La remontée de courant sur 50 années de sport dans le Pays Bigouden trouve son embouchure, avec les années 2010, une décennie porteuse d'espoir pour le sport bigouden, aux reflets multiples, mais aussi annonciatrices d'effet levier nécessaire pour raviver cette flamme et audace. Dans la continuité de son émergence des années 2000, l'AS Plobannalec-Lesconil a été le symbole de cet acharnement bigouden, à ressortir le meilleur, en pointant à la 2ème place des clubs, dans le Sud-Finistère, au coude à coude avec l'US Trégunc, après l'US Concarneau. Malgré une érosion progressive, l'ASPL est restée au sommet du football bigouden, sur cette dernière décennie, avec une reprise du FC Pont l'Abbé, qui sur les dernières années, a dégagé un potentiel, en se tournant en priorité vers sa formation. Tout au Sud, le GJ Cap Caval ( premier groupement en France, à recevoir le label élite de la FFF) a été créé, au début des années 2010, dans une union sacrée entre le CS Penmarc'h et les Gars de Plomeur. Jouxtant le Cap Sizun, dernière commune limitrophe au Pays Bigouden, la Ploz' a été également en haut de l'affiche, passant de la PH à la DSR, s'y maintenant même deux années. Côté multisports, Agathe Guillemot, étoile de l'athlétisme dans le Pays Bigouden, brille avec une attirance pour l'ensemble des disciplines sur l'heptathlon, 3ème meilleure française ( avec un à deux entraînement(s) par semaine), à 14 ans, en 2013, sur le 10.000 m. Elle rêve maintenant en grand des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Egalement, en avant, en 2013, la création du complexe flambant neuf de Tréouguy fait changer de dimension au Rugby Club Bigouden, en lui faisant quitter le stade Jean-Pierre Fauché, comme le handball club bigouden, qui avec la salle de Kerandouret, à Loctudy, inaugurée en 2011, pourra évoluer dans un nouveau bijou, pour converger vers le haut.

Légende: Dans la continuité, et à un niveau encore plus remarquable, l'AS Plobannalec-Lesconil aura marqué de son empreinte le sport bigouden dans cette décennie 2010.
Ces années 2010 sont encore caractérisées par la décennie Ploba. La génération " Gwen" Ollivier arrive maintenant à l'orée des années 2010, à maturation, et dans ses meilleures années. Bertrand Cossec, le président du club, et le bureau réalisent un choix audacieux et déterminant, en confiant en 2011/2012, l'équipe première à un tout jeune joueur, qui veut se lancer dans la carrière d'entraîneur, à .... 26 ans. Certes, il est loin d'être un inconnu dans le Pays Bigouden, naitf de Pont l'Abbé, ayant grandi avec le FC Pont l'Abbé, pour jouer en DH/CFA 2 à l'US Concarneau B et à Manosque dans les Alpes de Haute-Provence, Mikaël Caoudal revient en Bigoudénie, avec une vision à long terme pour l'ASPL.
Qualifié en 2012/2013, pour le 7ème tour de la coupe de France, son deuxième de son histoire, après avoir crée l'exploit face à Paimpol au tour précédent (2-1, DH), l'AS Plobannalec-Lesconil (DSR) a hérité d'un déplacement à l'EA Saint-Renan (DSE). Malgré la division d'écart et le terrain en désaventage, toute la commune monte dans le Pays Renanais. Trois cars entiers, 300 à 400 spectateurs sur place arborant les couleurs jaune et noire, Ploba se sent presque chez lui en Finistère-Nord. Avec un Clément Le Bec, techniquement au-dessus, multipliant les crochets d'évitement, avec une paire impeccable de défenseurs centraux, Julien Lucas et Thomas Le Fur ( ce dernier évoluant encore en équipe C en D2 deux ans auparavant), même sans Christophe Guéguen au départ ( qui rentrera en milieu de seconde mi-temps, entorse à la cheville au tour précédent contre Paimpol) avec un Yann Raphalen, tellement rassurant dans les buts, Ploba tient l'adversité. La frappe plongeante du Penmarchais, Kévin Le Goff, faillit faire mouche sans un exploit du gardien adverse, Bassomba, à la 79ème minute.
