui avec Claude Le Bec et Hubert Briec, avait formé une attaque de feu au FC Pont l'Abbé, dans les années 90. Face à 3000 spectateurs, à Jos Péron, les Penmarchais se subliment et ferment la boutique, comme face à la Légion Saint-Pierre. Les Maxime Stanzel, Nicolas Scuiller, Yvan le Bec, Christian Strullu, Damien Riou, attendent les Concarnois de pied ferme. " On avait mis le bus devant notre but. On avait déjà joué l'US Concarneau, l'année précédente, nous avions joué et perdu 2-4. Cette fois-ci, on a été plus pragmatique. On savait un peu comme les Croates en coupe du monde, que si nous allions aux tirs au but, avec Yann ( Raphalen), dans les buts,  nous partions avec un avantage", se rappelle le meneur de jeu, Yohan Madec.

0-0, à la fin des prolongations, le héros penmarchais renfile sa cape de super-héros, parant tous les tirs concarnois, il arrêtait les tirs des deux derniers tireurs concarnois, avant de mettre le sien. Du grand art pour ce pur Penmarchais, qui a grandi à 200 mètres du stade avec son frère, Eric. Le président, Jean-Pierre Le Brun est submergé, comme beaucoup, par l'émotion, Penmarc'h est au 8ème tour. La suite s'appelera Vitré, toujours à Jos Péron, devant 2.000 spectateurs. Comme face à la Légion ou à Concarneau, Penmarc'h ne concède aucun but, mais n'en marque pas non plus. Après deux séries victorieuses, cette fois-ci, la chance n'était pas du côté penmarchais, qui voient leur rêve d'un premier 32ème finale s'envoler. 

Dans l'ombre des CS Penmarc'h, de l'US et du FC Pont l'Abbé, de l'ES TGV, malgré des joueurs de la trempe de Michel Olivier, qui a été pro à l'US Dunkerque en D2 dans les années 80 ou de l'ambitieux président, Jacky Souron, qui n'hésitait pas à employer des joueurs de l'ASPL, dans son entréprise de mareyage, l'AS Plobannalec-Lesconil monte en régime, au début des années 2000, avec un catalyseur formidable, Gwendal Ollivier, qui après toute une décennie au très haut-niveau, au Stade Quimpérois en National, sous l'ère Roger Pohon, Noël Tosi, au début des années 90 et ensuite à l'US Concarneau, dont Kérampéru raffolait des coups-francs de Marc Salaün, pour la tête victorieuse de Gwendal Olivier, symbole de la remontée concarnoise en CFA sur l'ère "Zivko". " Gwendal a inculqué cet esprit compétition, à Plobannalec. Celui que nous avions à Penmarc'h, dans notre équipe des années 90. L'ADN que nous avions, s'est déplacé peu à peu à Ploba", remarque Yohan Madec (CS Penmarc'h) qui portera également plusieurs années, le maillot de l'ASPL.

Entraîneur-joueur ( malgré lui, avec un emploi du temps très rythmé), Gwendal Ollivier fait des miracles avec une horde jaune et noire, qui répond parfaitement. Les " Bill" Bassement, au poste de libéro ou l'albatros, Jean-Pierre Le Cleach, dont les buts de .... 40 mètres ( sa spécialité, avec une frappe de "mammouth") régalait Pont Plat. Un peu à la mode " Gourlizonnaise", à la fin des années 70, Gwendal Ollivier fait émerger toute une bande âgé entre 18 à 20 ans: Mathieu Daniel, Julien Maltret, Johann Scoarnec, Guillaume Lucas ou le retour au pays de Christophe Guéguen de l'US Concarneau en CFA 2, dès 2005/2006. Ou encore à la fin des années 2000, avec cette "prise" tégéviste, avec les Julien Lucas ( le président, en défense centrale), Thomas Jolivet et Tony Félici ( le buteur harceleur de la première relance adverse) ou en attirant un autre "monument" bigouden, le portier penmarchais, Yann Raphalen, qui donnera une assurance incomparable à cette équipe dans les années 2010.

En 2003/2004, Ploba décolle avec une compétition, qui lui a donné beaucoup, la coupe de France. Au 6ème tour, à Keristin, l'AS Plobannalec-Lesconil se qualifie 0-1 pour son premier 7ème tour, devant 1.300 spectateurs. " C'est le dernier grand moment du TGV", avouait même Olivier Guirriec, ancien président du TGV. Au 7ème tour, la déception est palpable en devant aller à Vitré ( trois divisions au-dessus), mais malgré la défaite 2-0, en Ille et Vilaine, l'ASPL a fait naître quelque chose, et la satisfaction d'avoir déplacé 10% de sa commune pour un périple aller-retour de 500 kilomètres (défaite 2-0). 