En prolongation, Alex Duprat, 19 ans, tout droit arrivé du Plonéour FC (PH), à l'intersaison, est à l'affût de la mauvaise prise du gardien, pour pousser la balle dans le but (0-1, 109'). En cinq minutes, Ploba passe du rêve au cauchemar, en encaissant deux buts coup sur coup, à la 112ème et à la 114ème (2-1). Ce jour-là, à Abbé Le Gall, le souvenir le plus prégnant, a été le silence total dans les vestiaires, après le match. Pas un bruit, pas un mot, juste des regards dans le vide, avant de revenir à la joie, quelques heures plus tard, à la salle omnisports, avec des joueurs accueillis en héros, avec des fumigènes, et chants à leur honneur, en entrant dans la salle.
Cette défaite ne marquera pas le coup d'arrêt. Bien au contraire, il a été celui d'un départ. L'année suivante, 2013/2014 sera la plus belle de toute, mettant en lumière une quasi-invincibilité en championnat. 22 matchs, 19 victoires, deux matchs nul et une défaite face à leur challenger, Auray, entraîné par Franck Royé (1-0), un titre de champion de DSR pour une montée finale en DSE.
La coupe acère encore les convoitises de l'ASPL. Se qualifiant à nouveau pour le 7ème tour de la coupe de France, suite à une victoire maîtrisée en tout point sur l'AS Brestoise (2-0), le sort leur réserve à nouveau Vitré, en adversaire du 7ème tour. Cette fois-ci, à l'inverse de 2003/2004, l'ASPL recevra les Vitréens. Alors qu'au 6ème tour, ce match aurait été possible à Pont-Plat, une douche froide s'abat sur Plobannalec-Lesconil, avec une impossibilité de jouer, faute d'être dans le cadre du règlement, à la maison. Exit le " Mini-Furiani du Pays Bigouden", place à la glacière de Penvillers, qui malgré 1.300 spectateurs, ce public ne pourra pas apporter ce supplément de force à leurs protégés (1-3).
Après avoir poussé jusqu'en quart de finale de la coupe de Bretagne, face à Séné (0-0, défaite TAB) au terme d'un match fade et sans saveur, les Canaris remportent, après leur titre de champion de DSR, la finale Jean-Pierre Gonidec, au Moros, face à l'US Trégunc (1-4), porté par un énorme Tanguy Allain, qui signera un triplé sur ce match.
Avec la refonte des niveaux, en R1, R2, R3, Ploba est près de monter directement à l'étage supérieur, mais le ... 5 juin 2016, les Plobannalécois sont battus lourdement par l'AS Vitré B (0-5) en match barrage d'accession en R1, avant de déclarer forfait sur le match retour. Le départ de Mikaël Caoudal, en juin 2018, aux Paotred Dispount Ergué-Gabéric détermine la fin d'un cycle, même si Ploba saura rebondir pour retrouver éphèmerement la R1, en 2019/2020, sous l'ère Julien Rozec.
" Nous avions réussi à fédérer tout un ensemble à l'ASPL, en passant la barre des 400 licencié(e)s, avec la confiance entière des dirigeants. Pour une localité comme Plobannalec-Lesconil, c'était assez exceptionnel. Nous avions deux salariés à temps complet, avec Kévin Le Goff et moi, Alex Duprat en formation. Nous avions reçu le label régional, monté jusqu'à cinq équipes en senior, et tenu des équipes jeunes sans groupement, dans toutes les catégories jeunes. La force du club est d'avoir été innovant sur certaines idées, comme le baby-foot, à partir de 3 ans. Le Pays Bigouden est une terre de football. Pour qu'il avance, il faut qu'il ait ce sentiment de compétition entre ses clubs. Généralement, c'est dans ces moments qu'il donne son meilleur. Il faut être patient et ne pas vouloir aller trop vite. L'éloignement géographique doit être perçu comme une richesse. Un club, c'est d'abord des hommes. Un profil à la Marcel Cariou ferait beaucoup de bien, au Pays Bigouden, un chef d'entreprise, passionné et investi, ça permettrait d'entraîner une synergie. Mais ça sera un travail de longue haleine, à long terme", assure Mikaël Caoudal.
Outre l'AS PLobannalec-Lesconil, une autre équipe illumine cette décennie 2010, dans le Pays Bigouden, la Plozévétienne. Discrète jusqu'à alors, malgré des va et vient entre la D1 et la PH, la Plozévétienne va accélérer pour se mettre à niveau des meilleurs clubs, comme l'AS Plobannalec-Lesconil et le FC Pont l'Abbé.
Passant pour la première fois de son histoire ( club crée en 1921) face à Plonéour FC (3-2), au 4ème tour de la coupe de France, en 2014/2015, PLozévet, avec les Eric Raphalen, Nicolas Herry, les frères, Strullu, Gauthier et Tanguy, Fred Le Scaon, se constituera un bloc hermétique et solide, sous l'ère Michel Mignon. Avec une attaque volubile, l'arrivée de Steve Le Corre ( Paotred Dispount, formé au FC Penn Ar Bed) est le chaînon idéal, au poste de pur meneur de jeu, les centres de Pascal Piscitelli sont presque télécommandés pour le pied ou la tête de Nicolas Magnaux, pur Plozévétien, et symbole de cette décennie heureuse pour la Ploz'.
La montée en DSR couronnera tout un ensemble en 2015/2016, avec une subtilité, celle d'avoir un président comme Paul Cornec, maîtrisant sur le bout des doigts le règlement. La suspension d'un joueur du FOLCLO donne la victoire sur tapis vert et trois points de plus, qui permettront à la Ploz', de passer devant Gourin FC en fin de saison et accéder avec ... le FOLCLO à la DSR pour la première fois de leur histoire. Se maintenant deux ans avant de redescendre en DRH, la Ploz' aura monté son curseur historique.
La formation reste un leitmotiv constant chez les clubs bigoudens, dans cette décennie 2010. Au FC Pont l'Abbé, avec un nouveau président, Antoine Tincq, arrive avec cette envie commune, d'aller chercher un niveau ligue dans les catégories jeunes. Reprenant un modèle concarnois, instauré par Guillaume Mulak, le FC Pont l'Abbé "ensemance" sur le long terme, avec des éducateurs, dans le sens noble du terme, David Le Pors, Romain Bureller, le regretté Gérard Ansquer, Mathieu Le Brun ( aujourd'hui éducateur au Stade Rennais FC) ou Kévin Sévignon.
Plus au Sud, à Penmarc'h, la nécessité de se structurer devient une évidence pour Jean-Pierre Le Brun, qui à la ligue de Bretagne, perçoit ce nouveau virage important, à mettre en place. Gwendal Lebascle, au groupement Cap Caval ( Plomeur/Pemnarc'h), sera l'homme idoine, dès la saison 2013/2014 pour mettre en place ce nouveau décollage. Huit ans après, le travail fait aura été monstrueux, avec la récompense du label élite de la fédération française de football ( premier groupement en France à obtenir cette distinction).
Autre évènements marquants, la double opposition concarnoise pour le FC Pont l'Abbé, la première en 2013/2014 (1-4),et la deuxième deux ans plus tard, en 2014/2015 (0-3), voulant imposer l'horaire à 18h, le samedi soir, l'éclairage du stade ne permettra pas la tenue de match de gala en soirée, le match se jouera finalement à 16h, devant 800 spectateurs, sur ce 5ème tour. En 2015/2016, toujours sur ce cap du 5ème tour, après avoir sorti aux forceps en prologations, l'ES Lampaul (D1), au tour précédent ( 3-1, ap), le Plonéour FC de Gérard Guezennec et Julien Bonizec se frotte également à Concarneau. Et comme toujours, le public bigouden répond en masse, 1.300 spectateurs, au Pen Ar Prat Stadium ( un record), pour une défaite honorable 0-3 pour les partenaires de Vincent Stéphan et Alex Vaillant.
Crée en 1942, mise en sommeil en 2001, faute de joueurs, la JS Peumerit fait son retour sur les terrains, trois ans après. L'aventure des Maël Le Brun, Gwenaël Le Loch, Julien Lagadic, Jean-Marc Yannick, Stéphane Caradec aura tenu 13 ans, avec un effectif limité entre 25 à 30 seniors. La fusion avec le FC Bigouden ( déjà une fusion entre les Brochets de Plovan et les Bigoudens Sports de Pouldreuzic) acte la fin de cette aventure joyeuse et sportive des Jaune et Rouge.