" Même si j'avais quitté jeune, l'AS Plobannalec-Lesconil, à mes 20 ans, pour rejoindre le Stade Quimpérois, en 92/93, sous Roger Pohon, j'avais toujours un regard attentif et concerné par l'ASPL. Avec mes cousins, Dominique et Michel Gourret, je connaissais tous les contours en interne. Avec l'entreprise ( Les Brisants) et l'US Concarneau, j'arrivais à mon maximum. J'ai voulu aller au bout, quand l'USC est remonté en CFA. J'allais sur mes 30 ans, c'était le bon moment pour revenir au club. Entraîneur-joueur? J'étais d'accord pour donner un coup de main, mais je n'étais pas parti dans l'esprit pour être entraîneur-joueur. Les circonstances ont fait que... On est monté trois ans de rang jusqu'en DSR. Il y'avait cette vraie satisfaction d'avoir fait émerger les jeunes du club, mais ce qui comptait pour nous, c'était de structurer le club. Avec Steve Le Cras, nous avons eu notre premier éducateur jeunes, Yannick Salomon a donné des bases également. Nous avons toujours mis en modèle, la formation. Géographiquement, on est très loin de tout, il fallait former en interne, pour maintenir un niveau sportif intéressant. Avec Mikaël Caoudal ou Kévin Le Goff, on a toujours veillé à former les jeunes vers l'équipe première senior. Notre force a toujours résidé dans cette unité club", explique Gwendal Ollivier.

A la fin des années 2000, au début des années 2010, Plobannalec a été tellement bon, qu'il s'est hissé derrière l'US Concarneau et l'US Trégunc, comme le 3ème club du Sud-Finistère, avec une sympathie immédiate, sur un modèle référence d'un club amateur, un attachement très fort aux couleurs, sans prime de matchs, ni de fixes, pour jouer au plus haut-niveau régional. Seul l'amour du maillot primait, à l'image de Gourlizon, dans l'effervescence des années 80.

A l'image des Bigoudens Sports de Pouldreuzic (D1), un club bigouden a défrayé la chronique, dans la coupe de France 2001/2002, les Marcassins de Tréogat, qui tiendront cette année, la meilleure génération du club, en 75 ans d'histoire ( nés en 1947). Les Yann Garrec, Christophe Morzadec, Luc Gloaguen finiront 2ème de l'élite du district, et se construisent une jolie réputation en coupe de France en alignant les exploits. L'AS Loctudy de Guy Palud, au 1er tour, l'AS PLobannalec-Lesconil, au 2ème tour, l'ES Kerfeunteun (DHR) au 3ème tour, les Marcassins tombent à Plonéour ( leur stade n'étant pas homologué pour recevoir au 4ème tour), le CEP Lorient (DSR), sur la plus courte des marges (2-3, ap), après que Christophe Morzadec ait égalisé sur un pénalty, à la 90ème minute et envoyait tout le monde en prolongations.

A l'image de son voisin, Gourlizon, Plogastel Saint-Germain connaît une ascension prodigieuse, au début de ses années 2000, montant de la D2 à la DRH, avec les Fred Lucas, Ivan Seznec ( gardien de but, qui assurera la montée de l'US Concarneau en National et jouera un quart de finale devant 18.000 spectateurs au Moustoir, face à l'EA Guingamp en 2014/2015), Gérard Flochlay, Renardineau, Franck Jaouen, Alex Renault. Jusqu'à se mettre à même niveau que les clubs phares bigoudens, le FC Pont l'Abbé, l'ES TGV qui avec les Ronan Simon, Didier Le Pober, Sylvain Laot, ou même le jeune, Gaétan Le Pape, a encore gardé une qualité de jeu optimale, même avec le départ de son entraîneur, Jean-Pierre Bosser, qui fera une fulgurence du côté de Crozon Morgat, passant de la D2 à la DH, en huit ans, sous la présidence de Fred Le Borgne, avec les Brisset, Sevellec, Corre....

Côté omnisports, La Torche Pont l'Abbé, sur le semi-marathon ou les 10 km, affole les compteurs, en participation. C'est l'âge d'or du running et des courses sur route dans le Sud-Finistère. Près de 2.500 coureurs se pressent au départ en 2005. Si des coureurs plonéouristes, comme François Piton ou Ronan Le Guellec avaient marqué les années 90 ou début des années 2000, un Briécois, Jérôme Bernard se fera un nom en Bigoudénie, en faisant de la Torche Pont l'Abbé, son rendez-vous préferentiel, en gagnant 7 fois sur 9 participations, dans les années 2000. Les communes bigoudènes auront presque toutes leurs courses, Landudec, avec le circuit des 3 Ormes, en juillet, dans le challenge de Cornouaille, Loctudy également. A Plonéour-Lanvern, la salle Raphalen voit l'émergence d'un sport en devenir, le rink-hockey, avec toute une jeune génération, Léo Le Berre, Erwan Le Brun, Brendan Gadonna, Pol Corlay, qui montera le club, à l'élite française du rink-hockey, au début des années 2010.

En partenariat avec Leclerc Pont l'Abbé, le quatrième volet de cette série de 50 années de sport dans le Pays Bigouden

A suivre, ce vendredi 30 décembre, la décennie 2010, un croisement des chemins, et les bases pour un nouveau départ

A relire:

Le premier volet sur les années 70
Le deuxième volet sur les années 80
Le troisième volet avec les années 90

Merci à Fanch Hemery pour sa mine d'or de photos

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