Côté multisports, le complexe de Tréouguy donne un appel d'air au RC Bigouden et au CA Bigouden, avec l'extension d'une piste à huit couloirs, et une attente enfin aboutie de ... 21 ans, pour le CA Bigouden, à l'étroit au stade municipal. " Ce nouveau complexe nous a changé la vie. Sur le vieux stade, nous ne pouvions plus faire des courses de haies, ni de sauts verticaux. Nous sommes montés à un pic, juste avant le Covid, à 330 licencié(e)s en 2018/2019. On compte aussi dans nos rangs depuis 2004, un champion olympique à la perche, avec Jean Galfione, qui détient toujours le recrod de Bretagne à la perche, avec 5,70 m", avoue Jean-Paul Le Gall, au CA Bigouden. Le Handball bénéficiera aussi d'un superbe écrin de pratique avec la salle Kerandouret, à Loctdy, ouverte en 2011.
En performances, avec un tout nouveau entraîneur, arrivé de Picardie, Jonathan Parouty, les Nageurs Bigoudens détonnent dans le milieu de la natation locale, portés par Gwladys Larzul, qui au papillon, sa disicipline phare, fait tomber les chronos, jusqu'à devenir la nageuse française la plus rapide sur 200 m papillon, à 13 ans, en 2013, avec une cadence de bras impressionnante de 50/60 tours par minute. Six ans plus tard, elle finira en élite, en 2019, sous les couleurs du club du Toulouse OEC, médaillée de bronze, aux France 200 m papillons, à Rennes. Tout comme Gaétan Martin, qui sur dos, compile les records de Bretagne, ou Laurie Hénaff, qui sur le 50 et 100 m brasse, émerge potentiellement déjà parmi les meilleures françaises.
En surf, originaire de Loctudy, Gaspard Larsonneur, formé à l'école de surf de bretagne (ESB), à la Torche, multiplie les performances, champion de France et d'Europe en 2012, catégorie espoir ou encore champion de France shortboard, en 2019. Des stars planétaires débarquent également à la Torche, dans cette décennie, comme le jeune prodige hawaïen, Kai Lenny, 19 ans quand il remporte en stand-up paddle, la compétition sur le spot bigouden, en 2012. Le Junior Pro La Torche est maintenant ancré tous les ans, comme une étape du circuit professionnel de la ligue mondiale.
Finalement, au bout de ce parcours prolongé, que retenir de ces 50 années de sport dans le Pays bigouden? Forcément, sa richesse, sa diversité, et un caractère bigouden, qui fait de ces lieux, un appel à la volonté et à la réussite afin de valoriser un territoire privilégié. Avec une large façade maritime, qui est un appel à l'enhardissement, le Pays Bigouden regorge de qualité pour faire à nouveau émerger de grands moments collectifs partagés, par le levier fédérateur du sport. Les deux dernières décennies ont montré aussi un décalage dans les infrastructures par rapport à d'autres clubs finistériens et bretons bien mieux équipés. Les deux terrains synthétiques, le premier, logiquement au printemps 2023, arrivera à Plonéour, le second suivra immédiatement à Pont l'Abbé, seront une première base nouvelle de départ.
La réfection complète du stade de Pont l'Abbé, datant de .... 1955, sera aussi un levier particulièrement attendu. Sa richesse est aussi humaine, avec des êtres qui ont accompagné cette douce folie bigoudène, Marcel Cariou, Alain Furic, Jean-Pierre Le Brun, Albert Hénot, Jacky Souron .... Ce patrimoine sportif est un liant, un leg laissé aux jeunes générations, qui au lieu d'un fardeau lourd à porter, est un signe, qu'avec des bons choix, le Pays Bigouden peut relever les plus grands défis. Avec toute une nouvelle génération de dirigeants, les Yann Hiriart ( FC Pont l'Abbé), les Benoît Le Moigne ( AS Plobannalec-Lesconil), les Kévin Le Corre ( CS Penmarc'h), le passage de témoin s'est fait dans l'intelligence d'un amour profond de leur club, et une volonté de faire avancer leurs structures vers de nouveaux challenges.
Merci au Leclerc Pont l'Abbé d'avoir soutenu et encouragé cette initiative spontanée.
A relire pour l'ensemble de cette série:
Le premier volet sur les années 70
Le deuxième volet sur les années 80
Le troisième volet avec les années 90
Le quatrième volet avec les années 2000
Merci aussi aux clubs et aux personnes, qui ont pris de leur temps pour retracer toute cette trame sportive bigoudène